Ici, au Québec, un quotidien a mentionné que le chasseur avait été blessé grièvement, et l'articulet était accompagné d'une photo d'oie des neiges. Voilà qui m'a intrigué.

Ici, au Québec, un quotidien a mentionné que le chasseur avait été blessé grièvement, et l'articulet était accompagné d'une photo d'oie des neiges. Voilà qui m'a intrigué.

Une recherche sur Internet m'a permis de découvrir que le chasseur en question avait été soigné pour de violents maux de tête et qu'il avait obtenu son congé deux jours après son hospitalisation. Quant à l'oie des neiges, elle n'avait pas sa place dans l'histoire parce que cette espèce n'est pas chassée dans ce pays. En réalité, l'oie la plus prisée par les chasseurs suédois est... la bernache du Canada, une espèce introduite. On parle d'une récolte annuelle de 34 000 oiseaux par année comparativement, par exemple, à 9500 oies cendrées, un palmipède typiquement européen.

Je savais que la Suède est un paradis de la chasse à l'orignal (103 000 bêtes abattues par année), mais j'ignorais à quel point et surtout le type de gibier ailé qu'on y chassait.

La bernache du Canada est un des gibiers d'eau les plus chassés en Suède

La population du pays est de l'ordre de 9 millions d'habitants et on y compte autour de 300 000 chasseurs. Tout ce monde abat annuellement, en plus des orignaux, 160 000 daims et 130 000 chevreuils- les vrais, plus petits que notre cerf de Virginie. Chez les oiseaux, le canard colvert est parmi est les plus populaires et 103 000 sont inscrits annuellement au tableau de chasse.

Mais ce qui m'a intrigué, sinon renversé, c'est qu'on y tuait aussi 123 000 pies bavardes, près de 150 000 corneilles noires, 65 000 choucas des tours et même 17 000 goélands argentés ou mouettes rieuses, et 26 000 geais des chênes, un oiseau semblable à notre geai bleu. Toutes des espèces qu'on aurait pu croire protégées, du moins en partie. Situation étrange. Contrôle de population, explique-t-on simplement à l'ambassade.

Il faut dire que, en Europe, il est permis de chasser une foule d'oiseaux qui seraient normalement sous protection en Amérique du Nord. C'est le cas du geai des chênes, qui est parfois considéré comme nuisible, notamment dans les cultures de maïs. Il existe même un traité en français sur la chasse récréative du geai des chênes et autres petites espèces d'oiseaux. Certains chasseurs le mangent.

De la Scandinavie au Moyen-Orient

Le geai des chênes est répandu partout en Europe, des îles britanniques à la Scandinavie et à la Russie, mais aussi en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. D'une trentaine de centimètres de longueur, il est de la taille de notre geai bleu, dont il partage d'ailleurs plusieurs traits de personnalité.

Souvent considéré comme un oiseau sentinelle, il alerte tous ses congénères d'une présence étrangère sur son territoire. Ce corvidé aux vifs coloris fait aussi de nombreuses caches de nourriture. À l'occasion, il placera même des cailloux près de son butin afin de mieux repérer l'endroit quand il y reviendra. Comme notre geai est considéré comme un important facteur de reforestation dans l'est de l'Amérique du Nord, on peut imaginer qu'il en est de même de son petit cousin européen.

Il se nourrit surtout de faines et de glands, qu'il brise avec de solides coups de bec. Son régime alimentaire est composé également de fruits, de graines, de céréales et de nombreux insectes, notamment de chenilles, dont il nourrit sa progéniture. Comme c'est le cas chez le geai bleu, le menu comprend régulièrement des oeufs et des oisillons, une habitude qui lui vaut probablement plusieurs ennemis en Suède.

Considéré comme méfiant et discret, le geai des chênes est surtout une espèce forestière qui fréquente de temps à autre jardins et vergers. Au cours de l'hiver, on le voit aux mangeoires, où il apprécie particulièrement les arachides. Si l'espèce est considérée sédentaire dans une bonne partie de son aire de distribution, les populations nordiques migrent vers le Sud.

Le geai des chênes produit une seule nichée d'environ cinq petits par année. On estime toutefois que le taux de mortalité avant l'envol atteint parfois 80 %, une situation attribuable aux corneilles, aux écureuils et aux humains.