On entend beaucoup parler des toits «végétalisés» comme voie de l'avenir pour un Montréal plus vert et plus sain. Cependant, il reste à déterminer l'orientation que prendra ces toitures: seront-elles des jardins potagers ou des champs d'herbes à poux?

On entend beaucoup parler des toits «végétalisés» comme voie de l'avenir pour un Montréal plus vert et plus sain. Cependant, il reste à déterminer l'orientation que prendra ces toitures: seront-elles des jardins potagers ou des champs d'herbes à poux?

  Les toits verts sont des toitures entièrement couvertes d'une couche de terreau d'une épaisseur variant généralement de 10 à 20cm qu'on utilise pour planter des végétaux. Leur problème principal est la surcharge de poids occasionnée à la toiture. Une épaisseur de 20cm de terreau mouillé ajouté à la neige peut peser deux fois plus que la charge admissible sur un toit neuf standard. La situation est donc inquiétante pour les toits existants âgés qui ont souvent des problèmes de pourriture ponctuelle qui réduisent leur capacité portante.

  En ce sens, la réalisation d'un toit vert sur un immeuble résidentiel existant exige une démarche sérieuse par étapes:

  1- Une évaluation structurale sommaire par un ingénieur pour évaluer la faisabilité du projet.

  2- Des plans et devis généraux de construction par un architecte ou un technologue.

  3- La collaboration d'un architecte paysagiste pour les choix de plantes, de terreau, de système d'irrigation et d'implantation.

  4- La distribution des charges devra ensuite être approuvée par l'ingénieur en structure qui devra faire le plan des modifications structurales si nécessaire.

  5- On demandera ensuite une soumission à un entrepreneur général qui devra garantir l'ensemble des travaux y compris l'étanchéité. L'ensemble de cette démarche est parfaitement normale dans tout projet commercial, institutionnel ou de multilogements neufs. Mais pour les petits immeubles résidentiels existants cela augmente les coûts de rénovation à 300 ou 400% du coût d'un simple toit.

  Des toits verts légers?

  La tendance actuelle au Canada est de réduire l'épaisseur du substrat pour diminuer son poids et le coût des travaux. Par contre, cette tendance va à l'encontre des bénéfices sociaux recherchés par l'implantation des toits verts:

  1- La rétention d'eau pour soulager les usines d'épuration lors des orages est beaucoup moindre.

  2- La survie des plantes s'en trouve fragilisée pendant les sécheresses. Dans l'éventualité où les plantes meurent, les racines ne retiendront plus le sol et celui-ci peut être balayé par l'eau et le vent. En cas d'incendie, une surface de plantes séchées devient aussi un facteur de propagation de la flamme d'une toiture à l'autre. Pour réduire les risques, il est presque nécessaire d'installer un système d'irrigation pour arroser les plantes durant les périodes de sécheresse.

  3- La fonction du toit vert et sa plus-value s'en trouvent limitées. Il n'est plus question d'y faire un jardin potager pour les occupants, mais seulement un couvre-sol rustique exigeant un désherbage occasionnel contre les plantes allergènes comme l'herbe à poux.

  Des jardins sur les toits?

  Pour limiter le poids et le coût des rénovations tout en donnant un nouvel usage aux toitures résidentielles de Montréal, la culture potagère en bacs semble une voie plus réaliste.

  1- Le poids des bacs est réparti en fonction de la structure actuelle du toit.

  2- Le jardin potager devient un loisir plaisant plutôt qu'une corvée d'entretien.

  3- L'ombre portée par les plantes limitent la surchauffe des toitures.

  4- L'arrosage manuel ou automatique est restreint et demeure utile en créant de la nourriture saine.

  5- Des plants grimpants (courges, raisins, etc.) peuvent créer des zones ombragées pour aller s'y détendre.

  Pour en savoir plus: https://www.rooftopgardens.ca

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  Expert-conseil en construction et rénovation résidentielle, Yves Perrier écrira régulièrement dans le cahier Mon toit sur diverses problématiques touchant l'habitation. Il répondra également dans nos pages aux questions des lecteurs. Vous pouvez lui écrire à l'adresse suivante: yves.perrier@lapresse.ca.