«Cheddar», est un nom qui va à merveille à ce chou-fleur orange vif. Mieux encore, il ne se décolore pas à la cuisson et prend même une teinte encore plus foncée. Une beauté automnale. Son goût est légèrement plus doux et plus sucré que celui de ses petits cousins. De plus, «Cheddar» contient 25 fois plus de vitamine A ou bêta-carotène, un antioxydant important pour la santé.

«Cheddar», est un nom qui va à merveille à ce chou-fleur orange vif. Mieux encore, il ne se décolore pas à la cuisson et prend même une teinte encore plus foncée. Une beauté automnale. Son goût est légèrement plus doux et plus sucré que celui de ses petits cousins. De plus, «Cheddar» contient 25 fois plus de vitamine A ou bêta-carotène, un antioxydant important pour la santé.

Lancé sur une petite échelle, en 2004, aux États-Unis et au Canada, il est offert un peu partout au Québec cette année, du moins dans la région métropolitaine. Attention! En dépit de sa couleur étonnante, «Cheddar» n'a rien à voir avec les OGM et n'est pas le résultat d'une manipulation génétique. Vous pouvez même acheter des graines par le catalogue Stokes, si le coeur vous en dit. Et contrairement au chou-fleur blanc, par exemple, vous n'aurez pas à attacher les grandes feuilles du plant autour de l'inflorescence pour qu'il garde sa couleur.

L'histoire de «Cheddar» est fascinante. Sa découverte remonte à 1970 dans une culture de Bradford Marsh, au nord de Toronto, une des régions agricoles les plus prospères en Ontario. Il s'agissait alors d'un chou-fleur d'à peine 5 cm de diamètre (2 pouces) de couleur orangée mais plutôt pâle. Rien d'intéressant, à première vue.

Pourtant, il semble bien que l'étrange mutant ait attiré l'attention de quelqu'un (c'est la partie mystérieuse de l'histoire), puisque ses graines se retrouvent à l'Université de la Colombie-Britannique qui les envoie ensuite en Angleterre au Centre national de recherche sur les légumes. Puis, retour en Amérique. Le chercheur Michael Dickson, qui travaille à la Station expérimentale d'agriculture de l'État de New York à Geneva, un spécialiste en génétique, met la main sur le petit trésor et entreprend ses recherches. Nous sommes en 1980.

«Curieusement, personne ne s'était intéressé à cet étrange chou-fleur en Angleterre, raconte à La Presse le scientifique, maintenant retraité. Bien sûr, il était maigrichon et pâlichon. Mais le gène responsable de la présence du bêta-carotène et du pigment jaunâtre était dominant. Voilà qui offrait des perspectives très intéressantes. C'était un beau défi. D'autant plus qu'il n'existait pas de chou-fleur orange sur le marché.»

Il a fallu huit ans d'hybridation avec de nombreuses autres variétés de chou-fleur pour obtenir un légume plus gros au coloris plus foncé. «Le hic, c'était de trouver la bonne variété pour faire le croisement. La plupart du temps, nous nous retrouvions avec un chou-fleur plus pâle», poursuit-il. Les résultats sont prometteurs et en 1989, les semences des rejetons du chercheur sont offertes à plusieurs grainetiers afin qu'ils poursuivent eux-mêmes leurs travaux d'hybridation. Et ils se mettent à la tâche. Mais il faudra attendre 2003 avant que les premiers résultats ne soient connus du public.

L'an dernier, la firme Johnny's Selected Seeds, du Maine, compagnie dont le catalogue de détail est bien connu des amateurs de potager, met en vente 5000 semences de son chou-fleur orange nommé «Citrus». Quelques semaines plus tard, la firme Seminis de Californie lance sur le marché son propre chou-fleur baptisé «Cheddar». L'hybride «Citrus» cède immédiatement la place.

Très peu connue du grand public, Seminis en mène large, très large. Il s'agit de la plus importante entreprise de semences au monde acquise récemment par Monsauto, son chiffre d'affaires annuel dépasse les 500 millions US dont 50 sont consacrés à la recherche. Elle compte plus de 2000 employés, vend dans 150 pays et produit dans 25 d'entre eux. La carrière de «Cheddar» ne fait donc que commencer. Par exemple en Europe, l'Italie et la Grèce sont de très grands consommateurs de chou-fleur.

Au Canada, Stokes a vendu 1,3 million de graines de «Cheddar» au Québec mais seulement 150 000 en Ontario. «En matière de nouveaux produits potagers, les producteurs québécois sont souvent plus audacieux que les Ontariens», dit Marc-André Laberge, représentant chez Stokes.

Bon appétit!