Dommage que cette célébration n'ait pas lieu au printemps alors que les cimetières se transforment en grands jardins, lieux paisibles où les oiseaux volettent et les visiteurs se recueillent.

Dommage que cette célébration n'ait pas lieu au printemps alors que les cimetières se transforment en grands jardins, lieux paisibles où les oiseaux volettent et les visiteurs se recueillent.

D'ailleurs, chaque année, plusieurs paysagistes se font poser la même question: que faire pousser sur une tombe? La réponse est plus complexe qu'on pourrait le croire. Chaque cimetière a en effet ses propres règles. Dans le cas des trois Cimetières-jardins du groupe Urgel Bourgie (Auteuil, Saint-Laurent et Rive-Sud, jonction chemin Chambly et autoroute 30), tous les aménagements floraux sont exécutés par la maison. Aucun monument n'est autorisé, seulement les pierres tombales. Il est également interdit de faire pousser des plantes sur les tombes. Seules les fleurs coupées ou artificielles sont permises.

À d'autres endroits, on peut enjoliver un emplacement funéraire avec des plantes, mais il y a des restrictions. Sur un terrain de trois pieds de largeur et de 10 de longueur, (1 m x 3 m ), la plus petite dimension pour un cercueil, seule la surface comprise entre la largeur du monument, jusqu'à une distance de 45 à 60 cm, peut habituellement être aménagée. Évidemment, si le terrain est plus grand, l'aménagement prendra de l'ampleur. Habituellement, les espaces réservés aux urnes funéraires ne peuvent faire l'objet d'une plantation en raison de leurs dimensions restreintes.

Dans certains cas, il est possible de planter un arbuste de part et d'autre du monument, à la condition que son port soit élancé et qu'il ne vienne pas faire ombrage, dans tous les sens du terme, au terrain voisin, ni nuire à la tonte du gazon. Au Repos Saint-François-d'Assise, rue Sherbrooke Est, les plantes à épines, comme les rosiers, sont interdites. Le paillis ou les cailloux décoratifs ne peuvent être utilisés et chaque aménagement doit être limité par une bordure en plastique pour fin de conformité.

Au Cimetière près du Fleuve (Alfred Dallaire), à Longueuil, à deux pas de l'autoroute 20, les plantes doivent d'abord être approuvées par la direction. Pas question de planter du muguet, par exemple, parce que la plante est trop envahissante.

Le Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, sur les flancs du mont Royal, se distingue. Toute une équipe d'horticulteurs travaille à son embellissement et à son entretien. Il est le deuxième cimetière en importance en Amérique du Nord, et c'est le plus beau, vous diront volontiers ses dirigeants. On y compte plus de 80 000 sépultures où reposent environ 900 000 dépouilles.

Ici, on ne peut déposer de fleurs artificielles sur les tombes, seulement sur le monument funéraire, une tradition qui est répandue un peu partout. Aucune restriction n'est imposée quant aux variétés de végétaux utilisées par les particuliers. Le propriétaire du terrain doit cependant s'engager à tailler les arbustes au besoin pour éviter que leur feuillage ne déborde sur l'emplacement voisin ou nuise aux tondeuses.

«La beauté des lieux est une préoccupation constante, dit Johanne Duchesne, responsable du marketing. Nous vendons même sur place certaines plantes comme des pivoines ou des hortensias en plus d'offrir un service d'aménagement. Nous pouvons aussi entretenir les concessions de 300 pieds carrés et plus. Sur les terrains ensoleillés, nous plantons des géraniums (pélargoniums), des cinéraires ou des ageratums, des annuelles particulièrement résistantes. Pour les endroits ombragés, nous préférons les bégonias ou des impatientes. Mais attention, l'entretien des plantes et surtout l'arrosage sont la responsabilité du client.»

Cette contrainte s'applique d'ailleurs partout. C'est donc en tenant compte de cette exigence, ainsi que de l'entretien et des dimensions restreintes de nos jardins mortuaires, que j'ai élaboré avec l'aide d'horticulteurs, une liste, bien incomplète il va sans dire, de plantes vivaces qui peuvent convenir aux cimetières. Signalons que le terreau peut être amendé facilement si besoin est. Quant aux annuelles qui sont innombrables, elles exigent normalement un arrosage soutenu, beaucoup plus fréquent que dans le cas des vivaces bien établies. Il sera avisé aussi de conserver un espace libre entre le gazon et votre aménagement pour éviter que vos plantes ne soient fauchées par la tondeuse.

Certains, comme l'anthropologue et auteur Serge Bouchard, préfèrent la simplicité. Dans son dernier livre Les corneilles ne sont pas les épouses des corbeaux, il insiste: «Oubliez vos roses et vos azalées, laissez sur ma tombe pousser des talles de pissenlits.» Je suis aussi de ceux qui aiment le jaune bien vivant des pissenlits, mais je ne suis pas certain que ceux-ci, déjà honnis sur les terrains des banlieues, soient tolérés dans les cimetières.

On peut voir plusieurs petites roseraies au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Le hic, c'est que cette plante exige un entretien et un arrosage constants durant l'été.

Lavande

Elles aiment un sol sec et ensoleillé. Leur feuillage est vert tendre et elles produisent des épis de petites fleurs bleues. Peu ou pas d'entretien. On coupe le bois mort au printemps.

Thym

Plusieurs espèces et variétés possèdent un feuillage panaché très contrasté. D'autres sont rampants et produisent des fleurs très odorantes. Plante peu assoiffée qui aime le soleil.

Buis

Les buxus de leur nom scientifique ont un feuillage persistant; on s'en sert habituellement comme petite haie. Le hic, c'est que les branches non couvertes de neige ont tendance à geler. Une exception à règle : le minibuis «Mont-Bruno», qui ne dépasse pas les 15 à 20 cm, et qui, pour cette raison, est toujours recouvert de neige. Une plante à croissance extrêmement lente, un cultivar québécois tout nouveau, dont je vous reparlerai bientôt.

Bergénie

Les bergenia ont de grosses feuilles très charnues, luisantes, vert foncé, qui sont persistantes même en hiver. Faciles d'entretien, de croissance plutôt lente, elles fleurissent au printemps et parfois une deuxième fois au cours de l'automne. Soleil ou mi-ombre. On ne doit pas les couper, sauf les feuilles mortes ou endommagées.

Berberis

De nombreuses espèces d'arbustes et même d'arbres ont donné des cultivars de petite taille. C'est le cas notamment des spirées, des cotoneaster, des berberis et même de plusieurs conifères. J'ai un faible pour les épines-vinettes (berberis), notamment le cultivar Aurea Nana au feuillage jaune vif qui ne dépasse guère les 50 cm de hauteur ou encore le petit «Concorde» au feuillage rouge. J'ai aussi craqué depuis un bon moment pour «Rose Glow» au feuillage rouge panaché de rose qui atteint toutefois 1,5 m de hauteur. Mais on peut le tailler pour réduire ses ambitions.

Pulmonaires

Si vos plantes peuvent disposer d'un sol riche qui retient bien l'humidité et que votre terrain est partiellement ombragé, les pulmonaires pourraient très bien faire l'affaire. En plus de donner de jolies fleurs bleues sur une période de quatre semaines au printemps, le feuillage du brunnera «Jack Frost» est vert tendre couvert de givre argenté, comme l'indique son nom. Son cousin «David Ward», au feuillage panaché vert et jaune, donne de petits bouquets de fleurs orange durant au moins six semaines. On rase à l'automne.

Sedum et hosta, un beau mariage.

Hostas

Il en existe une multitude de variétés, de toutes dimensions. Chez les plus volumineuses, un seul plant peut occuper à lui seul tout l'espace disponible sur un petit terrain. Plantes de milieu mi-ombragé, plusieurs poussent néanmoins sans problème au soleil. Généralement peu exigeantes en eau, sauf en période de longues canicules. On rase au niveau du sol après le gel.

Graminées

Plusieurs se prêtent aux terrains minuscules, notamment les fétuques au feuillage bleuté ou encore les Helictotrichon sempervivens au feuillage panaché. Peu ou pas d'arrosage. On rase au niveau du sol après le gel. Les espèces de grandes tailles peuvent aussi être intéressantes (notamment Miscanthus senensis variegatus si on dispose de l'espace approprié) mais elles sont plus exigeantes en eau. Certaines, comme Miscanthus saccariflorus, sont extrêmement envahissantes. Les variétés d'Hakonechloa macra, au feuillage jaunâtre, ne dépassent guère les 60 cm de hauteur et poussent très bien à l'ombre.

Lamium

Très résistants à la sécheresse. Ils ne dépassent guère les 15 cm de hauteur, leur feuillage est joliment panaché et ils produisent des fleurs bleuâtres sur une longue période. Il y a parfois une nouvelle floraison à l'automne. Très voisin, le Lamiastrum atteint près de 30 cm de hauteur et donne une profusion de fleurs jaunes.

Euphorbes

Les espèces et variétés ne se comptent plus. Leurs formes sont très variées et le feuillage original de plusieurs d'entre elles reste beau du printemps à l'automne. Très résistantes à la sécheresse, elles exigent toutefois le plein soleil. On rase après un premier gel.

Les sédums, notamment les cultivars de Sedum spectabile, sont parmi les plantes qui conviennent le mieux pour enjoliver un emplacement dans un cimetière.

Sédums

Sans doute la plante qui convient le mieux, principalement en milieu ensoleillé, mais parfois dans un endroit légèrement ombragé. On en trouve des dizaines d'espèces et variétés, aux coloris variés. Ces plantes n'exigent pas d'arrosage. Attention aux espèces rampantes qui sont souvent envahissantes. On rase au niveau du sol après le premier gel.

Fougères

Plusieurs espèces et variétés de fougères, dont certaines fort jolies, poussent facilement dans un milieu riche, même si l'arrosage fait défaut pendant un certain moment. C'est le cas notamment des variétés de fougères peintes (Athyrium nipponicum) ou encore la délicate capillaire du Canada. Certaines grandes fougères sont envahissantes avec le temps, notamment la Matteucie ou fougère plume d'autruche. On rase en fin de saison.

Bulbes

On peut facilement obtenir des fleurs sur une longue période en utilisant diverses espèces de plantes bulbeuses à floraison printanière. Mais il faudra éliminer le feuillage sec à la fin de leur maturité.