La créativité est sans limites quand il s'agit de doter une maison d'un système sur mesure de récupération d'eau de pluie. Écoutons David Rodier, copropriétaire de Paysages Rodier, à Saint-Hyacinthe: «Les gens sont de plus en plus sensibilisés et certaines municipalités, comme ici à Saint-Hyacinthe, interdisent de rejeter l'eau dans la rue. Alors, il faut être créatif, aménager des zones tampons avec une végétation qui absorbe l'eau, des fossés.»

Un client de M. Rodier, à Sutton, remplit son spa avec l'eau de pluie. Sa maison est construite sur un terrain en pente. Côté amont, une surface en pierres plates avec joints perméables (en pierre nette de gravier) recueille l'eau dans un drain souterrain relié à une citerne (de la société Soleno). Par gravité, l'eau de pluie rejoint le spa, côté aval de la maison. Elle est aussi dirigée vers les grands arbres de la propriété.

Guy Lajoie, horticulteur-paysagiste (Décoration horticole Guy Lajoie), propose depuis des années une façon invisible de faire percoler l'eau de pluie sur le terrain. La gouttière se déverse directement dans une boîte dont on ne voit que le grillage à la surface du sol. Cette boîte alimente un drain agricole (quatre pouces de diamètre), non troué dans sa première partie, jusqu'à deux mètres de la fondation. Le tuyau troué serpente ensuite sous le sol, sur toute l'étendue du terrain. «Pour une résidence typique moyenne, on peut compter 75 à 100 pieds linéaires de drain sur environ 5000 pieds carrés de terrain, pour 150$ à 300$ si exécuté avant la finition du terrain, estime M. Lajoie. Le prix peut doubler s'il faut excaver - cela se fait à la main - sur un terrain déjà fini, avec des arbres.»

M. Lajoie installe également des citernes Soleno, ce qui vaut la peine, explique-t-il, non pas pour un petit bungalow, mais pour une toiture de surface importante. Un exemple: pour 800 pieds carrés de toit, on peut installer un réservoir extérieur non enfoui de 350 gallons (1325 litres), au coût d'environ 750$. Il faut ensuite ajouter la pompe, de 50$ à 500$ et plus, selon les besoins (en fonction de la pression désirée, des dénivellations, etc.).

«Si on a une sécheresse, laquelle vient avec des restrictions d'arrosage, on est content d'avoir notre système», dit M. Lajoie.

Pour les toilettes

La très écologique maison de Benoît Lavigueur (certifiée LEED Platine) bénéficie de trois systèmes de récupération d'eau de pluie. Un premier réservoir de 2 000 litres, caché sous le balcon arrière, reçoit l'eau de pluie ruisselant d'une des deux pentes du toit. Cette citerne communique avec un tuyau suintant qui arrose les plates-bandes devant la maison, sous minuterie. Elle alimente également un petit boyau servant à emplir un arrosoir, pour soigner les jardinières de fleurs. Ce premier système a coûté environ 400$ tout inclus, boyaux et minuterie. Un second réservoir de 2 000 litres niche sous l'escalier, dans le sous-sol, et alimente les deux toilettes à double chasse de la maison. Coût de l'installation: environ 2 300$. Ce système a été conçu par l'ingénieure Sara Finley, de Vinci consultants. «Il nous faut 2400 litres pour passer l'hiver, relate Catherine, dame de la maison. Les 400 litres qui manquent sont pris à même le réseau d'eau potable.» Le troisième système de la maison consiste en un baril de 200 litres relié à la gouttière du cabanon, pour alimenter un tuyau goutte à goutte zigzaguant dans le potager. «J'ouvre le robinet 15 minutes par jour et ça suffit pour les framboisiers, laitues, tomates, concombres et le reste», rapporte Catherine.

Stabiliser les fondations

Le sol argileux, sur lequel repose une maison sur deux à Montréal, se contracte sous l'effet de la sécheresse, une véritable misère pour les fondations. C'est pourquoi Mario Lafrenais, qui a agrandi sa maison sur le Plateau, a décidé de diriger l'eau de pluie dans le sol, pour lui conserver une bonne humidité. «Nous avons creusé un trou de 5 pieds de largeur, 20 pieds de longueur et 10 pieds de profondeur, sur toute la longueur de l'agrandissement, et nous l'avons empli de pierre concassée, relate-t-il. Toute l'eau du toit est acheminée dans ce drain. La maison déjà bâtie s'est redressée sous l'effet de ce système.»

Il s'agit d'un geste avisé, affirme Philippe Sabourin, de la Ville de Montréal, qui estime que M. Lafrenais prévient ainsi les dommages. Gilbert Tougas, économiste et chef du Service de l'eau à Montréal, explique qu'en gardant l'eau sur le terrain et en la laissant percoler, par exemple en faisant dévier l'eau des gouttières à environ 1,5 mètre de la maison, on protège les fondations posées sur un sol argileux.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Chez Catherine et Benoît, le baril de récupération d'eau de pluie est relié à un système d'irrigation goutte à goutte, amenant l'eau exactement là où c'est nécessaire, à la racine de chaque plant du potager. «J'ouvre le robinet seulement 15 minutes par jour et ça suffit», dit Catherine. Plus cher que le tuyau suintant, le système goutte à goutte se commande par catalogue ou sur l'internet.