J'adore travailler la terre sous la pluie, l'odeur est plus intense. Semer le mil, le trèfle, pour découvrir quelques jours plus tard un petit duvet vert. Comme je l'ai déjà mentionné dans mes chroniques, pour moi, la maison s'étire dans le jardin; l'environnement qui nous entoure prolonge l'abri, le nid.

J'adore travailler la terre sous la pluie, l'odeur est plus intense. Semer le mil, le trèfle, pour découvrir quelques jours plus tard un petit duvet vert. Comme je l'ai déjà mentionné dans mes chroniques, pour moi, la maison s'étire dans le jardin; l'environnement qui nous entoure prolonge l'abri, le nid.

 À partir de ce moment, on conçoit le jardin comme une extension de la maison, avec ses différents espaces. On oublie le regard depuis la rue. Cette aire verte qui entoure la demeure devient pour moi un espace de vie pour les occupants et non pas pour le passant ou le voisin d'en face.

Faire son aménagement, c'est être en contact avec le vivant et celui-ci évolue au gré des saisons, des années.

Il y a, selon moi, une ligne directrice à suivre si l'on se trouve à la campagne ou que l'on est propriétaire d'un grand terrain. Je discutais récemment avec un client qui venait d'acquérir un grand terrain en bordure d'un lac. Il me parlait, l'air déçu, de plusieurs parcelles trop dégarnies qui nécessitaient à son avis la plantation d'arbres matures à grands frais.

À ma première visite, j'observais, incrédule, cet environnement magnifique où il y avait peu à faire. Il suffisait de continuer l'histoire du paysage naturel, ne surtout pas essayer d'en recréer un autre nécessitant beaucoup d'efforts avec un résultat, la plupart du temps, décevant.

D'où l'importance de consulter un concepteur qui saura créer avec le minimum d'efforts un environnement qui permettra de vivre le maximum d'expériences agréables. Ce qui importe, c'est de comprendre dans quel paysage on se trouve, d'identifier les principaux constituants du terrain (verger, champs bordés de plantations, grosses pierres) et de jouer avec les rythmes et les proportions des parcelles environnantes.

À partir du moment où l'on a saisi les beautés de ce qui nous entoure, on tente de les intensifier dans les espaces prolongeant la maison. Plutôt que d'avoir un «corps étranger» qui détonne dans le paysage, on préfère concevoir un jardin qui poursuit ce qui existe déjà. De cette façon, on a l'impression que la maison «communie» avec son environnement. Elle fait partie du tout et contribue à l'harmonie du paysage.

C'est ce que je souhaiterais que vous reteniez de cet article: l'importance de créer un dialogue entre la nature environnante et la maison sur une échelle qui dépasse largement les limites du terrain. Si plus de gens retenaient cette règle élémentaire, nos paysages seraient tellement plus beaux!

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Pierre Thibault est architecte à Québec depuis plus de 20 ans. Diplômé de l'Université Laval, il partage dans nos pages sa vision de l'architecture et son expérience du milieu de l'habitation.