Fidèles à leur nature, les pissenlits poussent à nouveau comme de la mauvaise herbe. Les outils pour les arracher apparaissent à un rythme à peine moins effréné. À la sortie d'un centre de rénovation Rona, une palette est remplie à ras-bord d'arrache-pissenlits à long manche. Le gadget, de marque maison, attire la curiosité: plutôt que la langue fourchue du petit modèle traditionnel, il montre une extrémité à quatre pointes, dont deux sont mobiles.

Fidèles à leur nature, les pissenlits poussent à nouveau comme de la mauvaise herbe. Les outils pour les arracher apparaissent à un rythme à peine moins effréné. À la sortie d'un centre de rénovation Rona, une palette est remplie à ras-bord d'arrache-pissenlits à long manche. Le gadget, de marque maison, attire la curiosité: plutôt que la langue fourchue du petit modèle traditionnel, il montre une extrémité à quatre pointes, dont deux sont mobiles.

 L'ingéniosité humaine ne connaît donc pas de limite? L'Office de la protection intellectuelle doit d'ailleurs regorger de brevets pour des arrache-pissenlits plus ou moins complexes, efficaces ou farfelus.

 Petite vérification sur le site internet de l'organisme, qui offre un outil de recherche dans sa banque de brevets (exercice amusant, à l'adresse https://patents.ic.gc.ca). Et en effet, des générations d'inventeurs ont travaillé d'arrache-pied pour attaquer le problème à sa racine.

 On y trouve notamment trois brevets pour des dandelion pullers, plusieurs weed extractors, une vingtaine de weed pullers. Le plus ancien a été enregistré en 1896, le plus récent en 2005. Bidules à ressort, mécanismes rétractables, leviers multiples, rien n'a été négligé pour que la traîtresse plante subisse son juste châtiment.

 Et surprise! L'outil aperçu dans la quincaillerie fait son apparition dans une demande de brevet déposée en 2001 et agréée en 2003. Ils sont identiques jusque dans les moindres courbes. La description de l'invention nous apprend son fonctionnement: il comporte deux griffes doubles, l'une fixe, l'autre pivotante. La griffe pivotante est prolongée d'un levier perpendiculaire, qui prend appui contre le sol quand on enfonce l'outil. Poussée par ce levier, la griffe se referme et prend en pince la racine du mal. En tirant sur son long manche de 42 pouces, l'outil bascule sur le levier, arrachant le pissenlit.

 Re-surprise, l'inventeur est un Québécois, du nom de Pierre Dionne.

 Un appel chez Rona nous apprend que l'appareil est en fait distribué par la compagnie Garant, de Saint-François, près de Montmagny.

 Re-re-surprise: l'outil, que Garant fait fabriquer en Chine depuis le début des années 2000, n'a pas été conçu par M. Dionne. Aucune entente n'a été signée avec lui, affirme Isabelle Dorval, chef de produits chez Garant. Une invention copiée sur un produit existant? Mystère...

Quoi qu'il en soit, payant de notre personne, nous avons essayé l'appareil. Il s'avère nettement plus rapide et efficace que le traditionnel arrache-pissenlit à langue fourchue.

 Garant distribue un autre arrache-mauvaise herbe exotique, le Weed-Hound, conçu aux États-Unis. «C'est un marché qui est en croissance, parce qu'il y a moins de pesticides», observe Isabelle Dorval.

 Son fonctionnement est très proche de celui d'un objet dont le brevet a été déposé en... 1924. L'outil comprend à sa base six pointes d'acier, comme des clous disposés en cercle. Avantage ergonomique: un appui-pied aide à enfoncer les griffes autour du coupable végétal, et à les refermer sous terre autour de sa racine. Avec un mouvement de rotation d'un quart de tour sur la poignée, on forme une carotte facile à retirer. Une tige poussée au centre du manche permet enfin d'extraire le pissenlit de la mortelle étreinte. «Le Weed-Hound est l'arrache-pissenlit le plus populaire parce qu'on peut éjecter la carotte dans un contenant», explique Isabelle Dorval.

 L'appareil est sans doute plus efficace que le précédent, mais il est aussi plus complexe. Et il est surtout plus cher: 26$ plutôt que 9$. Tout dépend du prix que vous attachez à une extraction sans douleur.

 Entre-temps, les inventeurs continuent à plancher sur le problème. Le cellulaire/arrache-pissenlit est pour bientôt.

 

Photo Armand Trottier, La Presse

L'arrache-pissenlit de Garant, simple et robuste, distribué depuis 2000, est parfaitement identique à un brevet déposé en 2001 par un Québécois. Aucun rapport entre les deux, selon Garant.