La vie intime des rapaces est exposée aux yeux de tous 24 heures sur 24. Les acteurs, bien involontaires, ne semblent pas trop importunés par cette intrusion. Il faut dire que jusqu'à maintenant, les scènes d'alcôve ont été plutôt rares. Les voyeurs ornithologiques ont néanmoins pu se rendre compte que les relations étaient parfois tendues dans le nid. La caméra est située à une trentaine de centimètres des oiseaux, et les internautes peuvent aussi entendre les propos intimes du couple, peu volubile il faut le dire, si ce n'est de quelques petits grognements amicaux. Cette histoire est devenue le «Loft Story de la côte Ouest», comme l'ont qualifié certains médias.

La vie intime des rapaces est exposée aux yeux de tous 24 heures sur 24. Les acteurs, bien involontaires, ne semblent pas trop importunés par cette intrusion. Il faut dire que jusqu'à maintenant, les scènes d'alcôve ont été plutôt rares. Les voyeurs ornithologiques ont néanmoins pu se rendre compte que les relations étaient parfois tendues dans le nid. La caméra est située à une trentaine de centimètres des oiseaux, et les internautes peuvent aussi entendre les propos intimes du couple, peu volubile il faut le dire, si ce n'est de quelques petits grognements amicaux. Cette histoire est devenue le «Loft Story de la côte Ouest», comme l'ont qualifié certains médias.

Le premier oeuf a été pondu le 21 mars et le second, le 24. Le grand jour est attendu entre le 26 et le 30 avril. On prévoit que des milliers d'internautes se brancheront sur leur écran pour voir l'éclosion en direct. À condition évidemment que la foudre ne vienne pas frapper le nid ou que les oeufs ne soient pas dérobés par des corneilles ou des corbeaux.

Comment tout cela a commencé?

Après s'être installé dans l'île de Hornby afin d'y passer une retraite paisible, Doug Carrick, un ancien professeur, découvre un jour que des pygargues nichent dans un arbre sur sa propriété. En septembre 2004, après l'envol des oisillons, il installe une caméra tout près du nid afin de surveiller éventuellement ses protégés sur son téléviseur. L'été dernier, il a donc eu le loisir de suivre en direct la réfection du nid, d'assister à la ponte d'un oeuf et d'étudier le comportement des rapaces.

L'amateur de téléréalité ornithologique a été contacté par la suite par David Hancock, biologiste et propriétaire d'une maison d'édition consacrée aux auteurs de l'Ouest, afin que la petite famille puisse être vue en direct sur Internet cette année. Ornithologue spécialiste du pygargue à tête blanche- il a écrit un ouvrage sur le sujet et inventorié au moins 150 nids à Vancouver et dans les environs- M. Hancock raconte qu'il avait vu la vidéo de Doug Carrick, notamment l'épisode où la femelle expulse son oeuf. «J'avais étudié et observé des pygargues durant des milliers d'heures dans ma vie, et jamais je n'avais vu une scène semblable, a-t-il confié à La Presse au cours d'une entrevue. J'étais renversé. Je lui ai dit qu'il fallait absolument permettre aux gens d'observer les oiseaux sur le Web».

Ce qui fut fait, avec un succès inespéré. Si le site peut accueillir jusqu'à 4500 visiteurs à la fois, au cours d'une seule journée, plus de 30 000 personnes ont observé les grands rapaces. Jusqu'à maintenant, on parle de millions de visites sur le site. De nombreux élèves suivent aussi l'évolution du couple et on songe à organiser un concours pour trouver des noms aux futurs rejetons. Si cela vous intéresse, vous pouvez suivre l'évolution de la famille au www.hancockhouse.com.

En progression au Québec

D'un poids moyen de 4,2 kilos, d'une longueur de 85 cm et d'une envergure d'aile de 2 m (la femelle est un peu plus imposante que le mâle), le pygargue à tête blanche est probablement l'une des espèces les plus familières au public nord-américain.

Choisi en 1782 comme emblème national des États-Unis par le Congrès (au grand déplaisir de Benjamin Franklin, qui lui préférait le dindon sauvage), l'oiseau fut progressivement exterminé de la plupart des États, sauf en Floride et en Alaska. Dans cet État, on avait même versé, à partir de 1917, une prime pour chaque bête abattue sous prétexte qu'elle nuisait aux saumons sur les aires de reproduction, ce qui s'est révélé complètement faux. Durant les 10 premières années d'application de cette mesure, pas moins de 41 000 pygargues furent abattus.

On estime aujourd'hui la population du rapace à environ 100 000 individus, la grande majorité étant localisée en Colombie-Britannique, en Alaska et, dans une moindre mesure, au Yukon. Mais on rencontre aussi le pygargue un peu partout sur le continent, notamment sur la côte atlantique, jusqu'en Floride. Au Québec, les inventaires menés en 2002 par le biologiste Pierre Fradette, pour le compte de l'Association québécoise des groupes d'ornithologues, faisait état de 52 nids avec des jeunes à l'envol, près de la moitié d'entre eux étant situés dans l'île d'Anticosti. Mais l'oiseau est toujours en progression au Québec, puisque le nombre de territoires où il est présent a augmenté considérablement au cours des dernières années.

Bien qu'on dise souvent que mâle et femelle sont accouplés pour la vie, rares sont les données scientifiques qui permettent de le démontrer. Le couple produit deux oeufs par année, la couvaison est de 30 jours et les jeunes quittent le nid environ 78 jours après l'éclosion. Dans les périodes de disette, il arrive que l'aîné dévore son frérot, une scène qui se retrouverait probablement en manchettes mondiales si elle se produisait en direct à la télé. Si les pygargues adultes sont faciles à identifier, les jeunes, par contre, sont entièrement bruns et peuvent facilement être confondus avec l'aigle royal. Ce n'est pas avant l'âge de 5 ans que les jeunes voient leur plumage changer complètement.

LE CARNET D'OBSERVATION

Observation à Boucherville


Le parc des Îles-de-Boucherville vous invite à participer à une séance d'initiation à l'observation des oiseaux, les 6 et 7 mai, de même que tous les week-ends de mai. La rencontre a lieu l'avant-midi et comporte une heure d'enseignement théorique suivie d'une sortie de deux heures sur le terrain. Les frais sont de 15 $ par personne, guide d'identification et jumelles fournis. Par ailleurs, le parc organise aussi des sorties ornithologiques en canot rabaska d'une capacité de 12 personnes pour observer la faune aquatique des îles. Ces excursions d'une durée de 2 h 30 ont lieu l'avant-midi, les samedis et dimanches, du 22 avril au 28 mai. Les frais sont de 10 $ par adulte (moins de 18 ans, 4,50 $). Réservations: (450) 928-5088. Rappelons que les frais d'entrée au parc sont de 3,50 $ par personne et de 1,50 $ pour les enfants.

Grand succès du concours

Le 6e concours de photographies Le Biodôme-La Presse a connu un succès sans précédent. Pas moins de 1367 photos ont été soumises au jury, 300 de plus que l'an dernier. On a aussi compté une centaine de participants de plus, soit 542. La qualité générale des clichés s'est encore améliorée par rapport aux concours antérieurs, ce qui a rendu la tâche du jury plus ardue. La liste des gagnants sera publiée la semaine prochaine, et toutes les photos seront exposées au Biodôme du 29 avril au 22 mai dans le cadre de l'activité Ornithologie en fête. D'ailleurs, pour la première fois, le public sera appelé à choisir ses propres lauréats parmi les photos qui n'auront pas été retenues par le jury. Plusieurs prix de participation seront offerts à cette occasion et certaines des photos primées seront présentées dans cette chronique.