C'est ce qui s'est produit chez moi. Encore une fois, les tomates, les concombres et les pommes de terre ont pris plus de place que prévu, envahissant les lieux au détriment des plus petits ou moins énergiques.

C'est ce qui s'est produit chez moi. Encore une fois, les tomates, les concombres et les pommes de terre ont pris plus de place que prévu, envahissant les lieux au détriment des plus petits ou moins énergiques.

Évidemment, ce n'est pas le cas chez vous... même si votre flamme potagère a probablement perdu un peu de sa vivacité. Normal, direz-vous, l'été avance à grands pas. Bien sûr, la cueillette des pois s'achève, les plants de haricots sont plutôt fatigués, les radis oubliés depuis un bon moment et la laitue montée en graines. Et il a fait tellement chaud!

Pourtant, au début d'août, c'est le temps de donner une seconde vie au potager, un deuxième été, insiste Nathalie Leuenberger, du Jardin botanique de Montréal, responsable des jardins de plantes potagères et autres plantes utiles.

«Avec le mois d'août viennent les nuits fraîches et les jours plus courts, des conditions qui étaient justement favorables aux premières plantes ensemencées ce printemps. D'ailleurs, même l'ombre partielle des grands arbres peut s'avérer profitable à cette période de l'année en procurant une fraîcheur additionnelle au jardin», explique-t-elle. C'est donc le temps de semer à nouveau, notamment ces légumes que le temps frais de septembre favorisera et qui, dans certains cas, pourront même être cueillis après les premiers gels. Et à l'heure actuelle, les étals de semences, notamment ceux de Vilmorin, sont encore accessibles en pépinière. On peut aussi commander par catalogue.

À vrai dire, on pourrait même profiter de cette période pour réaliser ses premières expériences jardinières en étalant du papier journal sur un bout de gazon et en recouvrant le tout de 30 ou 45 cm de terre à jardin. Prêt?

On commence par les radis. On peut semer les mêmes variétés qu'au printemps, car ils poussent rapidement: à peine de 20 à 30 jours du semis à la cueillette. Mais il y a surtout les gros radis d'hiver qu'on cueille au début de l'automne en dépit de leur nom faisant plutôt allusion à l'époque où ils étaient mangés. D'ailleurs, dans ce cas, les semis pourront même attendre encore une semaine ou deux, si vous le voulez.

Le «China Rose» est vigoureux, beaucoup plus gros que ses cousins printaniers et sa chair blanche n'est pas trop piquante. Quant au grassouillet et rondelet «Red Meat» vert tendre, l'extrémité de sa racine est blanche et sa chair... rose. Il est délicieux. Par ailleurs, son cousin germain «Green Meat» est de forme forme allongée et sa chair est blanche. Comme tous les autres radis de fin de saison, il exige de 50 à 60 jours pour atteindre sa maturité. Et la racine ne sera pas endommagée si le premier gel de septembre met fin à sa croissance active.

Les radis noirs sont vendus presque partout sur les étals à légumes mais se retrouvent rarement au jardin. Pourtant, ils poussent facilement à la fin de l'été. Méconnus, ils ont un petit goût piquant qui rappelle le raifort, mais sont moins juteux que les radis traditionnels. On les sert râpés, dans une salade ou encore avec d'autres légumes effilochés, comme des carottes par exemple. Certains conseillent de les faire dégorger avant de les servir. Cuits, leur goût rappelle le rutabaga, qu'on appelle à tort ici le navet.

Même s'il est originaire de l'est de la Méditerranée selon les scientifiques, le radis asiatique ou japonais a gagné l'Asie bien avant notre ère pour revenir en Occident deux millénaires plus tard sous le nom de daïkon. Il est très facile à cultiver dans le jardin à la fin de l'été et peut atteindre une taille impressionnante. Au marché, on en trouve parfois de plusieurs kilos. La peau du monstre est blanc pur, sa chair est douce et se consomme crue ou cuite.

Parmi les légumes racines, les betteraves de petite taille, comme la «Pablo», exigent une soixantaine de jours de croissance avant la récolte (les feuilles sont également comestibles).

Parfois appelés rabioles, les «vrais» navets peuvent aussi être ensemencés en août. Ils ont la chair blanche. Le cultivar «White Lady», qui est peut-être difficile à trouver actuellement, croît très rapidement et se récolte une quarantaine de jours après le semis. Les navets ont une chair délicate, douce et agréable. On les sert crus ou cuits. Même leurs feuilles, apprêtées comme des épinards, sont jugées délicieuses.

Il faudra par ailleurs environ une semaine de plus si le temps est propice pour obtenir des pois mange-tout de la variété asiatique «Ho Lan Dow» offerts notamment dans le catalogue de la maison Stokes. Une petite délicatesse qui produit une récolte abondante en octobre.

Et pouquoi pas des laitues

Exception faite des variétés de «Iceberg», août est aussi une période propice aux laitues de toutes sortes, à vrai dire, aussi bien les romaines que les chicorées et autres variétés en feuilles. Pourquoi pas d'ailleurs en semer plusieurs afin d'en faire des mescluns. Des grainetiers vendent des mélanges de semences préparés à cette fin.

On pourra aussi ensemencer des épinards, plus particulièrement la variété «Melody» qui est bien adaptée au froid.

Beau programme de fin de saison, n'est-ce pas! Vous pourrez même ajouter à votre liste la coriandre qui pousse très rapidement ou encore le cerfeuil qui pourra résister à l'hiver s'il n'a pas fleuri au cours de sa croissance. Vous aurez alors encore de magnifiques plants au printemps.

Quand y pense bien, pourquoi faire son potager au printemps quand on peut attendre au mois d'août!