Quand on arrive au moulin des Jésuites, situé à l'angle du boulevard Henri-Bourassa et de la 80e Rue Est, on n'imagine guère qu'on s'apprête à plonger dans un univers tout à fait dépaysant et rempli de charme, celui de l'arrondissement historique du Trait-Carré, créé en 1965 par la Ville de Charlesbourg.

Quand on arrive au moulin des Jésuites, situé à l'angle du boulevard Henri-Bourassa et de la 80e Rue Est, on n'imagine guère qu'on s'apprête à plonger dans un univers tout à fait dépaysant et rempli de charme, celui de l'arrondissement historique du Trait-Carré, créé en 1965 par la Ville de Charlesbourg.

On se croirait au coeur d'une des zones cossues de Québec, avec ses larges artères commerciales qui n'ont guère de charme. Mais c'est pourtant là, à cet ancien moulin à eau construit en 1740 et entièrement restauré par la Ville de Charlesbourg que débute un inhabituel voyage dans le temps. Le moulin des Jésuites est maintenant un centre d'interprétation et d'information touristique où l'on remet aux visiteurs une carte détaillée du circuit pédestre du Trait-Carré. Ainsi nanti, on est bien outillé pour pleinement apprécier ses dizaines de bâtiments patrimoniaux, ses galeries d'art et découvrir, au passage, quelques sites gourmands qui valent le détour.

Fudgerie boutique Les Mignardises Doucine

319, 80e Rue Ouest, Charlesbourg

(418) 622-9595 (ouvert du jeudi au dimanche)


C'est cet adorable endroit, ouvert en novembre dernier, qui m'a d'abord conduite au Trait-Carré. Située dans une maison de la fin du XVIIe siècle que ses nouveaux propriétaires restaurent patiemment, c'est la première fudgerie artisanale à Québec. Non seulement on y produit 80 variétés de fudge (ce bon vieux sucre à la crème décliné sur tous les modes), mais on y offre aussi une impressionnante sélection de mignardises aussi belles à regarder qu'à goûter. Nougat italien pur miel ou de Montélimar, calissons provençaux, sucettes Pierrot gourmand ou Bêtises de Cambray; toutes ces importations de grande qualité sont l'idée de la copropriétaire, Michelle Martin, qui les sélectionne avec soin pendant que son chef cuisinier de mari, Jacques Thivierge, concocte ses recettes secrètes de fudge dans la petite cuisine attenante à la boutique.

On fabrique également de beaux chocolats artisanaux avec du beurre de cacao de la meilleure qualité (on a même pensé aux diabétiques) et l'on tient aussi une intéressante sélection de produits régionaux. L'endroit est si joli qu'on se sent immédiatement expulsé hors de la banalité du quotidien dès qu'on y met les pieds: dans ce décor d'un autre temps où les poupées de porcelaine de collection font bon ménage avec de ravissants présentoirs qui regorgent de friandises et de pots colorés, impossible de ne pas être séduit.

«La magie, c'est Michelle», m'assure son conjoint, qui se lève aux aurores pour fabriquer ses différentes recettes de fudge, dont certaines sont audacieuses: chanvre, orange-café, arachides, bleuets, nougat, etc. «Nous avons voulu défoncer les paramètres de la fabrication du fudge», explique Jacques Thivierge, qui s'est découvert cette nouvelle passion culinaire à la suite de nombreux voyages en Nouvelle-Angleterre avec Michelle. Et le plaisir d'une visite ne s'arrête pas là, puisque les week-ends, les deux complices organisent des dégustations et des démonstrations sur place, où la clientèle découvre tous les secrets (ou presque) du chef.

AGAPE, charcuterie-traiteur

7816, Trait-Carré coin de L'Église

(418) 622-6135, ouvert du lundi au samedi


C'est Michelle Martin, de la fudgerie, qui m'a permis de faire la connaissance de M. Daniel Viennet, maître charcutier et traiteur de son état. Fier de ses origines, M. Viennet a ouvert il y a une dizaine d'années ce qu'il qualifie lui-même de «bouchon lyonnais». Dans son établissement où on se procure une grande sélection de superbes terrines et de charcuteries maison, il a installé quelques tables, comme ça, pour sa clientèle d'habitués, qui viennent y prendre leur repas entre 11 h 30 et 13 h 30. Après, c'est trop tard.

Le patron retourne à ses créations culinaires et à ses comptoirs de service. Car il faut dire que le choix de plats pour emporter est impressionnant et varie quotidiennement. Aux salades fraîches du jour et émincées à la main (betteraves, concombres, carottes, haricots, chou au vinaigre de vin) s'ajoutent coulibiac de saumon, confit de lapin, navarin, filo au Mi-carême, tourtes, pâté d'agneau ou de gibier, fromages affinés sur place, viandes froides et charcuteries.

Des dizaines d'appétissants pots de verre promettent d'autres inoubliables moments sous forme de confits, confitures ou marinades. Tout est fait maison, de façon artisanale. Y compris les terrines que M. Viennet fabrique moins grasses que les versions traditionnelles: cerf, caribou, faisan, caille aux amandes ou aux raisins, lapin, sanglier. Avec la baguette de l'artisan boulanger Éric Borderon, voilà de quoi s'offrir un pique-nique inoubliable dans les jolis parcs du Trait-Carré!» Que voulez-vous, je suis un dinosaure; je ne sais faire les choses que de la façon classique», se plaint faussement M. Viennet, qui a lancé le service de traiteur des Délicatesses Nourcy, oeuvré aux Picardises de la rue Maguire et aux P'tits Délices de l'avenue Cartier avant de lancer son propre commerce.

Son savoir-faire est impressionnant et il le met entièrement au service de sa clientèle. Pendant que sa femme Claudine se spécialise dans les desserts, M. Viennet offre un service complet de traiteur, autant pour les grands que les petits événements, avec un menu qu'il monte en totale complicité avec ses clients. «Les gens peuvent aussi nous téléphoner le matin pour commander un plat qu'ils ont envie de manger le soir au retour du travail. Nous cuisinons vraiment à la demande.» Qui s'en plaindrait?

En pente douce vers Limoilou

Conserverie du Quartier

315, chemin de la Canardière

(418) 647-1367 ouvert du lundi au samedi


C'est un trajet tout simple et ultra rapide (via la rue Henri-Bourassa) qui nous fait quitter le Trait-Carré pour nous conduire dans Limoilou, ce quartier qui commence à être reconnu pour ses petits commerces gourmands fort sympathiques. À commencer par ce comptoir plus-que-charmant que Frédérique Guilbault et son mari Yoland Bouchard ont ouvert il y a sept ans. Je suis certaine que la passion de Frédérique pour la confection artisanale de confitures, conserves, ketchups, confits, compotes, vinaigres et autres trésors a transformé plus d'un Québécois en paresseux. Plus besoin de se taper de longues heures à couper, cuire, stériliser et empoter; Frédérique et sa petite brigade s'en chargent pour vous.

Le répertoire de la Conserverie du quartier est impressionnant: près de 300 recettes que l'on fait en alternance au gré des saisons. Aux classiques s'ajoutent des raretés comme la confiture de pommes et tomates, courgettes aux framboises, patates douces, bleuets et pistaches. Il faut goûter à la marinade de cantaloup, la relish de betteraves et chou, le caramel à l'érable ou le chutney au citron et graines de moutarde. «Souvent, nos clients eux-mêmes nous apportent des recettes familiales oubliées dont ils aimeraient retrouver le goût», explique Mme Guilbault, qui fabrique aussi de jolis paniers cadeaux, de même que des huiles et des vinaigres aromatisés. D'ailleurs, bien des chefs, comme Jean Soulard ou Mario Martel, font fabriquer leurs produits maison à la Conserverie du Quartier.

La Fournée bio, 1296

3e avenue 418-522-4441

Ouvert du mardi au samedi


Quand Lucie Gosselin et Pierre Bilodeau ont ouvert leur première boulangerie artisanale à Montréal au milieu des années 80, on leur prédisait tous les malheurs. Mais ces précurseurs (Pierre a perfectionné son métier de boulanger en Europe) ont plutôt fait école et immensément contribué à faire connaître le «vrai» pain fabriqué avec des farines de grains entiers selon des procédés entièrement naturels.

En 1996, Pierre et Lucie choisissent de fermer leur succursale de la métropole et de revenir chez eux, à Québec, pour rouvrir La fournée bio. «On s'ennuyait de chez nous et on avait vraiment envie d'écrire ce nouveau chapitre dans notre vie», explique Lucie. D'où le projet de s'installer dans le quartier Limoilou. Le pain est cuit dans un four à bois, sur la sole, et les grains sont moulus sur place.

Le choix est impressionnant et varie selon les fournées: au levain ou à la levure, de blé, aux amandes, noix et graines de pavot, miche campagnarde, kamut, seigle, étrusque, fougasse, sans oublier les gourmandises comme le pain aux trois chocolats, orange et amandes ou safran, raisin et chocolat blanc. Des pains nourrissants, savoureux, qui respectent cet art séculaire qui se transmet d'une génération d'artisans à l'autre.