Aux États-Unis la vogue des guides (coach) personnels s'étend à tous les univers: après les «coachs» de vie professionnelle, de bien-être ou de mariage, les «coachs de jardins» font leur apparition, dans le sillage du courant pour une agriculture organique. 

Aux États-Unis la vogue des guides (coach) personnels s'étend à tous les univers: après les «coachs» de vie professionnelle, de bien-être ou de mariage, les «coachs de jardins» font leur apparition, dans le sillage du courant pour une agriculture organique. 

«Je ne peux pas croire que tu aies un coach de jardin, disent mes amis. Je leur réponds, essaye et bientôt tu en auras un !». Kirra Jarratt, jeune avocate à Washington vient d'acheter une maison et ne savait que faire de son «yard», un lopin de boue autour de sa maison. 

Plutôt que de louer les services d'un paysagiste qui lui demandait 2500 dollars pour lui dessiner un jardin, elle s'est offert une consultation avec Susan Harris, qui s'est établi «mentor en jardinage» depuis trois ans.

«Je jardinais depuis plus de vingt ans et je me suis lancée dans le conseil lorsque j'ai vu combien les gens pouvaient profiter d'un jardinier expérimenté, engagé même seulement pour une heure ou deux», explique Susan, de Takoma Park, une commune très tournée vers l'écologie dans la banlieue de Washington. Susan Harris tient aussi une chronique horticole dans les gazettes locales et un site de jardinage sur l'Internet.

Pour 75 dollars de l'heure, elle identifie les plantes, taille pour l'exemple, détaille un plan de travail saisonnier, conseille de nouvelles plantations, milite pour les pelouses organiques sans fertilisant. 

«Les gens sont dépassés. Je leur tiens la main et ça fait toute la différence», explique-t-elle. 

«Elle était avec moi dans la boue à m'aider», s'émerveille Kirra Jarratt qui a fait de son ingrat lopin un paysage à la japonaise avec un sentier de pierres plates et des buissons de feuilles persistantes.

Portés par le courant pour un meilleur respect de l'environnement, les coachs en jardinage semblent éclore un peu partout. Dans le Tennessee, Terry Lea, également rédactrice pour un site web de jardinage, s'est aussi lancée cette année dans le «coaching».

«Je le faisais de façon informelle depuis des années. Lorsque vous avez la main verte, vos amis, votre famille et bientôt même les étrangers vous demandent tous des conseils», explique cette mère de famille de Murfreesboro, qui a maintenant une vingtaine de clients. 

La plupart d'entre eux recherchent pour leur jardin «un look présentable avec peu d'entretien». 

«Au cours de notre première conversation, je leur demande toujours ce qu'ils aiment: quand vous rentrez à la maison, qu'est-ce qui vous ferait sourire, vous faire sentir chez vous ?», explique-t-elle. 

Le jardinage aux États-Unis représente des ventes de 40 milliards de dollars, entretiens des golfs et des cimetières compris, selon Ted Steinberg, professeur d'histoire et d'études environnementales à Case Western University de Cleveland (Ohio). 

«Ces nouveaux coachs s'adressent à des gens qui veulent enfin moins dépenser pour leurs pelouses et qui font partie des consommateurs verts», explique l'auteur d'un livre sur «La quête obsessionnelle de la parfaite pelouse» en Amérique.

Selon lui, le paysage dominant de la banlieue américaine, «la pelouse monoculture super verte, qui a connu son pic dans les années 60, est en train de battre de l'aile». «Les Américains ont déversé des tonnes de fertilisants et des millions de gallons d'eau chaque saison pour obtenir de telles pelouses et maintenant, avec la raréfaction de l'eau, les consommateurs verts se réveillent», assure-t-il. 

«Si on peut être gentil avec la planète c'est mieux», conclut Terry Lea.

 

Photo AFP