L'oiseau couvait déjà cinq oeufs. Enchantée de voir la cane adopter son terrain pour nicher en paix, Mme Clément s'interrogeait toutefois sur la conclusion de l'aventure. Elle habite Boucherville, à quelques coins de rue du fleuve, tout près de la marina De Mézy. Mais entre sa résidence et le Saint-Laurent, il y a une bonne distance à parcourir. Il faut traverser quelques rues, dont le boulevard Marie-Victorin, une voie assez passante. L'avenir de la couvée s'annonçait plutôt mal.

L'oiseau couvait déjà cinq oeufs. Enchantée de voir la cane adopter son terrain pour nicher en paix, Mme Clément s'interrogeait toutefois sur la conclusion de l'aventure. Elle habite Boucherville, à quelques coins de rue du fleuve, tout près de la marina De Mézy. Mais entre sa résidence et le Saint-Laurent, il y a une bonne distance à parcourir. Il faut traverser quelques rues, dont le boulevard Marie-Victorin, une voie assez passante. L'avenir de la couvée s'annonçait plutôt mal.

Les colverts ont en effet la mauvaise habitude de nicher en banlieue près des points d'eau ou encore sur des terrains où on trouve une piscine. Le hic, c'est que si cet habitat est habituellement relativement tranquille, il est traversé par de nombreuses rues et voies rapides. Et rares sont les couvées qui peuvent se rendre au fleuve ou autres cours d'eau sans que la plupart des petits périssent écrasés sous les roues des voitures.

Marie Clément glane des conseils ici et là afin de sauvegarder sa future couvée d'adoption. Elle décide donc de construire une clôture d'environ 30 cm de hauteur autour du nid, une enceinte qui comprend également le patio et qui permet à la cane d'atterrir sans problème.

L'objectif est de capturer les petits à la naissance et de les mener sains et saufs au fleuve, tout en souhaitant que la mère participe d'une façon ou d'une autre à l'opération afin qu'elle puisse récupérer sa progéniture au moment opportun.

Au 21e jour de couvaison, Mme Clément se demande ce qui se passe. Aucune éclosion. On lui avait mentionné, à tort, que la couvaison durait de 19 à 21 jours. Elle croit la partie perdue- peut-être les oeufs ne sont-ils pas fécondés. Elle retire la clôture. Puis elle apprend que, chez les colverts, l'incubation dure habituellement 28 jours. On replace le grillage.

Le grand jour arrive enfin. Nous sommes le 11 juin. Les petits commencent à déambuler sur le patio. La famille Clément est en joie.

«Il a fallu agir rapidement, car déjà les canetons avaient repéré une minuscule sortie sur le patio. Nous avons mis tous les oisillons dans une boîte de carton grande ouverte pour que la femelle puisse bien les entendre.»

«La lente marche vers le fleuve a duré environ 30 minutes. Parfois la femelle volait, parfois elle marchait sur le trottoir. À tout moment, nous faisions en sorte qu'elle voie la boîte et qu'elle entende ses petits. À notre arrivée au bord de l'eau, la cane s'est envolée sur le fleuve. À la marina De Mézy, il y avait plusieurs personnes pour assister à la scène, un vrai comité d'accueil. Les petits furent tous mis à l'eau et maman canard s'est empressée de venir à leur rencontre pour repartir avec toute sa marmaille, 10 jolis canetons.»

Une belle aventure, conclut Marie Clément. Et une bonne façon de sauver une couvée de canetons qui niche près de la maison, comme cela arrive de plus en plus souvent, semble-t-il.