Facile de se laisser séduire par une plante. Sa beauté, son coloris, son parfum dans certains cas. Certaines se laissent même manger. Mais il faut se méfier du coup de foudre. Avant de songer à la cohabitation, il est préférable de se renseigner sur leur personnalité. Plusieurs ont des ambitions territoriales démesurées. Subtilement, elles s'imposent et repoussent toutes les concurrentes dans la platebande. Précautions et conseils pour éviter les ennuis.

Topinambour

Excellent tubercule, le topinambour a gagné en popularité dans les dernières années. Cette vivace qui atteint facilement 2 m offre aussi de jolies fleurs jaunes en septembre et octobre. Difficile de demander mieux, d'autant plus qu'elle se reproduit merveilleusement. Si bien, d'ailleurs, que vous aurez beau en manger goulûment, la plante prendra de plus en plus d'ampleur. Au point où vous voudrez vous en défaire pour vous approvisionner à l'épicerie. Hélas, vous devrez parfois la déraciner année après année pour l'éliminer.

Anémone du Canada

La belle anémone du Canada pousse souvent en quantité à l'orée des bois ou dans les fossés humides. Une aubaine pour le jardinier, d'autant plus qu'elle fleurit longtemps et s'adapte à divers types de sol. Ses fleurs blanches printanières en ont fait succomber plusieurs, même à la pépinière. Mais rares sont les jardins de ville assez grands pour satisfaire son désir d'occuper le territoire. Ses racines tissent un réseau souterrain rapidement. Voilà, une colonie est née ! Difficile à contenir et à éradiquer. Voilà plus de 20 ans que j'essaie sans succès.

Tête de violon

Sous l'ombre d'un grand feuillu, c'est une splendeur. En mai, ses feuilles vert tendre, belles à croquer, poussent à vue d'oeil. C'est la matteucie fougère-à-l'autruche, la fameuse tête de violon. Mais il y a des limites à la gourmandise. La matteucie se multiplie rapidement par ses rhizomes. Il faut la contenir constamment. Heureusement, il suffit d'éliminer les nouvelles racines qui se créent hors du territoire qui lui est réservé. Sa jolie mais toxique cousine, l'onoclée sensible, est encore plus agressive.

Éphémères

Les tradescantias sont très populaires au jardin. Ils poussent en abondance, forment de beaux bosquets, comptent de nombreuses variétés et autant de coloris, dont un bleu magnifique. Elles sont surtout connues sous le nom d'éphémères. Les fleurs ne durent qu'une journée, soit, mais la floraison se poursuit tout l'été. Elle se répand très facilement par ses racines et ses graines. À garder sous haute surveillance, car elle est très difficile à éliminer, même en la déracinant.

Photo Ivanoh Demers, La Presse

Anémone japonaise

J'aime les anémones japonaises à la folie. Malgré nos conflits territoriaux, elles sont toujours au jardin. En fleurs durant quatre ou cinq semaines à partir de la mi-juillet. L'espèce la plus commune donne des fleurs d'un rose plus ou moins foncé dotées d'un coeur jaune. Il existe aussi des variétés blanches et dans d'autres tons de rose. Gracieuses et faciles à cultiver, elles n'ont qu'un défaut : elles se répandent rapidement par leurs rhizomes. Leur feuillage abondant fait de l'ombre aux autres compagnes de la platebande. Il faut donc toujours les avoir à l'oeil.

Vinaigrier

Petit arbre indigène, le vinaigrier nous offre un feuillage rouge vif l'automne. Ses épis de minuscules fruits rouges poilus font aussi les délices d'une foule d'oiseaux. Ses racines s'étendent à vue et restent difficiles à contrôler. C'est aussi le cas de son cousin, le vinaigrier lacinié, au feuillage délicat. Le petit dernier de la famille est le Tiger Eyes. L'été, son feuillage est jaunâtre, mais il devient orangé l'automne. Une splendeur. Mais lui aussi aime bien s'étendre. Éliminez les racines fugueuses.

L'enfer vert

Pour éviter que votre jardin ne devienne un enfer vert, évitez surtout la renouée japonaise, ou bambou japonais. Une fois installée, même les herbicides en viennent difficilement à bout. Elle est même considérée comme une calamité internationale. Au Québec, certains ont dû baisser les bras après des années de combat. Se méfier aussi des vrais bambous, si jolis soient-ils. Ils peuvent être épouvantables. À moins de pouvoir leur imposer un domaine bien limité, oubliez aussi l'aegopode ou herbe aux goutteux, le muguet, le lamier ou encore le bugle rampant, qui a tendance à s'installer dans le gazon, où il n'est pas toujours apprécié. La délicieuse menthe poivrée devrait être confinée dans un gros pot inséré dans le sol pour empêcher qu'elle ne parte en rase campagne. Les belles lanternes chinoises orange font de magnifiques fleurs séchées, mais il vaut peut-être mieux les acheter en bouquet au marché public ou chez le fleuriste que de les planter au jardin.

Photo archives La Presse