Une vieille tradition française voulait qu'on honore, chaque année, la jeune fille qui s'était distinguée par sa grande vertu et sa respectabilité. C'était la «rosière». Dans le conte de Maupassant, Mme Husson, responsable de l'événement, ne trouve aucune fille sérieuse pour assumer ce titre et se voit contrainte d'honorer un jeune homme, le fils de la fruitière. Couronné «rosier», Isidore reçoit une grosse somme d'argent, puis sombre rapidement dans la déchéance et l'ivrognerie. Pauvre Isidore!

Une vieille tradition française voulait qu'on honore, chaque année, la jeune fille qui s'était distinguée par sa grande vertu et sa respectabilité. C'était la «rosière». Dans le conte de Maupassant, Mme Husson, responsable de l'événement, ne trouve aucune fille sérieuse pour assumer ce titre et se voit contrainte d'honorer un jeune homme, le fils de la fruitière. Couronné «rosier», Isidore reçoit une grosse somme d'argent, puis sombre rapidement dans la déchéance et l'ivrognerie. Pauvre Isidore!

Maupassant (à qui on a d'ailleurs consacré un rosier parfumé en 1994) a aussi écrit une nouvelle intitulée Rose, probablement le prénom de fleur le plus utilisé depuis des siècles.

Il suffit par ailleurs de jeter un coup d'oeil au dictionnaire pour réaliser à quel point la rose est à l'origine d'une foule de mots. Voilà qui n'est pas tellement surprenant puisque la culture du rosier et l'amour de sa fleur remontent à la nuit des temps. On la retrouve notamment sur une fresque de l'île de Crête, une oeuvre qui aurait été exécutée il y a 20 000 ans. Cultivée en Grèce durant au moins un millénaire avant l'ère chrétienne, elle a été chantée par les poètes depuis la Rome antique. Encore aujourd'hui, après des siècles de règne jamais contesté, la rose reste la fleur la plus populaire au monde.

On en compte autour de 150 espèces originaires aussi bien d'Afrique, d'Asie, d'Europe que de l'Amérique du Nord, mais le nombre de cultivars, surtout concentrés chez les hybrides de thé, atteindrait 25000. Populaire, vous disais-je. Aux États-Unis, par exemple, on vend de 40 à 50 millions de rosiers produits en champs à chaque année. À cela s'ajoutent de 15 à 20 millions de plants en pots issus de boutures. Faites le compte. Au prix de détail, le chiffre d'affaires dépasse... le milliard de dollars. Incroyable. N'ont pas été comptabilisées les roses coupées ou encore les potées fleuries. Sur la scène internationale, à elle seule la firme danoise Poulsen produit ou fait produire sous licence 50 millions de rosiers annuellement, des plants miniatures vendus sous forme de potées fleuries.

La rose séduit, fascine. Parlez-en à Claire Laberge, responsable de la roseraie du Jardin botanique de Montréal depuis 1989, une collection de 10 000 rosiers aujourd'hui reconnue internationalement. «Ma fascination n'a cessé de prendre de l'ampleur à leur contact, dit-elle. J'ai réalisé progressivement qu'au-delà des couleurs ou du parfum, la rose était intimement liée à l'histoire de l'humanité. Par exemple, elle est entrée dans de nombreuses concoctions médicinales, en plus d'être la muse d'une foule de poètes.»

La collection de rosiers et son travail de vulgarisation scientifique ont d'ailleurs valu à l'horticultrice de voir une rose nommée à son nom en 2001, un cadeau de la rosiériste ontarienne bien connue, Joyce Flemming. Un honneur apprécié, mais qui soulève une petite gêne chez Mme Laberge. Amatrice de rosiers sauvages (elle apprécie leurs métamorphoses saisonnières), Claire Laberge suit avec grand intérêt aussi l'évolution récente des nouvelles créations qui mettent en valeur le parfum, notamment la série de rosiers anglais de l'hybrideur David Austin.

C'est pour sa grande expertise que j'ai fait appel à ses services afin de nous recommander 10 rosiers rustiques et 10 rosiers exigeant une protection hivernale, qui se distinguent tous par leur parfum.

La rose «Jean-Pierre Ferland» (Photo Pierre McCann, archives La Presse)

Toutes les variétés choisies font partie de la roseraie du Jardin botanique et sont aussi offerts dans les pépinières, jardineries ou chez des marchands spécialisés. Paradoxalement, seul le rosier «Claire Laberge» risque d'être difficile à trouver. Il s'agit d'une plante très rustique (zone 3), de 1,5 m, aux feuilles lustrées, à fleur double, de couleur rose, au parfum puissant et exquis. Offert ce printemps chez Pickering Nurseries, Ontario, les stocks limités se sont rapidement vendus.

ROSIERS RUSTIQUES:

- «Topaz Jewel», jaune, parfum fruité.

- «Charlotte», jaune.

- «Buff Beauty», couleur abricot.

- «Henri Hudson», blanc.

- «Winnipeg Parks», rose très foncé.

- «Mary Rose», rose.

- «Glamis Castle», blanc, parfum de myrrhe.

- «Thérèse Bugnet», rose.

- «Hansa», violet, odeur de clou de girofle.

- «Claire Laberge», rose.

ROSIERS À PROTÉGER:

- «Honey Perfume», couleur abricot, parfum épicé.

- «Golden Border», jaune.

- «Margaret Merill», blanc, parfum d'agrume.

- «Day Breaker», abricot.

- «Elle», rose, parfum d'agrume.

- «Miss All America Beauty», rose foncé.

- «Chrysler Imperial», rouge foncé.

- «McCartney Rose», rose, parfum fruité.

- «Sunset Celebration», abricot, parfum fruité.

- «Jean-Pierre Ferland», jaune foncé, parfum fruité.