S'il présente des avantages indéniables, le petit jardin constitue un défi de taille. Oui, on peut y mettre le paquet et utiliser plus de végétaux au pied carré ou des matériaux plus nobles sans pour autant se ruiner mais il peut facilement devenir un casse-gueule.

S'il présente des avantages indéniables, le petit jardin constitue un défi de taille. Oui, on peut y mettre le paquet et utiliser plus de végétaux au pied carré ou des matériaux plus nobles sans pour autant se ruiner mais il peut facilement devenir un casse-gueule.

 «Qu'il soit minimaliste ou exubérant, dans un petit jardin, tout devient important. Les motsclés, ce sont unité et harmonie», explique Claude Moussu, concepteur de jardins chez Côté Jardin.

 «On devrait traiter un petit terrain avec le plus de simplicité possible, tant dans la forme, que dans les matériaux ou les plantations. Il faut le voir comme une grande pièce, une sorte de loft à aire ouverte», renchérit l'architecte-paysagiste Mathieu Casavant, de Nip Paysage.

 L'erreur courante des néophytes, c'est de croire qu'ils arriveront à intégrer tout ce qu'ils souhaitent. «Beaucoup veulent une collection de plantes trop variées et insèrent dans leur platebande chacun de leurs coups de coeur. Il faut au contraire que les masses végétales aient une cohésion», dit M. Casavant.

 Le raisonnement vaut encore plus pour les constructions, plus massives. «Dans les petits jardins, il faut bien choisir le type et la dimension des constructions. Trop de constructions ou des structures trop grandes entraînent un sentiment d'étouffement, d'oppression», souligne l'horticulteur et éditeur Bertrand Dumont dans Idées de jardin, son dernier ouvrage. «Une jeune famille voudra des jeux avec balançoire et carré de sable, sans compter évidemment la terrasse. Mais les jeux ont une durée de vie limitée. S'il y a dans le quartier un parc avec balançoires et glissoires, il faut y réfléchir», prévient M. Moussu.

 Certaines solutions inventives décuplent l'espace «Le mobilier peut être réinventé. Ainsi, le couvercle d'un carré de sable peut servir à installer une table, explique M. Casavant. Si on n'a pas de gros équipements, au lieu d'un cabanon, on peut incorporer à la clôture une dimension rangement, longue, étroite et plus discrète.»

 Plusieurs astuces permettent de tricher avec les dimensions. C'est le cas du «paysage emprunté». Ainsi, on évite de «fermer» le jardin en attirant le regard sur les beaux arbres du voisin qui semblent faire partie de notre terrain.

 Des cours très étroites encadrées de murs de briques peuvent être habillées par des treillis, dit M. Moussu. Dans les petits jardins, les treillis étendent le jardin à la verticale.

 Une clôture plutôt qu'une haie permettra de gagner de la place, précise M. Dumont. Les deux paysagistes rappellent pour leur part que des clôtures avec des lattes à l'horizontale attirent le regard au loin. Dans les petits jardins, la perspective devient extrêmement importante et l'utilisation du 3-D essentielle: «Ça peut être aussi bête que d'accrocher des guirlandes de lumières», dit M. Casavant.

 Très utilisés en Europe, les miroirs agrandissent visuellement le jardin. Un bassin d'eau, lui, réfléchira le ciel. L'art du trompe-l'oeil joue ici un grand rôle.

 Les grimpantes, on l'a déjà dit, peuvent tenir un rôle majeur mais aussi les arbustes sur tige. Quant aux massifs fleuris, les effets de couleur peuvent intensifier l'impression de profondeur, dit M. Moussu: un modèle de base pourrait se décliner ainsi: «Couleurs chaudes à l'avant, couleurs à base de bleu à l'arrière avec du blanc pour faire le lien.» Mais «ne regardez pas juste la floraison, conseille M. Casavant. Pensez aussi aux texture des feuilles, à leur mouvement dans le vent.»

 Pour une touche finale, on personnalise le jardin avec des sculptures, un tableau ou des éléments rapportés de nos voyages.

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Le Regroupement des concepteurs et conceptrices de jardins du Québec est devenu récemment l'Association des concepteurs de jardins du Québec et loge maintenant au www.acjq.org.