C'est que les propriétaires, Johanne Lemire et François Benoit, donnent dans les plantes médicinales un peu, beaucoup, passionnément.

C'est que les propriétaires, Johanne Lemire et François Benoit, donnent dans les plantes médicinales un peu, beaucoup, passionnément.

Heureux destin que ces éducateurs spécialisés de formation accomplissent depuis maintenant six ans dans leur coin de paradis comptonois. Le préférant à la jungle montréalaise d'où ils se sont exilés, Johanne et François cultivent leur passion en même temps que les quelques 70 variétés de plantes médicinales et ornementales de leur paisible oasis.

Véritable pharmacie verte à ciel ouvert, les Jardins de la Val'heureuse séduisent par l'originalité des aménagements où couleurs et esthétisme vont main dans la main comme le font les visiteurs les samedis, dimanches et lundis entre 10h et 16h jusqu'à la fin août.

Des vertus oubliées

De part et d'autre des allées gazonnées s'épanouissent donc pour le plaisir des yeux, du nez et des papilles des plantes médicinales biologiques aux noms connus, parfois inconnus, mais somme toute méconnus aujourd'hui.

Faisant allusion à cette récente occultation du savoir sur les plantes, Johanne Lemire rappelle «qu'il y a à peine 50 ans, nos grands-mères perpétuaient encore cette tradition millénaire de soins par les plantes». Et c'est ce que l'herboriste tente de faire redécouvrir aux visiteurs de ses jardins à travers les 90 minutes que dure la visite guidée quotidienne.

Hypericum calcynum. Echinacea purpurea. Comme enchantés, les noms latins s'éclipsent derrière les vertus thérapeutiques, les informations historiques et les légendes des plantes qu'ils évoquent.

Charmants envoûtements utilisés par l'horticultrice qui espère plus que tout «que les gens reviennent à la maison après la visite en étant capable d'identifier quelques plantes, voire d'en faire des infusions, par exemple».

Débutant en terre connue, cette cure rafraîchissante évoque d'abord les propriétés des fines herbes, sauge, basilic et compagnie, pour mieux s'aventurer ensuite vers les étonnants horizons de la valériane, la cataire et l'hysope, d'ailleurs dédiée, en Grèce antique, à la protection des troupeaux et à une agriculture prospère. Et biologique aux Jardins de la Val'heureuse.

Certifiées par Garantie Bio-Écocert, les plantes médicinales se livrent à la rotation des cultures, au compost et aux engrais verts, d'où s'étirera bientôt l'auréole ensoleillée des tournesols.

Et biodynamique. Car selon l'alignement des planètes et des astres, les racines, les feuilles ou fleurs sont favorisées certains jours. En étant ainsi à leur maximum de vitalité, les plantes aux mille vertus sont cueillies à la main et immédiatement transformées.

Une fierté du terroir

Troquant ainsi le chapeau de paille pour la coiffe de chef, la valeureuse propriétaire concocte dans son laboratoire de transformation des teintures-mères, ou extraits, un concentré liquide à base de plantes fraîches et d'alcool de grain biologique. Assurant une meilleure stabilité au produit, l'alcool extrait également plus de principes actifs, les effets thérapeutiques recherchés.

«Dans un monde où on coure après le temps, quelques gouttes de teintures-mères sont un compromis entre les capsules, séchées et donc moins actives, et les tisanes, plus longues à préparer», fait remarquer Johanne Lemire, qui met cependant en garde contre une nouvelle vague d'extraits standards, où la présence d'un seul principe actif effrite la synergie.

Avec sa ligne de produits du terroir qui allie qualité et fraîcheur, La Val'heureuse offre des soins corporels tels des huiles de fleurs, des pommades, des sels de bain et des savons biologiques, mais aussi des tisanes, des semences et ses fameux extraits.

En plus d'être disponible à la ferme, au 475 du chemin Hatley, les produits de l'entreprise comptonoise sont également vendus à Sherbrooke, Aux Sources Conseil, un magasin d'alimentation naturelle dont Johanne et François sont propriétaires-consultants, au Bonichoix de Compton et chez IGA Coaticook.

D'autres projets, valeureux naturopathes? Plein la tête. Entre autres, celui de créer des panneaux d'interprétation auxquels seront intégrées des plantes séchées, des fleurs jusqu'aux racines, invisibles mais si précieuses. À l'image de la pharmacopée que Johanne Lemire et François Benoit réveillent à notre mémoire.