Amorcé l'an dernier, un projet dirigé par le Centre d'écologie urbaine sur le toit d'une coopérative d'habitations de la rue Jeanne-Mance à Montréal servira de base à une éventuelle politique gouvernementale favorisant l'implantation des toits verts.

Amorcé l'an dernier, un projet dirigé par le Centre d'écologie urbaine sur le toit d'une coopérative d'habitations de la rue Jeanne-Mance à Montréal servira de base à une éventuelle politique gouvernementale favorisant l'implantation des toits verts.

Le programme est prometteur: absorption des gaz et des eaux de pluie, protection des toits et des murs, limitation du ruissellement de surface, en plus de l'embellissement urbain. À condition que les percées technologiques permettent rapidement une réduction des travaux et des coûts liés à la confection des toits verts.

Quant au mur végétal, véritable mur vivant, il fait appel à la maîtrise de la culture des plantes. Il permet la réalisation de décors végétaux verticaux, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Il est appelé à faire partie du jardinage urbain, car il offre la possibilité de végétaliser des surfaces jusqu'alors complètement inaccessibles aux plantes. Des architectes paysagistes et des horticulteurs sont prêts à tester différentes techniques pour nous aider à réduire le stress de la vie urbaine.

Un gazon sur le toit

«Le plus grand défi d'un toit vert, c'est le vent. Certaines plantes survivent, d'autres pas», constate le professeur Ronald Williams de la faculté d'architecture de paysage de l'Université de Montréal.

M. Williams évoque les difficultés rencontrées sur le toit terrasse de son école depuis deux ans. Il fait également partie de l'équipe de conseillers pour le projet-pilote du triplex de la rue Jeanne-Mance. Le Centre d'écologie urbaine a réuni l'an dernier une grosse équipe pour créer en trois jours un toit vert sur un bâtiment résidentiel à toit plat, dans le Mile-End.

Architectes, ingénieur en structure, entrepreneur général, couvreur, agronomes, horticulteurs, architectes paysagistes ont participé à cette première à Montréal. Sous la direction des architectes, l'ingénieur en structure a dû évaluer comment faire supporter à la toiture le poids additionnel du toit vert. Afin d'établir la capacité portante, l'ingénieur en structure a aussi tenu compte du fait que la charge de neige sur un toit vert est supérieure à celle d'un toit traditionnel.

Ensuite, avec l'entrepreneur, le couvreur s'est chargé notamment d'installer le système de végétalisation. Puis l'agronome, les horticulteurs et les architectes paysagistes ont choisi le terreau et les plantes, ainsi que leur aménagement.

Les données compilées par le Centre d'écologie urbaine, dans le document Projet-pilote de toit vert, Démarche d'une construction écologique, sous la direction de Jacob Nerenberg, prévoient un estimé des coûts. «En général, l'installation d'un toit vert faisant appel à la technologie de quatrième génération installée sur un bâtiment à charpente de bois et à murs de briques, entraîne des coûts de l'ordre de 35 à 50 par pied carré.» Le coût d'un toit vert sur une nouvelle construction sera beaucoup plus bas, plus proche du 16 à 20 par pied carré de toiture.

Selon M. Nerenberg, il y a un aspect unique dans l'expérience montréalaise: l'héritage architectural comprend quantité de murs de briques et charpentes de bois dans les quartiers centraux. «C'est un projet novateur pour le secteur résidentiel. Dans le contexte du vieux bâti on ne peut pas échapper à la reconstruction du toit. Mais les techniques nouvelles seront plus souples et elles pourraient ouvrir d'autres portes.»

On estime à 10 % la perte des plantes après le premier hiver. Toutefois, les plantes ont été sélectionnées par des agronomes pour leur résistance aux conditions climatiques difficiles, allant du très chaud au très froid. Le choix des plantes dépend aussi du choix d'un système avec ou sans irrigation. Les plantes sélectionnées pour l'irrigation sont le géranium, l'hémérocalle, le lysimaque et le lilas nain et la liatride à épis. Dans la partie non irriguée on a choisi les mêmes plantes (moins le lilas nain et la liatride) en y ajoutant l'Armoise et le Sedum.

La plantation doit se faire préférablement au cours d'une saison fraîche pour éviter le besoin d'arrosage. Dès la première année, l'objectif est de permettre aux racines des plantes de s'incruster dans le sol afin de faire face à l'hiver.

Avant d'entreprendre la réalisation d'un toit vert, il faut consulter son bureau d'arrondissement quant à l'obtention des permis nécessaires puisqu'il n'existe actuellement aucune réglementation sur le sujet à Montréal.