On connaît ces conifères en boule ou en spirale, soldats bouffis ou longilignes, qui montent la garde devant plusieurs maisons. À moins qu'on aligne trois boules en hauteur sur une tige dégarnie... Mais au Québec, l'art topiaire peut-il exister en dehors de ces manifestations courantes?

On connaît ces conifères en boule ou en spirale, soldats bouffis ou longilignes, qui montent la garde devant plusieurs maisons. À moins qu'on aligne trois boules en hauteur sur une tige dégarnie... Mais au Québec, l'art topiaire peut-il exister en dehors de ces manifestations courantes?

 Oui, répond avec enthousiasme l'architecte-paysagiste Chantal de Menezes. En fait, note-t-elle, les topiaires sont plus nombreuses qu'on le pense. «L'art topiaire, c'est de la sculpture vivante. Tailler la végétation dans une forme symétrique, c'est déjà de la topiaire. Les arbustes sur tiges, auxquels on impose une forme qui ne leur est pas naturelle (hydrangées, lilas), le sont aussi.» La sculpture végétale peut parfois servir à recycler un vieil arbuste dont une partie aurait séché et à lui donner une nouvelle vie.

 Évidemment, l'art topiaire peut être poussé beaucoup plus loin, souligne la spécialiste. On peut utiliser des formes métalliques. Dans un cas, on amènera une plante à recouvrir complètement la structure. Le parc de topiaires de Columbus en Ohio, avec ses 54 personnages en if qui reproduisent fidèlement un tableau du peintre Georges Seurat, en est sans doute une des représentations les plus frappantes. On y retrouve dames à ombrelles et gentilshommes en redingote mais aussi un canot et ses rameurs, un chien et même un singe. Plus simplement, on peut recycler une vieille chaise en la recouvrant entièrement d'un végétal. Dans ce cas, même pas besoin de notions de taille!

 Autre variante, on plante des végétaux à travers une sculpture métallique dotée d'une membrane avec terreau. Le plus souvent ornées de diverses variétés d'annuelles, ces réalisations réclament un arrosage spécifique et ne dureront qu'une saison.

Quel végétal?

 Tout végétal ne convient pas à l'art topiaire. Les arbustes à feuillage plus dense ainsi que les conifères capables de produire de nouveaux bourgeons sur le bois taillé répondent le mieux. Le buis est le classique du genre. Mais il aura absolument besoin d'une bonne protection hivernale au Québec. Le buxus Green gem ou Green Mountain sont les mieux adaptés ici. Le berbéris jaune ou bourgogne crée des effets intéressants mais attention aux épines. L'euonymus fortunei peut être utilisé pour la taille, pour recevoir une structure ou encore pour grimper. Parmi les conifères, le taxus (if) peut être utilisé. Pour couvrir une structure métallique, on peut aussi faire appel aux grimpantes (mandevilla, passiflore, bougainvillée).

 «Si on taille, on fonctionne par essai-erreur, explique Mme De Menezes. La première année, on commence à donner une forme, après on définit et on taille. Souvent, ça ne ressemble pas vraiment à ce qu'on avait imaginé.Et même quand on arrive au résultat souhaité, on devra lui faire régulièrement la coupe de cheveu.»

 L'important, insiste la conceptrice, c'est de s'amuser tout en donnant aux topiaires une raison d'être: «Une boule ici et là pour boucher les espaces, ce n'est pas très beau. Mais des sphères qui définissent une allée, des topiaires qui créent un contraste avec le reste du jardin plus naturel, ou la sculpture végétale qui capte l'oeil du visiteur à l'entrée, ça constitue une signature. La topiaire peut aussi devenir l'objet décoratif sur la terrasse, le balcon, à côté d'un banc ou le point focal dans un jardin.»

 Si on a envie de se lancer dans la mosaïculture seul ou avec les enfants, certaines formes (grenouilles, escargots, etc.) sont vendues équipées de mousse et du terreau nécessaire. «Ne reste qu'à planter des végétaux: On peut ainsi s'amuser avec un objet décoratif vivant qui constituera un clin d'oeil dans notre décor.»

 

Photo fournie par le Jardin des topiaires de Columbus