«Elles sont apparues le 29 mai, sous la gloriette aménagée l'an dernier. Une bonne douzaine de morilles blondes à attendre qu'une âme charitable vienne les cueillir pour en préparer une bonne poêlée, ce qui fut fait avec cette fébrilité que seuls les mycologues et les gastronomes peuvent comprendre, écrit Jean-Pierre Vailles, de Terrebonne. Elles s'étaient frayé un chemin entre les dalles de béton et, plus surprenant encore, dans de la vulgaire poussière de roche. Toute ma théorie sur la culture des champignons a pris le bord. Comment ont-elles migré à cet endroit et le beau cadeau fera-t-il son apparition de nouveau l'an prochain?»

J'ai cherché longtemps des morilles au Québec sans jamais en trouver. Sauf chez moi, par hasard, à quatre occasions... en 30 ans. Deux fois sous un pin blanc et à deux autres occasions sous un orme mal en point qui a rendu l'âme depuis. Assez difficile de planifier une bonne entrée à ce rythme-là.

La découverte de morilles blondes dans la poussière de roche ou encore sous un pin est exceptionnelle, explique Raymond McNeil, interrogé sur le sujet. Cette espèce se montre habituellement près des ormes morts. «Les spores peuvent voyager sur de très longues distances par le vent. Si elles échouent dans un milieu approprié, elles vont produire un mycélium qui, à son tour, si les circonstances sont propices, donnera des fructifications. Ce sont les champignons. L'apparition des morilles de M. Vailles me semble pour le moins inusitée», fait valoir l'auteur du volume Champignons communs du Québec et de l'est du Canada (Éd. Quintin), un succès de librairie.

M. McNeil signale que si le temps des morilles est terminé depuis un bon moment, la mi-juillet annonce un autre grand moment de jouissance mycologique : la saison des chanterelles. Faciles à identifier, délicieusement parfumées, elles sont à mon avis beaucoup plus polyvalentes en cuisine que les morilles.