Pendouille est un geai bleu qui a perdu une grande partie de son bec à la suite d'un accident ou de l'attaque d'un prédateur. Il doit pencher la tête de côté pour réussir à saisir un morceau de cacahuète et l'avaler. Après une vingtaine de jours d'observation, l'oiseau était toujours grassouillet et avait l'air en forme. Son bec semblait même repousser. À cette étape, il y a lieu de croire que le geai bleu est hors de danger. Mais ce cas est plutôt exceptionnel. Le fait que l'oiseau ait accès à une nourriture facilement saisissable malgré son handicap est bien sûr une chance inouïe.

Pendouille est un geai bleu qui a perdu une grande partie de son bec à la suite d'un accident ou de l'attaque d'un prédateur. Il doit pencher la tête de côté pour réussir à saisir un morceau de cacahuète et l'avaler. Après une vingtaine de jours d'observation, l'oiseau était toujours grassouillet et avait l'air en forme. Son bec semblait même repousser. À cette étape, il y a lieu de croire que le geai bleu est hors de danger. Mais ce cas est plutôt exceptionnel. Le fait que l'oiseau ait accès à une nourriture facilement saisissable malgré son handicap est bien sûr une chance inouïe.

La nature ne fait pas de quartier et, dans des circonstances normales, un accident semblable s'avère fatal même si, éventuellement, le bec repoussera. Le hic, c'est que cette croissance n'est pas très rapide. L'handicapé meurt rapidement de faim ou, affaibli et vulnérable, il finit entre les pattes d'un prédateur. D'ailleurs, le nouveau bec risque d'être difforme.

Les oiseaux ayant survécu malgré une difformité du bec éprouvent la plupart du temps des problèmes à lisser leurs plumes, ce qui se traduit souvent par un plumage moins entretenu et une infestation de parasites, explique le Dictionnay of Birds (Buteo Books).

Le bec spectaculaire du toucan toco est très léger. C'est aussi un instrument de chasse redoutable pour capturer de jeunes oiseaux. (Photothèque La Presse)

Le bec est un instrument unique dans la nature: il sert à la fois de main et de bouche. Il permet de construire, de récolter du matériel, de déchirer, de couper, d'écraser, de tailler le bois (comme chez le pic), de creuser la terre (comme chez le martin-pêcheur ou le macareux moine), de grimper ou encore de caresser comme chez les perroquets. Évidemment, il s'agit d'une arme aussi bien offensive que défensive. Chez certains oiseaux, comme les macareux, il se colore de couleurs vives qui ont probablement un rôle de séduction au cours de la période de reproduction. Ces coloris très vifs disparaissent d'ailleurs après la nidification. C'est aussi le cas de cette aspérité osseuse qui apparaît au temps des amours chez certains pélicans.

Deux mandibules composent le bec. La mandibule supérieure est soudée à la boîte crânienne et ne peut bouger. Chez le perroquet, une jonction particulière entre le squelette et cette partie supérieure du bec permet un mouvement vertical limité, un phénomène facile à observer chez les oiseaux de compagnie quand ils bâillent.

Le bec est aussi constitué d'une substance cornée, la kératine, qu'on trouve également dans les plumes et les griffes. Il s'use à l'usage, particulièrement chez les espèces qui trouvent leur nourriture au sol, comme les gallinacés (poule, dindons, faisans, etc.), mais sa croissance est continue. À la suite d'un accident grave, il pourra se régénérer complètement, mais parfois avec des difformités.

Vétérinaire à l'Hôpital pour oiseaux et animaux exotiques Rive-Sud, à Saint-Hubert, Manon Tremblay explique qu'il lui est arrivé assez régulièrement de constater que les mandibules s'étaient complètement régénérées. «Quand plusieurs oiseaux sont élevés sous un même toit, dit-elle, il arrive qu'une perruche, un inséparable ou encore une calopsitte aille se promener sur la cage d'un gros perroquet qui n'apprécie pas toujours cette intrusion territoriale. La prise de bec est inévitable et le petit oiseau peut se retrouver gravement amputé. Avec des soins attentifs et une nourriture appropriée, la victime pourra récupérer et voir apparaître un nouveau bec, ce qui est rarement le cas dans la nature.»

À l'exception des perroquets et des rapaces, les deux mandibules s'emboîtent l'une dans l'autre. En milieu naturel, la difformité la plus fréquente est un allongement disproportionné de la mandibule supérieure qui va même parfois jusqu'à former un cercle. Toutefois, des relevés effectués auprès de dizaines de milliers d'oiseaux bagués ont permis de déterminer que les infirmités du bec dans la nature ne dépassaient pas 4 %, indique John K. Terres dans son ouvrage The Audubon Society Encyclopedia of North American Birds.

Chez la plupart des oiseaux, les mandibules sont rigides. Chez ceux de rivage, elles ont un peu la texture du cuir, mais sont molles et flexibles. Les bécasses ont un bec très flexible doté d'une foule de terminaisons nerveuses lui permettant de détecter les vers dans le sol humide, sa principale nourriture. Ce serait d'ailleurs le seul oiseau capable de soulever l'extrémité de sa mandibule supérieure, un atout pour attraper ses proies. Les rapaces et les perroquets ont la base du bec recouverte d'une peau délicate qui est nue chez les premiers et recouverte de petites plumes chez les seconds.

Les narines sont situées sur la partie supérieure du bec, habituellement près du crâne. Les narines du kiwi de Nouvelle-Zélande se retrouvent à l'extrémité de la mandibule, une évolution qui s'explique par le fait que cet oiseau, strictement nocturne, localise ses petites proies dans le sol grâce à son odorat développé. Elles sont ovales, linéaires ou circulaires, mais chez certaines espèces marines, comme les pétrels, elles prennent la forme de deux tubes.

Les cormorans ont des narines rudimentaires qui se referment définitivement quand les petits quittent le nid. Les fous de Bassan et leurs petits cousins (fous à pieds bleus, fous à pieds rouges, etc.), qui plongent du haut des airs pour capturer le poisson, n'ont pas de narines. Comme les cormorans adultes, ils respirent par le bec.