Le botaniste William John Bruchell a découvert les lithops accidentellement au cours de l'un de ses nombreux périples en Afrique du Sud. Intrigué par la forme étrange d'un caillou sur le sol désertique, il réalisa que celui-ci avait des racines. Il s'agissait bel et bien d'une plante. D'origine sud-africaine, les lithops regroupent une quarantaine d'espèces qui vivent dans des milieux extrêmement arides de l'Afrique du Sud et de la Namibie.

D'une hauteur d'à peine 3 ou 4 cm, ces minuscules plantes grasses sont composées de deux feuilles charnues qui leur donnent l'apparence de petits cailloux. Leur mimétisme avec leur environnement est tel qu'elles sont habituellement de la couleur du sable et des pierres de leur habitat. Un camouflage qui leur permet de survivre en période de sécheresse en trompant les herbivores en quête de verdure à se mettre sous la dent. L'appellation scientifique de lithops signifie avoir l'apparence d'une pierre. Dans le commerce, on parle habituellement de pierre ou de caillou vivant, ou encore de plante caillou, un terme qui s'applique cependant à plusieurs autres espèces similaires.

En raison de leur forme étrange, de leur dimension réduite, de leurs coloris particuliers, de leur croissance extrêmement lente, les lithops font souvent le bonheur des collectionneurs. Et récompense ultime, si on suit à la lettre le mode d'emploi, ils produisent à la mi-octobre jusqu'au début novembre des petites fleurs qui ressemblent à des mini-marguerites ou encore à une plante alpine vivace, délosperma, dont je vous ai parlé à quelques reprises. La floraison ne dure toutefois que quelques jours mais il arrive souvent que le caillou vivant fleurisse à nouveau au printemps quand il sort de sa dormance.

Comme c'est aussi le cas d'une foule d'autres plantes d'intérieur, les lithops ont déjà été à la mode pour sombrer ensuite dans l'oubli. Ces derniers temps, j'en ai découvert dans quelques grandes surfaces. La Jardinière Saint-Louis, un grossiste réputé en plantes exotiques de Saint-Lazare, à l'ouest de l'île de Montréal, produit des lithops depuis un bon moment, de même que plusieurs autres plantes cailloux qui leur sont très apparentées (www.jardiniere.ca ; vente au détail sur place).

Les lithops et autres pierres végétales exigent un emplacement en plein soleil, soit un minimum de 4 à 5 heures par jour, et un sol très perméable (un terreau à cactus convient très bien). Dans le désert, les lithops se contentent de la rosée du matin si bien qu'à la maison, il suffira de les vaporiser. À vrai dire, le succès dépend des soins donnés l'automne et l'hiver. Dès octobre, il faut cesser les arrosages et placer les lithops au frais, comme le rebord d'une fenêtre, mais toujours au soleil. Notre caillou vivant a besoin d'une sécheresse volontaire de cinq à six mois, insiste Claude Lévesque, propriétaire de la Jardinière Saint-Louis. C'est au cours de cette période que la plante extrait l'eau de ses feuilles qui commencent à ratatiner pour justement en former de nouvelles plus grands que les précédentes, habituellement à partir de mars. Au bout de quelques années, votre pot sera comblé par plusieurs plantes.

Les lithops sont relativement faciles à faire lever à partir de semis qu'on pourra obtenir en consultant l'internet. Mais il faut toujours avoir à l'esprit que la patience sera de mise pour obtenir de beaux plants. Si tout va bien, la floraison devrait survenir en trois ou quatre ans.

La chronique «Jardiner» termine son cycle annuel pour s'accorder quelques mois de dormance, comme toutes nos vivaces. Mais le réveil sera hâtif, au début février, justement quand les jours allongent et que l'on examine fébrilement les catalogues horticoles. À la prochaine.