Créer, innover ou disparaître. Voilà le leitmotiv de Gaëtan Chevalier, designer paysagiste. «Ou bien je suis créatif et j'innove, ou bien je fais autre chose. C'est ça ou rien! Je me force à innover chaque fois. Dans mes conceptions, je veux être en avant des tendances, un précurseur, non pas suivre ce qui se fait.»

Cette passion pour l'horticulture et l'aménagement paysager, Gaëtan Chevalier la porte depuis 37 ans, été comme hiver. «C'est du temps triple pendant l'été», avoue-t-il pendant l'entrevue. «Je dois faire entre 90 et 96 heures par semaine pendant l'été. Je recharge mes batteries pendant l'hiver lorsque je travaille sur les plans et les nouveaux concepts, car c'est pendant l'hiver que je pense à l'organisation des projets alors que je les réalise pendant l'été.»

Sa motivation demeure encore et depuis longtemps la créativité. «Dans chaque projet je veux me surpasser, raconte-t-il, pas seulement dans les formes des aménagements, mais aussi dans l'horticulture.»

C'est pourquoi il a créé sa propre pépinière de développement de plantes et d'importation de produits originaux (www.designerpaysagiste.com). Occupant quel­que 100 000 pieds carrés, la pépinière à Saint-Augustin se développera sur une superficie de 300 000 pieds carrés. Une partie de la pépinière est accessible au public, l'autre partie est privée pour servir spécifiquement aux projets de design de paysage qu'il met en chantier. Et c'est aussi le lieu où il se laisse inspirer pour donne toute la place à la créativité. «Je cherche des textures avec des vivaces moins connues, des plan­tes alpines, des conifères nains ou géants que personne n'a l'habitude de voir, précise-t-il en entrevue. J'ai des fournisseurs au Japon, en Corée, en Hollande, ou encore en Oregon et à Philadelphie aux États-Unis.»

«Wow!»

Sur l'un des projets en cours dans Portneuf, il montre un étang baignable où trône une pièce rare, un érable japonais au feuillage rougeâtre, des épinettes naines, un conifère de Corée, un pin aux aiguilles dorées, sans compter l'aménagement des cascades avec des pierres qui se trouvaient sur le terrain et des plantes aquatiques traditionnelles et d'autres plantes qui donnent une ambiance à l'environnement qui fait écarquiller les yeux des observateurs.

Puisque les aménagements qu'il crée sont vivants, il essaie de recréer des coins de nature hors de l'ordinaire que ce soit dans des plus petits projets ou dans des grands. Son plaisir, c'est de trouver des agencements qui feront dire «wow!» à tous ceux qui regarderont le jardin.

Pour concevoir l'aménagement d'un projet, il se laisse inspirer par l'environnement, la configuration du terrain, les bâtiments et les goûts des clients. Dans ce cas-ci, les grosses pierres et le dénivelé du terrain lui laissaient croire que l'emplacement était l'idéal pour l'étang. Certains employés et confrères, même les clients, en regardant le plan, avaient de la difficulté à croire la réalisation possible. Gaëtan Chevalier était certain de son coup. Et il l'a fait.

«Il y a 20 ans, ajoute-t-il, on ne parlait pas d'étangs baignables au Québec. La plupart des paysagistes disaient que c'était impossible. Pourtant, depuis quelques années, on le fait avec succès. Il faut développer de bonnes techniques d'aménagement, utiliser une bonne mécanique de filtration et le traitement de l'eau avec des rayons ultraviolets pour éliminer les bactéries. Avec le temps, les connaissances des bassins d'eau et des plantes aquatiques font en sorte que l'on peut reproduire des écosystèmes viables et agréables.»

Les quatre éléments

Un peu comme les alchimistes du Moyen Âge, Gaëtan Chevalier joue avec les quatre éléments : le feu, l'eau, la terre et l'air (le vent). Pour lui, le feu, ce sont les jeux d'ombre et de lumière; l'eau, ce sont le bassin, les cascades; la terre, ce sont toutes les plantes en terre; alors que l'air, ce sont les mouvements des plantes et de l'eau par le vent.

«C'est l'harmonie des quatre éléments qui permet de façonner de beaux jardins, lance-t-il. En fait, c'est la base du feng shui et des jardins zen. Les quatre éléments seront présents dans les jardins d'une petite cour intérieure ou dans un grand jardin sur un domaine.»

La réalisation de la plupart de ses projets s'effectue sur quel­ques années avec des étapes à court, moyen et long terme. Il laisse toujours le temps aux plantes d'atteindre leur maturité pour ajouter des effets et des contrastes.

Il peut compter sur différentes équipes dans son entreprise de 22 personnes, que ce soit des maçons, des charpentiers ébénistes, des horticulteurs, des manoeuvres et même des partenaires d'affaires et non des sous-traitants, dit-il, pour certaines étapes de réalisation.

Son plaisir, outre dans la créativité, il le trouve dans les recommandations qui viennent du bouche-à-oreille et des références des clients satisfaits et chez ceux qui s'étonnent devant ses créations vivantes.