On reconnaît une cour écologique à quelques discrets indices: une pelouse peu gazonnée, un baril sous la gouttière, la présence d'un ou deux composteurs, des pavés perméables... Tous ces choix ménagent l'équilibre des sols, la nappe phréatique et les infrastructures municipales. Quelques exemples et idées.

Lucie Fortin ne voulait plus tondre de gazon dans sa cour. Il était d'ailleurs impératif de faire quelque chose pour l'ancienne pelouse, ravagée par le ver blanc. «Je lui ai proposé un tapis de thym serpolet Magic Carpet, relate Marc Morin, architecte paysagiste. Cette variété ne dépasse pas 10 ou 15 cm et n'a jamais besoin de tonte. Elle aime la sécheresse, les sols pauvres et le soleil, en plus de dégager une odeur merveilleuse.»

La pelouse de thym est un choix écologique par rapport à la pelouse à l'anglaise, beaucoup plus gourmande en eau et souvent traitée avec des produits qui compromettent l'équilibre du sol. Une autre option éco-avisée consiste à combiner, au moment de semer, le gazon (une graminée) avec le trèfle blanc (une légumineuse). «Le trèfle fixe l'azote de l'air, ce qui enrichit le sol», dit M. Morin. L'architecte paysagiste propose en outre d'être plus tolérant envers les petites plantes qui s'installent d'elles-mêmes, par exemple les violettes.

Le thym serpolet - pour en revenir à la cour de Mme Fortin - se vend en semis «multicellules» par paquets de 78. On met en terre chaque plant un à un, avec un peu de compost, à environ 7 pouces de distance les uns des autres.

Aujourd'hui à la retraite, Lucie Fortin, qui a prodigué des soins toute sa vie d'infirmière, a reporté sur son jardin son attention méticuleuse. «On a planté au printemps, relate-t-elle. Durant l'été, j'ai enlevé les mauvaises herbes, et j'ai passé délicatement le souffleur et l'aspirateur pour éliminer toutes les samares. Je suis un peu maniaque! À l'automne, le thym avait comblé tous les espaces vides.»

L'eau précieuse

«Pour économiser l'eau, on compose un aménagement avec des plantes qui survivent dans les conditions en place, explique Marc Morin. Si on a vraiment besoin d'un système d'arrosage, les tuyaux suintants ou les systèmes d'irrigation goutte à goutte (micro-irrigation) sont les plus performants.»

Ces systèmes d'arrosage peuvent être alimentés par un baril ou une petite citerne souterraine de récupération d'eau de pluie.

«Afin de maximiser la percolation de l'eau, on évite les surfaces complètement inertes comme l'asphalte, dit Marc Morin. Des pavements perméables sont préférables.»



Amender le sol

«Tout sol peut être amélioré sans engrais chimique, soutient l'architecte paysagiste. On fait l'amendement avec son contraire. Par exemple, l'argile compacte, souvent considérée comme un mauvais sol, est pourtant très riche. Il suffit de l'amender avec un compost forestier, un peu de mousse de sphaigne et peut-être un peu de sable. On mélange au rotoculteur ou manuellement, avec une bêche.»

On a généralement besoin de deux composteurs, un premier pour ajouter au fil des semaines les déchets organiques de cuisine et de jardin, et l'autre qu'on laisse tranquille, pour qu'il termine le processus de transformation des matières de l'année précédente.

Tisanes pour le jardin

Dans son livre Mon potager santé, l'agronome Lili Michaud donne des recettes d'infusions et de décoctions de plantes aux propriétés fertilisantes. L'extrait d'ortie, par exemple, aide à corriger les carences minérales d'une plante, en plus de faire fuir les pucerons, les acariens et les limaces.

«Parmi les classiques, mentionnons les macérations de feuilles de rhubarbe comme insecticide naturel», ajoute Marc Morin.

Photo fournie par le Jardin Botanique

Pas bête comme idée: des contenants pour semis en fumier de ruminants. Les CowPots sont éminemment biodégradables et puissamment nutritifs.