«Nous avons découvert à l'époque des sortes de boules brunes grosses comme un petit pois, mais d'autres plus grosses (comme un jaune d'oeuf). Notre conseiller au centre jardin nous a dit d'enlever manuellement toutes ces boules et de bien rincer le sécateur ainsi que nos mains à l'alcool entre chaque coupe. De plus, nous avons traité les arbres avec du Bordo. Rien n'y fait... Plus nous en coupons, plus il y en a. Paraîtrait-il qu'il doit y avoir des aubépines dans le coin mais nous avons beau chercher nous ne les retrouvons pas.

«Nous avons découvert à l'époque des sortes de boules brunes grosses comme un petit pois, mais d'autres plus grosses (comme un jaune d'oeuf). Notre conseiller au centre jardin nous a dit d'enlever manuellement toutes ces boules et de bien rincer le sécateur ainsi que nos mains à l'alcool entre chaque coupe. De plus, nous avons traité les arbres avec du Bordo. Rien n'y fait... Plus nous en coupons, plus il y en a. Paraîtrait-il qu'il doit y avoir des aubépines dans le coin mais nous avons beau chercher nous ne les retrouvons pas.

Nous nous demandons vraiment si nous ne devrions pas tout simplement les remplacer par une autre espèce (thuyas ou feuillus), car la chasse à la rouille devient de plus en plus fastidieuse et il y en a de plus en plus... c'est vraiment décourageant. Bien qu'ils soient encore d'un beau bleu-vert, nous avons peur qu'ils dépérissent avec les années et deviennent desséchés et brunâtres comme plusieurs de cette espèce qu'on voit dans les aménagements.

Nous voudrions savoir s'il y a un moyen définitif de se débarrasser ce cette maladie. S'il n'y a vraiment rien à faire, par quelle espèce d'arbre peut-on les remplacer (de croissance assez rapide tout de même)?»

Maladie complexe

La rouille du genévrier, aussi appelée rouille-tumeur du genévrier, est une maladie très complexe. D'abord, il y a plus d'une espèce (ce n'est donc pas une maladie, mais plusieurs), mais surtout, c'est une maladie qui a absolument besoin de deux hôtes différents, successivement. Si l'un ou l'autre des hôtes est absent du secteur, la maladie ne peut plus progresser. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, il peut valoir la peine de tailler les galles orangées qui se forment sur les genévriers. Sinon, on a beau stériliser ses outils de taille, la maladie sera de retour l'année suivante.

Les différentes formes de la maladie ont divers hôtes préférés. L'un des hôtes est toujours un genévrier (Juniperus spp.); l'autre est un pommier ou un pommetier (Malus spp.) dans le cas du Gymnosporangiuim juniperus-virginianae et une aubépine dans le cas du G. globosum. Il existe aussi des formes ayant comme hôte alternatif les sorbiers, les cognassiers, les poiriers et les amélanchiers, mais ces formes ne sont pas courantes dans nos régions.

Pas de pommier, pas de problème

Une façon de prévenir la rouille du genévrier est de toujours s'assurer qu'il n'y a aucun pommier, pommetier ou aubépine à moins de 150 m quand on plante un genévrier ou de faire exactement le contraire: ne planter aucun genévrier à moins de 150 m d'un pommier, d'un pommetier ou d'une aubépine. Or 150 m, c'est trois fois la largeur d'un terrain de banlieue typique. Autrement dit, à moins que tous les voisins se mettent d'accord pour éviter une plante ou l'autre, il y a peu de chances de succès.

L'autre possibilité est de planter uniquement des variétés résistantes à la maladie. Malheureusement, on ne vous dit pas à l'achat quelles plantes sont résistantes. D'ailleurs, presque tous les genévriers au port dressé sont très susceptibles à cette maladie; même, souvent ils sont déjà infestés à l'achat!

Heureusement qu'il existe de nombreux pommetiers et pommiers qui sont résistants, et aussi quelques aubépines, mais encore, ce détail n'est jamais indiqué en pépinière. Actuellement, les pépiniéristes se lavent les mains du problème, disant que c'est à l'acheteur de poser les bonnes questions. Si on ne s'informe pas, donc, il est plus probable que vous achèterez une variété susceptible, car elles dominent le marché, qu'une variété résistante.

Susceptibles et résistants

La plupart des genévriers sont potentiellement susceptibles à la rouille, mais deux espèces sont toutefois les hôtes principaux: le genévrier des Rocheuses (Juniperus scopulorum) et ses cultivars, comme «Skyrocket», «Tolleson's Blue Weeping», «Moffetii», «Blue Arrow» et «Wichita Blue», et le genévrier de Virginie (J. virginiana) et ses cultivars, comme «Grey Owl». Notez que tous ces genévriers ont un port dressé. D'ailleurs, souvent ces genévriers sont déjà infestés de la maladie à l'achat, car la rouille du genévrier est endémique en pépinière.

Les genévriers étalés ou rampants des espèces J. horizontalis, J. chinensis, etc. sont moins susceptibles à la maladie, et d'ailleurs plusieurs de leurs cultivars sont résistants. De plus, habituellement les plants sont libres de la maladie à l'achat. Par contre, s'il y a des genévriers dressés dans le coin, ils infecteront les pommiers, les pommetiers et les aubépines du secteur, qui transmettront éventuellement la maladie même aux genévriers rampants et étalés.

Un seul genévrier semble vraiment libre de rouille dans toutes les circonstances: le genévrier sabine (J. sabina). C'est un genévrier étalé à rampant, dont il existe plusieurs cultivars: «Blue Danube», «Tamariscifolia», Variegata et plusieurs autres.

Parmi des cultivars bien résistants appartenant à d'autres espèces, il y a certains genévriers communs (J. communis depressa et Suecica, par exemple), plusieurs genévriers de Chine (notamment J. chinensis «Pfitzeriana», «Pfitzeriana Aurea» et 'Pfitzeriana Compacta') et quelques genévriers horizontaux (J. horizontalis «Argenteus» et «Douglasi», entre autres).

Si vous avez des genévriers malades

La solution la plus facile au problème de la rouille du genévrier est bien sûr de planter des genévriers résistants à la maladie et de les assortir à des pommiers, à des pommetiers ou à des aubépines tout aussi résistants. Mais comme il est presque impossible de contrôler ce que plantent vos voisins, si vous remarquez que vos genévriers sont atteints (la maladie est moins facile à déceler chez les pommiers, les pommetiers et les aubépines, car les symptômes peuvent se confondre avec ceux d'autres maladies), arrachez-les, tout simplement. C'est que, s'ils sont malades, il y a un hôte alternatif dans les environs, probablement chez un voisin, et donc la maladie reviendra annuellement, peu importent vos efforts de la contrôler par la taille ou des traitements aux fongicides.