Mais en général, elles n'ont aucun fondement ou si peu. Le plus triste, c'est que, habituellement, elles font en sorte que jardiner demande plus de temps ou plus d'efforts ou encore, elles nuisent à l'apparence ou à la productivité du jardin. Et elles sont tenaces. Certaines datent du XVIIe siècle, sinon d'avant... et comme on continue de les répéter, elles continueront de prospérer, de nuire aux générations de jardiniers à venir.

Mais en général, elles n'ont aucun fondement ou si peu. Le plus triste, c'est que, habituellement, elles font en sorte que jardiner demande plus de temps ou plus d'efforts ou encore, elles nuisent à l'apparence ou à la productivité du jardin. Et elles sont tenaces. Certaines datent du XVIIe siècle, sinon d'avant... et comme on continue de les répéter, elles continueront de prospérer, de nuire aux générations de jardiniers à venir.

Le pire, c'est que j'écris cette chronique en sachant très bien que plusieurs lecteurs ne me croiront pas. «Pour qui se prend-il pour contredire ce que ma grand-mère, qui savait tout sur le jardinage, m'a appris?» Je vous suggère donc de faire votre propre étude comparative car, parfois, c'est seulement quand on voit les résultats qu'on peut s'en convaincre.

Huit mythes horticoles

1. Après une taille, il faut badigeonner les plaies des arbres et des arbustes avec de la peinture d'émondage pour les protéger des maladies.

Au contraire, quand on recouvre une plaie de peinture, de goudron ou d'un autre produit, cela tend à emprisonner l'humidité présente sur la plaie et ainsi à créer un microclimat propice au développement des champignons nuisibles. Mieux vaut bien nettoyer une plaie pour supprimer les irrégularités et ainsi mieux permettre à la surface de bien s'assécher, mais n'appliquez aucun enduit.

2. Effeuiller les tomates hâte la maturation des fruits.

Les tomates n'ont pas besoin d'être exposées au soleil pour mûrir. La preuve? Vous ferez rougir une tomate récoltée avant sa pleine maturation aussi rapidement dans un sac de papier placé dans un garde-manger sans lumière que sur le rebord de la fenêtre au grand soleil.

De même au jardin, les fruits ne mûrissent pas plus rapidement si vous enlevez le feuillage; de plus, le faire réduit l'apport d'énergie à la plante, donnant des tomates plus petites et moins sucrées. Effeuiller les tomates peut même donner un coup de soleil aux tomates subitement exposées au grand soleil!

3. Il faut supprimer les gourmands des tomates pour augmenter la récolte.

Un gourmand est, par définition, une tige qui ne produit pas et qui vole de l'énergie à la plante mère. Et certains végétaux produisent de tels gourmands: pommiers, lilas, etc. Chez la tomate, ce ne sont pas des gourmands mais des tiges secondaires qui, au lieu de voler l'énergie à la plante mère, lui en donnent davantage. De plus, ces faux gourmands peuvent, si la saison est assez longue, produire des tomates à leur tour. Enlever les tiges secondaires peut, par contre, augmenter la grosseur des tomates restantes, intéressant surtout si vous participez à un concours de la plus grosse tomate. Au total, cependant, vous obtiendrez moins de tomates et aussi le poids total de la récolte sera nettement inférieur, souvent du tiers, voire plus si vous supprimez ces tiges.

4. Arroser vos plantes au plein soleil peut brûler le feuillage.

Ce mythe se base sur le principe que chaque goutte d'eau se retrouvant sur le feuillage agisse comme une loupe, augmentant l'intensité du soleil et provoquant une brûlure. Or, il n'en est rien. Jamais n'a-t-on vu des plantes s'enflammer parce qu'il y avait des gouttes d'eau sur leur surface! Cela dit, il n'est pas très utile d'arroser quand le soleil plombe, non pas parce que cela brûlerait le feuillage, mais parce que presque toute l'eau s'évaporera et ne profitera donc pas aux plantes. Arrosez de préférence tôt le matin: il fait encore frais (d'où moins d'évaporation) et vos arrosages seront ainsi plus efficaces. Évitez d'arroser le soir cependant (pourtant plusieurs municipalités nous contraignent de le faire!), car le feuillage reste alors humide plus longtemps, ce qui augmente les risques de maladies.

5. Il faut placer une couche de drainage de gravier ou de tessons au fond des pots.

Au contraire, une couche de drainage de matière grossière réduit le drainage et occupe pour rien de l'espace qui aurait pu servir aux racines. C'est qu'un contraste trop marqué entre la grosseur des particules de terre et celle de la couche de drainage nuit à l'action capillaire: les gravillons ou tessons, étant nettement plus gros que les particules de terre, font que le terreau retient plus d'eau et empêche les surplus de s'en évacuer. Les plantes peuvent ainsi rester dans l'eau stagnante et pourrir. Si vous voulez une couche de drainage efficace, placez-la en surface du terreau et non pas au fond du pot. Ainsi, l'eau s'évacuera de la couronne, l'endroit de la plante le plus sujet à la pourriture. et restera auprès des racines, qui tolèrent mieux sa présence.

6. Un binage vaut deux arrosages.

Biner brise la croûte du sol et peut ainsi réduire l'action capillaire, d'où moins d'évaporation, donc en théorie ce vieux mythe recèlerait une certaine vérité. Mais biner brise aussi les racines des plantes et provoque un stress hydrique. Donc, binez si vous voulez pour éliminer les mauvaises herbes, mais il faut quand même arroser par temps sec. Par contre, pailler vaut bien deux arrosages... et parfois trois ou même quatre!

7. Supprimer les fleurs fanées des lilas augmente leur floraison l'année suivante.

Étude après étude démontrent qu'il n'en est rien. En réalité, la plupart des lilas ont une floraison essentiellement bisannuelle: une année de grosse floraison sera suivie d'une année de floraison plus faible et il n'y a rien à faire pour l'éviter. Cela ne veut pas dire de ne jamais tailler un lilas, par contre: on peut tailler pour réduire sa hauteur, pour enlever les gourmands qui entravent sa croissance, etc., mais supprimer tout simplement les fleurs est un geste tout à fait inutile.

8. Quand une plante va mal, il faut la fertiliser.

En général, une plante malade n'a pas un système racinaire très fort et ne peut pas bien absorber l'engrais qu'on verse sur son sol. Au contraire, l'engrais peut endommager ses racines fragilisées. Mieux vaut trouver la vraie cause du problème (insectes, maladies, mauvais emplacement, etc.) et le régler. Quand la plante recommence à pousser, voilà le moment pour la fertiliser. Il y a toutefois une exception à cette recommandation: si la plante souffre d'une carence en minéraux, soit le manque d'un élément (dans ce cas, sa croissance sera normalement chétive et son feuillage déformé, jauni ou rougeâtre), on peut la fertiliser... mais non pas par ses racines, car elles sont trop faibles pour bien absorber l'engrais. Il faut plutôt vaporiser l'engrais, dilué au quart de la dose régulière, directement sur son feuillage. Ainsi, il sera rapidement absorbé par le feuillage et agira sans tarder pour corriger le problème.

Et voilà pour huit mythes courants sur le jardinage. Il y en a plein d'autres! Mais avant de croire de vieilles superstitions sur le jardinage, pensez-y deux minutes. Demandez-vous toujours s'il y a des preuves concrètes qu'une technique soit efficace. Très souvent, moins nous les humains agissons sur les plantes, mieux elles poussent!