Les graminées d'ombre ne sont pas légion et la plus populaire demeure Hakonechloa macra «Aurea» ou «Aureola».

La famille a cependant produit d'autres rejetons au cours des dernières années mais aucun n'a pu rivaliser avec la belle «Aurea». La graminée aux feuilles jaunes lignées de vert enflamme littéralement les coins ombragés durant tout l'été.

Un récent hybride, «All Gold», encore plus flamboyant, pourrait cependant devenir un concurrent sérieux. Rustique en zone 4 et probablement en zone 3, il est entièrement jaune vif. «All Gold» a fait une entrée discrète en pépinière il y a trois ou quatre ans. Comme sa proche cousine, il atteint 30 à 40 cm mais son port est plus dressé. La plante prend de l'envergure grâce à ses stolons. Il lui faudra toutefois un certain temps avant d'atteindre une soixantaine de diamètre. La graminée produit aussi une petite floraison au cours de l'été, de minuscules plumeaux brunâtres. Cette hakonechloa pousse dans un sol riche retenant l'humidité. Prière de l'arroser en période de canicule. Dans un milieu fortement ombragé (moins de 4 h de soleil par jour), elle sera d'un vert plutôt fluorescent, certains utilisent l'expression chartreuse, mais deviendra jaune vif avec plus de lumière.

Rappelons que les hakonechloa sont des graminées originaires du Japon, notamment de la région du mont Hakone, d'où leur nom. Il n'y a qu'une seule espèce.

Lumières nordiques

Une autre graminée méconnue fait aussi partie de ces plantes qui illuminent les coins ombragés : Deschampsia cespitosa «Northern Lights», sélectionnée voilà quelques années déjà par un pépiniériste du Nebraska. Elle est dotée de feuilles allongées étroites, de couleur jaune tirant sur le vert mais traversées de traits verticaux verts, très foncés. Le contraste est frappant et joli. La plante donne une floraison en fin d'été et théoriquement, lorsque le temps est plus frais, le feuillage devient plus ou moins rosé, ce que je n'ai pas vraiment constaté chez moi. De croissance lente, la plante ne dépasse guère les 25 cm de hauteur. Rustique en zone 4, elle peut pousser dans un sol lourd à la condition de l'arroser régulièrement et suffisamment. Évidemment, «Northern Lights» pousse bien à l'ombre légère mais la floraison sera plus abondante en plein soleil. On le cultive surtout pour le coloris de ses feuilles même si ses épillets sont très attrayants. Chaque touffe se divise facilement au printemps. On conseille aussi d'éliminer les feuilles vertes qui pourraient apparaître dans les plants de peur qu'elles ne prennent le dessus sur celles plus pâles.

Un zeste de citron

Les deschampsia regroupent une cinquantaine d'espèces originaires aussi bien de l'Arctique que des milieux tempérés et même des montagnes des tropiques. La plante mère de «Northern Lights» D. cespitosa, nous vient de l'Eurasie ou des hauts plateaux africains et peut atteindre près de 2 m en milieu naturel. Les quelques cultivars en vente, la plupart rustiques en zone 4, ont des ambitions plus modestes mais peuvent mesurer 1 m. Deschampsia doit son nom au naturaliste et chirurgien français Louis-Auguste Deschamps qui a herborisé notamment sur l'île de Java et publié quelques documents sur la botanique.

Si «Northern Lights» et «All Gold» peuvent être assez faciles à trouver en pépinière (le grossiste Plant Select en a régulièrement), ce n'est pas le cas d'une de mes espèces d'ombre préférées qui semble être tombée dans les limbes depuis son introduction en 2004 par la firme Terre Nova de l'Oregon. Carex siderosticha «Lemon Zest», de son nom, a même disparu du catalogue de l'entreprise, vraisemblablement faute de demande. Malheureusement.

Considéré comme plante de zone 6, il pousse pourtant chez moi (zone 5) depuis six ans sans protection hivernale. Ses feuilles d'environ 25 cm de hauteur sont étroites et dotées d'un magnifique coloris vert fluorescent ou vert lime. «Lemon Zest» est peu exigeant en matière de sol et pousse très lentement. Mon plant d'origine atteint aujourd'hui environ 75 cm de diamètre et pousse dans un milieu très ombragé (moins d'une heure de soleil par jour). Carex elata «Bowles Golden» ressemble un peu à «Lemon Zest». On pourra aussi trouver une certaine similitude avec Carex siderosticha «Variegata», une autre plante d'ombre de petite taille que je cultive depuis des années. Mais elle exige un sol riche et ne peut souffrir un manque d'humidité sans altérer son allure.

Par ailleurs, si vous découvrez un endroit où on vend «Lemon Zest», avisez-moi afin de faire partager votre découverte aux autres lecteurs.

Appelés «laîche» en français (c'est le terme scientifique qui est utilisé couramment au Québec), les carex forment un monde en soi puisqu'on en compte plus de 1500 espèces dont autour de 200 au Québec. Plusieurs espèces et cultivars sont commercialisés mais le plus connu chez nous est probablement le carex de Buchanan et ses semblables aux tiges dressées et rougeâtres.