Même s'il s'agit probablement de l'invertébré qui nous est le plus familier, on en compte plus de 12 000 espèces dans le monde, la fourmi est l'objet d'une foule de préjugés.

Même s'il s'agit probablement de l'invertébré qui nous est le plus familier, on en compte plus de 12 000 espèces dans le monde, la fourmi est l'objet d'une foule de préjugés.

Le courriel de Gabriel Laberge est intéressant à cet égard. Le jardinier de Saint-Bruno aimerait bien con-trôler les fourmis qui grimpent chaque été dans son pommier. «Elles se regroupent sous les feuilles qui, au bout d'un certain temps, s'enroulent et meurent, écrit-il. Les fourmis ne semblent pas s'attaquer aux fruits. J'ai consulté quelques volumes sur la culture biologique et aucun ne considère ces insectes comme nuisibles. Du moins, ils n'en parlent pas. J'ai tenté diverses de méthodes de contrôle, mais avec un succès temporaire seulement. Elles sont toujours réapparues. J'ai constaté par ailleurs que sous les feuilles où les fourmis s'installent, il semble y avoir des petits oeufs. Que faire ?»

Il ne faut pas se fier aux apparences, dit le dicton. Les fourmis ne sont absolument pas en cause dans la chute des feuilles de votre pommier. Les responsables du problème sont plutôt les minuscules pucerons installés sous la feuille et qui vous semblent des petits «oeufs». Ces insectes qui se reproduisent à grande vitesse (plusieurs n'ont pas besoin de mâles pour se reproduire) sucent la sève de la feuille qui finit pas tomber. Un des produits de la digestion des pucerons est un miellat sucré, une substance qu'adorent les fourmis.

«Contrairement à la croyance populaire, la grande majorité des fourmis se nourrissent exclusivement de matière animale, notamment d'insectes comme les chenilles ou d'animaux en décomposition», expli-que André Francoeur, professeur émérite à l'Université du Québec à Chicoutimi, une sommité québécoise dans le monde des fourmis. «C'est le cas de la presque totalité des 100 espèces qui existent au Québec en incluant la demi-douzaine introduite au cours des années. Certaines sont granivores, mais elles sont très rares et ne présentent aucun danger», précise-t-il.

Les fourmis apprécient aussi les matières sucrées. C'est pourquoi, elles vont se délecter du miellat produit par les pucerons qu'elles n'hésiteront pas à l'occasion à entretenir et même à élever à cette fin, un peu comme on le fait pour un troupeau laitier. Ce goût du sucre explique aussi leur présence dans nos maisons où elles vont grignoter les miettes de biscuits, gâteaux, bonbons et autres friandises. Par ailleurs, en climat tropical, il est fréquent d'observer de longues filées de fourmis en train de transporter des morceaux de feuilles. Ces espèces, des fourmis processionnaires ou découpeuses de feuilles, vont justement déposer le fruit de leur cueillette dans leur fourmilière afin d'entretenir une culture de champignon qui sert, elle, à nourrir les larves de la colonie.

Des fourmis dans le bois

De toutes les espèces présentes au Québec, seules les fourmis charpentières peuvent poser des problèmes, surtout deux d'entre elles en raison de leurs populations importantes. Ces fourmis ne mangent pas de bois (seuls les termites peuvent digérer la matière ligneuse), mais elles creusent des galeries dans les billots déjà affectés par la carie ou la décomposition et peuvent affecter la structure d'un immeuble après quelques années d'invasion. On peut les détecter par le bran de scie déposé à la base de leurs tunnels et il est relati-vement facile d'en venir à bout avec des pièges spéciaux.

Mais la fourmi la plus abondante au Québec est la fourmi noire. C'est elle qui fait des petits monticules sur le gazon lorsque la pelouse pousse sur un sol très sablonneux. Si besoin en est, on peut s'en défaire avec une solution d'eau vinaigrée ou de borax, avec un insecticide domestique à base d'infusion de rhubarbe, ou encore un insecticide biologique plus tradi-tionnel.

Le gazon est aussi l'hôte de la fourmi brune, souvent très abondante mais qui ne fait pas de dommages apparents. Par contre, elle élève parfois des pucerons sur les racines, lesquels peuvent alors être des vecteurs de maladies fongiques.

Signalons par ailleurs qu'il très rare que les pucerons soient nombreux dans un arbre au point d'endommager sa croissance ou de compromettre son existence. D'ailleurs, leur grand nombre est souvent le résultat d'une fertilisation trop abondante en azote qui a provoqué une prolifération de feuilles. Pour les éliminer, on peut vaporiser sous le feuillage une solution d'une à deux cuillerées de savon à vaisselle par litre d'eau, mais à raison d'un traitement par jour, à tous les deux jours durant un mois. Plus facile encore, disposer une mince couche d'une substance collante à la base du tronc, comme le Tanglefoot.