L'arrivée des premières bécasses du printemps dans mon patelin m'a toujours excité. Cet oiseau discret, relativement difficile à observer en raison de son mimétisme parfait avec son milieu, danse un ballet aérien unique. Spectacle musical aussi que cette parade dans le but de charmer madame bécasse. Un numéro qui m'émerveille chaque fois. Imaginez si j'avais des plumes sur le dos!

L'arrivée des premières bécasses du printemps dans mon patelin m'a toujours excité. Cet oiseau discret, relativement difficile à observer en raison de son mimétisme parfait avec son milieu, danse un ballet aérien unique. Spectacle musical aussi que cette parade dans le but de charmer madame bécasse. Un numéro qui m'émerveille chaque fois. Imaginez si j'avais des plumes sur le dos!

La danse commence d'abord sur le sol lorsque le mâle émet un cri très spécial, un «pint» nasillard très prononcé, souvent audible à des centaines de mètres. Puis l'artiste se met à léviter un petit moment, prend ensuite de l'altitude, jusqu'à 30 ou 40 mètres, parfois le double. Et voilà qu'il descend en spirale, très rapidement, avec un sifflement d'ailes particulier, tout en émettant d'agréables petits cris jusqu'à l'atterrissage. Après un silence de quelques secondes- qui laisse au public le temps de réagir-, le danseur recommence sa complainte en pivotant sur lui-même, nous disent les chercheurs qui ont pu assister à cette partie intimiste du spectacle. Le vol séducteur reprend ensuite cinq, 10, 20 fois durant l'heure, toujours au crépuscule ou à l'aurore.

Un mâle entreprenant

Étrange oiseau que la bécasse. D'abord, ne pas la confondre avec sa cousine la bécassine, au corps plus fin, un oiseau de marais. Notre ballerine est plus trapue et affectionne les bois en régénération. Son bec de 6 à 7 cm est flexible et peut s'ouvrir à l'extrémité pour saisir un ver sous terre. Le bout de ce bec est d'ailleurs fortement innervé dans le but justement de percevoir les proies dans le sol. Ses gros yeux sont situés de chaque côté de la tête, ce qui lui permet d'avoir une vision de 360 degrés. D'ailleurs, contrairement aux autres oiseaux, les oreilles de la bécasse sont situées à l'avant des yeux.

Un peu plus petite que sa cousine d'Europe, la bécasse d'Amérique est répandue un peu partout dans l'est du continent à partir des Prairies, et du Québec jusqu'en Floride. Les populations nordiques migrent la nuit et l'automne. Elles se rendent un peu plus au sud, surtout dans le Maryland, le New Jersey et la Virginie. Chez nous, on la trouve aussi loin que sur la Côte-Nord, en Abitibi et parfois même à la Baie-James, mais le gros de la population est concentré plus au sud. La présence de l'oiseau et la densité de sa population sont étroitement liées à la nature du sol et aux vers de terre, qui constituent la grande partie de son régime alimentaire, parfois même au-delà de 90 %. La bécasse mange aussi une foule d'insectes et de petits invertébrés.

Virtuose de l'acrobatie aérienne, monsieur bécasse est aussi très entreprenant. Il batifole avec plusieurs femelles durant la période de reproduction. Sa vie volage ne lui laisse guère le temps de s'occuper des travaux ménagers et de l'éducation des petits, tâches qui incombent à la femelle.

Le nid de la bécasse se résume à une simple dépression dans le sol et il est pratiquement impossible de le découvrir, nid et couveuse se mariant parfaitement à l'environnement. La couvée compte habituellement trois ou quatre oeufs et la période d'incubation varie de 19 à 21 jours. Nidifuges, les oisillons quittent le nid dans les 24 heures suivant leur naissance. Ils sont minuscules et mignons comme tout.

Je me souviens d'une excursion de pêche dans la réserve de Papineau-Labelle où j'avais vu une bécasse en plein milieu de la route forestière. L'oiseau était immobile. En me voyant sortir de la voiture, il s'était envolé, laissant sur place deux petits d'à peine 5 cm, si frêles qu'un soudain coup de vent avait renversé l'un d'eux sur le dos. Émouvant! Mais maman veille au grain puisqu'elle reste avec la marmaille durant six à huit semaines.

Un dernier mot: si vous voulez assister au ballet aérien de la danseuse au grand bec, circulez lentement en début de soirée dans les petits chemins de campagne, là où on trouve des champs en régénération. C'est d'ailleurs en localisant les «pints» que l'on procède au recensement des populations de bécasses sur le continent.

CHARDONNERETS EN CAPTIVITÉ: AMENDE DE 9450 $

Était-ce en raison d'un amour obsessif ou pour en faire le commerce? Difficile à dire. Il n'en reste pas moins que lorsque, en octobre dernier, les agents de conservation se sont présentés chez lui, dans l'arrondissement de Sainte-Foy, à Québec, Louis Renaud gardait en captivité 91 oiseaux sauvages.

La ménagerie clandestine comptait 25 chardonnerets, 20 cardinaux, 25 bruants, 11 roselins, deux sizerins et six parulines. Le contrevenant vient d'être condamné à une amende de 9450 $, y compris les frais de cour. Selon le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Louis Renaud voulait procéder à des croisements entre les diverses espèces d'oiseaux. Ceux-ci ont tous été remis en liberté, les conditions climatiques étant suffisamment clémentes.

Il s'agit vraisemblablement de la plus importante saisie du genre au Québec. Au Ministère, on signale toutefois que certains amateurs d'oiseaux de compagnie sont mis à l'amende de temps à autre pour le même délit. Habituellement, il n'ont qu'un seul oiseau, le plus souvent un chardonneret, réputé pour son chant mélodieux. D'ailleurs, il est connu parmi les éleveurs qu'un chardonneret jaune mâle peut se reproduire facilement avec un canari et donner des hybrides viables. Il en existe d'ailleurs un certain nombre.

Interrogé à ce sujet, le président de l'Association des éleveurs d'oiseaux de Montréal, Jacques Robichaud, estime qu'élever des oiseaux sauvages en volière ne présente aucun intérêt. Non seulement cela est interdit, mais la plupart des espèces indigènes ont un comportement incompatible avec le confinement d'une cage, si grande soit-elle.

M. Robichaud indique toutefois que, bon an mal an, il reçoit quelques demandes d'Européens qui se disent prêts à payer le gros prix pour obtenir un chardonneret jaune ou un cardinal rouge bien vivant. Ces gens, dit-il, semblent ignorer qu'il est interdit de capturer des oiseaux sauvages pour la garde en captivité partout en Amérique du Nord.