Voilà d'ailleurs une bonne dizaine d'années qu'elle partage la vie intime des volatiles, étudie leurs habitudes, glanant partout des informations scientifiques sur le sujet, y compris dans des colloques.

Voilà d'ailleurs une bonne dizaine d'années qu'elle partage la vie intime des volatiles, étudie leurs habitudes, glanant partout des informations scientifiques sur le sujet, y compris dans des colloques.

Ex-présidente de l'Association québécoise des amateurs de perroquets, elle donne des conférences, en plus d'animer des forums de discussions et un site Internet dont l'accès est gratuit, et où on trouve de nombreux articles (www.oiselleriepapugi.com).

Depuis sa retraite en 2002, après 32 ans d'enseignement, principalement à la polyvalente De Mortagne de Boucherville, les perroquets sont devenus sa vie. Elle partage quotidiennement son existence avec une quarantaine d'entre eux, dont 20 gris d'Afrique (jaco), plusieurs cacatoès, sans oublier quelques conures, pione et autres. Une jolie ménagerie qui n'a rien d'un poulailler. Et comme si ce n'était pas assez, plusieurs bibelots d'oiseaux décorent son intérieur. Ne cherchez pas de monsieur Papugi. C'était dans une autre vie...

Curieux destin, vous disais-je. Madame Papugi s'appelle en réalité Céline Wendowska, une Polonaise d'origine, née en Allemagne. (Papugi veut dire perroquet en polonais.)

Elle fait ses études secondaires dans une institution française où elle est pensionnaire. En 1966, à 20 ans, elle immigre à Montréal où les perspectives d'avenir sont meilleures. Par le plus grand des hasards, elle rencontre Danielle Odulinski, une ancienne consoeur d'école secondaire, qui vient également d'arriver au Québec et deviendra plus tard, elle aussi, enseignante et experte en... perroquets.

Madame Papugi et deux de ses cacatoès blancs.

Céline Wendowska rêve de devenir vétérinaire, mais se retrouve finalement à l'école normale où elle étudie la biologie. À la même époque, son attrait pour les oiseaux s'amplifie. Elle participe aux sorties de la Société de biologie de Montréal et devient passionnée d'ornithologie. Ce goût pour les bêtes à plumes lui vient probablement de son père, dit-elle. «Je me souviens de ce jeune moineau qu'il avait récupéré. Nous l'avons gardé à la maison quelques jours, avant qu'il ne meure faute de soins appropriés. Puis il y a eu ce merle noir que je nourrissais de vers de terre, moi qui ai toujours détesté les vers, même aujourd'hui. Je tenais la nourriture, qui se tortillait, avec des baguettes. Mon merle m'a finalement faussé compagnie, mais ce contact m'a marquée.»

Durant ses premières années au Québec, Mme Wendowska s'intéresse principalement aux oiseaux sauvages qu'elle nourrit ou abrite dans des nichoirs. La fièvre des psittacidés ne l'a pas encore frappée.

Après un congé sabbatique de trois ans sur un voilier au début des années 90, elle adopte deux conures mitrées de la SPCA, mais rêve de posséder un perroquet gris. Puis lors d'un voyage à Toronto avec Danielle Odulinski, elle fait un détour imprévu chez un éleveur. Pas de chance, tous les jacos sont vendus. Attirée par un cacatoès, le plus petit et le moins beau, elle tombe sous le charme de Victor. «Mais j'en voulais plusieurs autres, allez savoir pourquoi!»

La mort d'une de ses collègues, juste avant qu'elle ne prenne sa retraite, lui a servi de prétexte. «Je me suis dis: je veux des perroquets, je vais en avoir. Pas question d'attendre. Je me lâche lousse», dit-elle dans un grand éclat de rire.

L'apprentissage de Victor et Coco

La joyeuse ménagerie prend forme. Elle achète d'autres oiseaux et accueille ceux qu'on lui donne. Victor doit s'habituer à la compagnie. Esclave consentante et heureuse de son petit monde ailé, Céline Wendowska demeure fascinée par ses protégés. Elle raconte, par exemple, que le caractère du perroquet adolescent, vers l'âge de 2 ans chez plusieurs espèces, diffère grandement de celui de l'adulte. Il est souvent plus agressif, mordeur et criard, ce qui explique pourquoi certains propriétaires s'en débarrassent à cet âge.

Mme Wendowska estime que les propriétaires d'oiseaux devaient tenir compte davantage des besoins biologiques de leurs préférés. «Le hic avec les perroquets, c'est qu'on les humanise trop. Ce ne sont pas des chiens savants. On oublie que ces oiseaux sont habituellement très grégaires, notamment les perroquets gris. À mon avis, même chez un particulier, ils devraient vivre au moins à deux, de préférence en couple formé d'un mâle et d'une femelle. Mieux, ils devraient pourvoir voler...»

Selon elle, le fait d'avoir deux perroquets à la maison ne change guère les relations entre les oiseaux et les humains. «Je le répète, ce sont des oiseaux grégaires. Les perroquets gris, par exemple, vivent en groupes qui peuvent compter plus de 100 oiseaux, et parfois même des centaines.»

Et quel est le préféré de la maison? Le cacatoès Sammy est sans doute le plus espiègle du groupe. Il exécute toutes sortes de cabrioles avec sa maîtresse, en plus d'imiter quelques cris sur demande, notamment le miaulement du chat et l'aboiement du chien. Il souffre cependant de dépression saisonnière. En octobre, lorsque les jours raccourcissent, il a tendance à se dénuder la poitrine, ce qui ajoute à son charme, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Karat, le petit dernier des jacos, est charmant et Victor 1er reste toujours aussi fascinant.

Mme Wendowska se souvient notamment des premiers mois où ce cher Victor s'est retrouvé avec une jolie femelle du nom de Coco. La jolie se tenait souvent accroupie, invitant Victor à lui faire honneur. Manifestement pas encore initié à la chose, le jeune perroquet grimpait sur le dos de sa compagne, la caressait longuement, parfois au point de s'endormir sur elle. Mais Coco était patiente. Le manège a duré presque un an avant que ne s'éveille chez Victor l'instinct de reproduction.

Encore là, les choses ont été plus compliquées que prévu. Les deux premiers oeufs de Coco ont dû être placés dans un incubateur. Il aura fallu trois pontes pour que les parents se décident enfin à s'occuper de leurs petits. «Ils ne faisaient que les couvrir à tour de rôle, sans les nourrir», raconte Mme Wendowska qui a dû prendre les choses en main. «À toutes les heures ou presque, durant la journée, j'allais nourrir les petits avec une pâtée sous les yeux de papa et maman. Il a fallu trois jours de cours parentaux pour que Victor et Coco commencent enfin à nourrir leurs oisillons. J'étais bien fière de mon coup...»

Comment ne pas l'appeler madame Papugi.