Depuis 2003, les abeilles du Québec se meurent. Dans le monde, le déclin des colonies d'abeilles a commencé dans les années 70 et s'accélère aujourd'hui au point d'inquiéter la communauté internationale.

Insecticides et pesticides sont pointés du doigt, ainsi qu'un petit parasite nommé varoa «Pas de pollinisation, équivaut à ne rien avoir à manger», constate Jean Forest de la Miellerie de Champlain, à Champlain.

Pour prouver que l'abeille vit bien en ville, des apiculteurs de Québec ont prévu l'installation de 10 ruches dans la vieille capitale cette année. Le chef du Château Frontenac a déjà installé des ruches sur le toit de l'hôtel et il récolte depuis deux ans le miel qu'il utilise ensuite dans ses cuisines!  

Une ruche chez soi

Une ruche chez soi? Pourquoi pas. En milieu semi-urbain, c'est possible. Les apiculteurs recommandent de ne pas mettre de ruche en bordure de route, de planter une haie chez soi de deux mètres de haut si on possède une ruche, et de laisser une distance d'au moins 50 pieds avec la résidence du voisin. «Ce sont nos recommandations, mais, il faut vérifier avec sa municipalité», souligne Nicolas Tremblay, conseiller apicole pour le Centre de recherches en sciences animales de Deschambault. Vérification faite auprès de Philippe Sabourin, chargé des communications à la ville de Montréal, au moins 12 des 19 arrondissements n'ont aucune réglementation au sujet des ruches et des abeilles. La seule trace d'encadrement se trouve dans la Loi sur la protection sanitaire des animaux qui stipule qu'il est interdit de placer une ruche à moins de 15 mètres (presque 50 pieds) d'un chemin public ou d'une habitation.

Mais 50 pieds, ce n'est pas assez, estime quant à lui Jean Forest. Parce que les gens ont peur, il conseille toujours d'y aller avec 100 pieds. «C'est sûr qu'avec des maisons en rangée, tu ne mets pas de ruche! Ça prend un méchant terrain ou un grand toit plat sur un immeuble de quatre ou cinq étages de hauteur.»

De son côté, Bernard Filion, agronome, vit en milieu urbain. Son terrain au centre-ville de Charlesbourg est très grand. Il vient d'acheter une ruche. «J'ai ouvert la ruche, ça travaille intensément là-dedans.»  M. Fillion avoue qu'il y pense depuis 20 ans. C'est un peu une suite logique des choses pour lui. Il est ravi de voir que ses deux filles de 12 et 13 ans sont captivées par la ruche. «Elles voient que les fleurs ont besoin d'être pollinisées. Ça fait partie de la chaîne de la vie.»

Une ruche, dans un bon environnement, avec un contrôle sanitaire parfait, donnera 50 à 100 livres de miel pour la saison. Suffisant pour les propriétaires et les voisins. Et plus la fleur est proche, plus le rendement est bon. L'abeille voyage trois à quatre kilomètres pour trouver de quoi se mettre sous la trompe. Aujourd'hui, les deux grandes cultures au Québec, ce sont le maïs et le soja, déplore M Forest. «Et ça ne donne pas de fleurs. Puis les OGM, ce n'est pas bon pour les abeilles. Et les fleurs sauvages sur les bords des fossés, il y en a de moins en moins.»  

Morale de l'histoire: continuons à fleurir terrasses et balcon!

Jean Forest et d'autres apiculteurs tentent aussi de renverser la vapeur en proposant au grand public une formation apicole pour apprendre toutes les bases nécessaires à l'acquisition d'une ruche: le monde des abeilles, l'équipement, l'entretien de la ruche, l'extraction du miel. «Les abeilles ne piquent pas. Ce sont les guêpes. Les guêpes ce sont les vidangeuses qui tournent autour des tables. Mais les abeilles, tant que tu ne vas pas les embêter à la ruche,  elles ne te font rien», constate-t-il.

On peut se procurer un kit de débutant à monter soi-même chez J.W.Jones, à Bedford. Sinon, tous les apiculteurs pourraient vendre des ruches déjà montées. Le coût chez l'apiculteur? Environ 600$ plus taxes, abeilles comprises. «Il n'y pas de taxe sur les abeilles», ironise M. Forest.

On peut aussi commander en ligne de jolies ruches, très design.

www.fwjones.com

www.urbainculteurs.org

www.mielleriedechamplain.com

www.omlet.com