«Je pense qu'on l'aurait acheté à peu près au même prix, même sans la terrasse sur le toit», dit l'ingénieur dans la trentaine. «Mais c'est certainement l'un des attraits de l'appartement. C'est un peu chiant de monter les affaires pour souper sur le toit, alors je soupe plus souvent dans la cour. Mais c'est vraiment agréable de monter pour un verre, le soir.»

«Je pense qu'on l'aurait acheté à peu près au même prix, même sans la terrasse sur le toit», dit l'ingénieur dans la trentaine. «Mais c'est certainement l'un des attraits de l'appartement. C'est un peu chiant de monter les affaires pour souper sur le toit, alors je soupe plus souvent dans la cour. Mais c'est vraiment agréable de monter pour un verre, le soir.»

La mode d'installer des terrasses sur le toit tarde à s'imposer à Montréal. Mais l'engouement, dans certains quartiers, pour les jardins sur toits pourrait changer la donne.

Un exemple pour illustrer que les deux phénomènes se nourrissent l'un l'autre: pour Marie-Andrée Fortier, d'Art et jardins, les terrasses en toit se divisent en deux catégories, les terrasses décoratives, et les terrasses végétatives.

«Les terrasses sur toit sont de plus en plus importantes, parce que les gens ont accès à des petites propriétés, surtout en ville, mais aussi en banlieue», explique Mme Fortier, dont l'entreprise de paysagement est située à Saint-Marcel, près de Saint-Hyacinthe. «Ça crée une nouvelle pièce pour l'été. Une pièce souvent plus fraîche, spécialement après le crépuscule. Il y a des gens qui y mangent, qui y dorment. On s'y sent seul, on a une belle vue sur la ville, par exemple les clochers, et il y a une belle lumière, la lune acquiert une qualité particulière.»

La règle numéro un, selon Mme Fortier: faire des plans détaillés avec une personne compétente, par exemple un membre de l'Association des paysagistes professionnels du Québec. «Il faut faire un plan d'aménagement avec un professionnel avec qui on s'entend bien. Dès la première entrevue, il faut préciser ce qu'on veut, et son budget. Par exemple, si on veut payer moins de 50 000 $, le professionnel va dire si c'est possible. Ensuite, il va faire les calculs avec un ingénieur des poids que peuvent supporter les différentes parties d'une terrasse, en fonction des accumulations de neige notamment, et il va voir le type de membrane d'aération qui est nécessaire pour éviter les problèmes d'humidité. Il y a des cours spéciaux pour tout ça; il y a des gens qui ont le droit, d'autres non.»

En général, pour une simple terrasse, sans trop de décoration, le prix va dans les cinq chiffres, selon Mme Fortier. Pour une terrasse «végétalisée», on peut facilement aller dans les 40 000 $, 50 000 $.

Une foule de règlements compliquent la conception et gonflent les prix. Souvent, il faut que la terrasse ne soit pas visible de la rue. De plus, il faut compter avec les copropriétaires, qui ont habituellement leur mot à dire. «S'il y a un problème de fuite après l'installation d'une terrasse végétalisée sur un toit, souvent les gens vont dire que c'est à cause de ça. Mais je suis persuadée que c'est presque toujours à cause d'un problème antérieur. Les racines, ça ne perce pas les membranes; ça se faufile là où il y a déjà des trous. C'est la même chose avec les arbres interdits dans certaines municipalités, comme les peupliers, parce que les gens ont peur qu'ils percent leurs tuyaux d'aqueduc et d'égout; je pense que les arbres vont s'infiltrer dans les tuyaux abîmés, mais qu'ils n'abîmeront pas les tuyaux intacts.»

Pour cette raison, il est important de vérifier l'état du toit avant de faire une terrasse, particulièrement s'il est végétal. «Nous avions récemment un client en face du parc Lafontaine, et deux experts nous ont dit que son toit était abîmé, dit Mme Fortier. Il nous a dit que ce n'était pas possible, qu'il l'avait fait refaire voilà cinq ans, mais quand il a vérifié avec un troisième expert, il lui a dit la même chose.»

En général, on peut tout faire sur un toit, selon Mme Fortier. «Mais il faudra choisir les variétés. Certaines plantes alpines poussent mieux dans une faible profondeur de terre. Aussi, si on fait un bassin sur un toit, il faut prévoir qu'il y aura plus d'évaporation, à cause du soleil et du vent. Il faut bien réfléchir à la manière qu'on utilisera pour se protéger du soleil: les pergolas sont envisageables, mais les auvents sont risqués, à cause du vent. J'ai déjà vu une table en fer et verre s'envoler, sur une terrasse du Sanctuaire, parce que les propriétaires avaient omis de fermer le parasol; et pourtant, c'est lourd du verre et du fer. À moins qu'on soit au deuxième entre des grands immeubles, les auvents c'est compliqué, parce qu'il faut les fermer dès qu'il y a du bon vent.»

Autre critère à envisager: certains contenants devront être remisés pour l'hiver, ce qui implique des déménagements parfois compliqués. «On peut laisser les bacs en métal ou en bois, mais pas les plus beaux pots, en ciment, en pierre ou en terracotta, note Mme Fortier. S'il faut s'en occuper à tous les automnes, ça devient important à considérer dans la planification.»