À vrai dire, le chat semblait presque indifférent à leur présence. À l'occasion, les petits perroquets jouaient sur leur cage sans que l'impassible félin daigne leur jeter un coup d'oeil. Et lors des sorties de Gertrude, Minet et les inséparables n'avaient jamais eu de différends. Mais il n'est jamais trop tard pour apprendre, même pour un chat tranquille.

À vrai dire, le chat semblait presque indifférent à leur présence. À l'occasion, les petits perroquets jouaient sur leur cage sans que l'impassible félin daigne leur jeter un coup d'oeil. Et lors des sorties de Gertrude, Minet et les inséparables n'avaient jamais eu de différends. Mais il n'est jamais trop tard pour apprendre, même pour un chat tranquille.

Un jour, le sujet d'étude étant sous la main, Minet fut pris d'un intérêt aussi soudain que vif pour l'ornithologie appliquée. Le moment était d'autant plus propice que sa maîtresse était partie faire une course.

À son retour, il ne restait qu'un seul inséparable dans la cage. Minet avait réussi à extirper un des oiseaux à travers les barreaux afin de pousser son examen anatomique. Ce qui devait arriver arriva. Le chat prit tellement goût au sujet qu'il l'avala devant son compagnon, impuissant.

L'histoire devrait se conclure ici. Mais la suite est encore plus tragique.

Traumatisé par la présence du chat et privé de son inséparable compagnon, le perroquet survivant sombra dans la déprime. Il se mit à s'enlever des plumes, puis à se mutiler jusqu'au sang.

Huguette Lalonde, amie de Gertrude et directrice générale de l'Association québécoise des amateurs de perroquets, fut appelée à la rescousse. Suivant ses conseils, le pauvre oiseau fut confié à une passionnée des psittacidés qui possédait déjà deux sympathiques inséparables, en plus d'un lévrier aussi gros qu'«adorable». Adopté par toute la famille, le nouveau venu filait le parfait bonheur et commençait à se remplumer. Confiant en son hôtesse, il s'installait volontiers sur son épaule.

Un jour, alors qu'il se promenait justement sur l'épaule de sa bonne Samaritaine, le malheur survint. Observant sa maîtresse qui se penchait, le lévrier avala l'oiseau, lui qui n'avait jamais touché à une plume de sa vie.

Conclusion: il faut toujours se méfier de nos fidèles compagnons à quatre pattes quand on possède un oiseau de compagnie. Si les écarts de conduite des chiens sont rares, les chats restent toujours imprévisibles. Ce sont des félins et les oiseaux sont des proies naturelles. Dès que l'occasion se présentera, le chat se mettra à table.

Les oiseaux sauvages

Chiens et chats sont beaucoup plus dangereux qu'on ne le croit pour les oiseaux, confirme Michèle Pilote, de l'Hôpital vétérinaire pour oiseaux et animaux exotiques Rive-Sud, à Saint-Hubert. «Les mammifères sont porteurs de bactéries très dangereuses pour les oiseaux. Il suffit, par exemple, d'une minuscule blessure provoquée par un chat, un seul petit coup de griffe par exemple, pour que ces micro-organismes infectent l'oiseau et provoquent sa mort, qui survient habituellement deux ou trois jours après l'incident. Heureusement, les vétérinaires disposent d'antibiotiques très efficaces, mais ils doivent être administrés le plus rapidement possible, dans les 24 heures suivant le drame.»

Les mêmes dispositions s'appliqueraient aussi pour les blessures faites par les furets et les chiens, mais, dans ces cas, les oiseaux sont habituellement tués sur le coup. Mme Pilote insiste: «Pour tout propriétaire d'oiseau de compagnie, un chat est une bombe à retardement.»

Jean Gauvin, de la Clinique vétérinaire de Lachine, travaille en étroite collaboration avec un organisme voué à la réhabilitation des oiseaux sauvages blessés. Selon lui, le public ignore souvent que les chats sont effectivement porteurs de bactéries mortelles pour les oiseaux. Si bien que même si on réussit à sauver un merle, un bruant ou un moineau des griffes ou de la dent d'un chat, par exemple, le mal est déjà fait. À moins de soigner la victime immédiatement avec des antibiotiques.

«Lorsqu'on nous apporte un oiseau qui a été attaqué par un chat, il est souvent trop tard, même si les blessures semblent sans importance. Les bactéries agissent rapidement, mais les symptômes

prennent un certains temps avant de se manifester, parfois deux jours plus tard. Mais alors on ne peut plus rien faire.»