À cause de ses relations houleuses avec les producteurs céréaliers et son air suspect, le quiscale bronzé, par exemple, aurait sûrement été une victime parfaite. Et si le texte avait été rédigé par Danièle André, une lectrice qui m'écrit toute son aversion envers cet oiseau, la célèbre phrase de la fable serait évidemment devenue: «Haro sur le quiscale!»

À cause de ses relations houleuses avec les producteurs céréaliers et son air suspect, le quiscale bronzé, par exemple, aurait sûrement été une victime parfaite. Et si le texte avait été rédigé par Danièle André, une lectrice qui m'écrit toute son aversion envers cet oiseau, la célèbre phrase de la fable serait évidemment devenue: «Haro sur le quiscale!»

En juillet dernier, Mme André raconte que son chaton a été pris à partie par six ou sept quiscales, alors qu'il jouait sur le balcon. «Ils se sont mis à piailler agressivement puis à voler en rase-mottes en essayant vraisemblablement d'attraper mon chaton... Je n'aimais déjà pas cet oiseau disgracieux et envahissant, maintenant je le déteste», écrit-elle. La dame estime en outre que la baisse du nombre de nichées d'hirondelles dans l'immeuble où elle habite et la diminution des jeunes merles dans son patelin sont attribuables à l'oiseau noir.

«Je sais que vous avez déjà parlé des quiscales en tentant de leur donner un peu d'intérêt, notamment en parlant de leur plumage, mais pour moi, cet oiseau, qui n'est pas indigène, est un prédateur qui fait fuir les moineaux et les hirondelles, et pour lequel je ne vois aucune utilité.» Et vlan!

Il est vrai que plusieurs observateurs d'oiseaux n'aiment pas les quiscales bronzés. D'ailleurs, chaque année, je reçois de nombreux courriels demandant comment les éloigner des mangeoires. La réponse est toujours la même. Malheureusement pour vous, il faudra vous habituer à vivre avec la bête qui, incidemment, est une espèce indigène, et l'une des plus répandues et des plus abondantes sur le continent, un phénomène dû à la progression de l'agriculture, surtout dans l'Ouest américain.

À vrai dire, le quiscale bronzé est l'une des espèces considérées parmi les plus nuisibles à l'agriculture céréalière, notamment dans les productions de maïs et de riz, mais aussi dans les champs d'arachides et les vergers de cerises, indique la banque de données de Birds of North America on Line, gérée par le laboratoire d'ornithologie de l'Université Cornell, dans l'État de New York. Ce penchant naturel à visiter ces immenses garde-manger démontre à quel point l'oiseau sait s'adapter. Son régime alimentaire est végétal dans une proportion de 70 %, mais il mange presque uniquement des insectes (sauterelles, chenilles de toutes espèces, fourmis, etc.) lors de la période de reproduction- des protéines animales qui permettent une croissance rapide de la progéniture. Le quiscale bronzé élève une nichée par année de quatre à sept petits. Après la sortie du nid, les jeunes sont nourris par les parents pendant plusieurs semaines.

Amateur de pêche à gué

Très opportuniste, le quiscale bronzé est aussi amateur de pêche à ses heures. Il peut marcher dans l'eau, jusqu'à la poitrine, pour capturer écrevisses, salamandres, petites grenouilles et «ménés», dont les petits poissons rouges de nos jardins d'eau. À l'occasion, il lui arrive de plonger dans l'eau du haut des airs pour capturer une proie. Le mal-aimé poursuit des souris sur le sol, des chauve-souris en vol, mange des oeufs et des oisillons et s'en prend parfois aux moineaux domestiques qu'il tue d'un bon coup de bec sur le crâne. Cependant, les oiseaux font très rarement partie de son régime alimentaire. La diminution des nichées de merles ou d'hirondelles dans le patelin de Danièle André n'a vraisemblablement rien à voir avec la présence des quiscales.

Par ailleurs, rien dans la documentation scientifique n'indique que l'oiseau noir bouffe du chat... bien qu'il puisse tenter de chasser minou ou même son maître si l'un ou l'autre s'approche de son nid ou de ses petits. C'est le chat qui est un prédateur important du quiscale, surtout des jeunes.

Répandu de Terre-Neuve à l'Alberta et de la Floride au Nouveau-Mexique, le quiscale bronzé atteint une trentaine de centimètres de longueur. Ses yeux jaunes perçants lui donnent souvent un air agressif qui nuit à sa réputation. Son plumage est irisé de jolis reflets violets bien que dans le sud, notamment en Floride, cette irisation reproduise surtout la couleur verte.

Fait cocasse mais bien documenté, ce quiscale utilise parfois des naphtalines trouvées par hasard pour les frotter sur ses plumes afin de profiter de leur caractère insectifuge. D'autres produits lui servent aussi à cette fin, comme la bière ou encore des bouts de cigarettes. On peut le voir également tremper du pain sec dans l'eau avant de l'avaler.

Paradoxalement, un des traits de sa personnalité les moins appréciés est sa grande propreté. Il élimine systématiquement les sacs fécaux de ses petits dans le point d'eau le plus près, une habitude peu appréciée des propriétaires de piscines ou de jardins aquatiques. Heureusement pour ses détracteurs, le quiscale passe l'hiver au sud, mais jamais bien loin, dans les États américains voisins. Et il est un des premiers à fêter le printemps avec nous.

Concours de photos

Le concours de photos Le Biodôme-La Presse aura lieu dans les prochaines semaines et les bulletins de participation seront publiés dans cette page au cours du mois de mars. C'est donc le temps de faire l'inventaire de vos photographies réalisées ces derniers mois, ou encore de sortir votre appareil pour immortaliser les visiteurs à votre mangeoire ou votre sympathique canari.