On avait entendu parler de la tulipe «Ice Cream» en 2000, mais ce n'est que cette année qu'elle a été mise en vente, du moins au Canada, en très petite quantité et à un prix extrêmement élevé. La tulipe «El Cid» fait aussi son entrée sur le marché mondial cet automne. Mais cette fois, les bulbes sont vendus presque à prix courant et si le coeur vous en dit, vous pouvez en acheter des centaines. La différence s'explique par le marketing.

On avait entendu parler de la tulipe «Ice Cream» en 2000, mais ce n'est que cette année qu'elle a été mise en vente, du moins au Canada, en très petite quantité et à un prix extrêmement élevé. La tulipe «El Cid» fait aussi son entrée sur le marché mondial cet automne. Mais cette fois, les bulbes sont vendus presque à prix courant et si le coeur vous en dit, vous pouvez en acheter des centaines. La différence s'explique par le marketing.

«Tous les ans, les grossistes et les courtiers en bulbes se voient offrir des dizaines de nouvelles variétés de tulipes, parfois plus de 200. Mais il faudra attendre quelques années encore pour que celles qui ont retenu l'attention soient mises en vente, quand le nombre de bulbes sera suffisant», explique l'agronome Paul Jansen, représentant de la marque de commerce Simple Pleasures au Québec, un nom très connu chez nous dans le domaine des plantes bulbeuses. L'offre des producteurs est telle, que chaque année, distributeurs et comptoirs postaux dans le monde peuvent vendre plusieurs nouveaux cultivars de tulipes qui leur sont exclusifs. Mais le nombre de bulbes offerts sur le marché varie considérablement selon les variétés.

Par exemple, pour qu'une nouvelle tulipe puisse se vendre sous l'étiquette Simple Pleasures, le producteur devra fournir habituellement un minimum de 50 000 bulbes, ce qui correspond à 500 boîtes, les tulipes étant habituellement vendues aux détaillants en lot de 100. Cette marque appartient à trois compagnies qui desservent l'Amérique du Nord, l'Angleterre et depuis peu, la Russie.

Toute la production de la tulipe «El Cid» est donc commercialisée par Simple Pleasures qui a conclu un contrat d'exclusivité de cinq ans avec le bulbiculteur. Un peu à l'exemple du cultivar «Antoinette» qui porte d'ailleurs la même étiquette, cette tulipe d'une cinquantaine de centimètres est colorée de jaune et de rouge et change de couleur avec le temps. Le rouge devient très foncé ce qui accentue d'autant le contraste.

«Chaque compagnie et chaque producteur a sa stratégie de mise en marché. Dans le cas de "Ice Cream", par exemple, en raison du nombre limité de bulbes disponibles, on aura probable-ment misé sur le prix fort et une distribution très limitée, fait valoir M. Jansen. Mais il faut garder à l'esprit qu'il y a toujours un risque pour une compagnie de commercialiser une tulipe à grande échelle. Le public peut ne pas l'aimer. Dans le cas de "El Cid", nous avons même vendu de petites quantités de bulbes pour connaître la réaction des amateurs. La réponse a été excellente.»

Pour obtenir une fleur de tulipe à partir d'un semis, il faut habituellement cinq ans, parfois beaucoup plus. Si la nouvelle variété plaît, elle sera multipliée de façon végétative pour con-server le potentiel génétique, un bulbe donnant seulement quelques bulbilles annuellement. À ce rythme, il faut souvent une quinzaine d'années pour obtenir 100 000 bulbes.

Depuis peu, on tente de mettre au point des techniques de reproduction en laboratoire afin de raccourcir ces délais. Dès la production des premiers bulbes, on multiplie la plante par milliers. Ces plantules sont mises en terre en champs pour quelques années. On pourra ainsi obtenir ainsi une quantité considérable de bulbes prêts à vendre dès les premières récoltes. À la condition évidemment que la nouvelle variété présente une lignée génétique très stable et qu'elle soit résistante aux viroses. Certains cultivars très pro-metteurs n'ont jamais pu être mis en marché parce que trop sensibles aux maladies.

Rappelons qu'il existe plus de 5000 variétés de tulipes dans le monde dûment enregistrées, que les Pays-Bas comptent environ 300 exportateurs et que 25 d'entre eux contrôlent autour de 50% de la production de bulbes du pays, toutes espèces confondues.

La production néerlandaise atteint les 10 milliards de bulbes par année, soit 65% des récoltes mondiales et les exportations annuelles sont évaluées à près d'un milliard canadien. Le tiers des bulbes exportés sont des tulipes et chacun doit avoir une taille minimale avant d'être mis en vente à l'étranger.