Cet agrandissement n'a été possible qu'au prix de l'achat de toute la bâtisse de la rue Saint-Anselme, dans le quartier Saint-Roch, que Mâ partageait avec une vitrerie et un nettoyeur. Anne-Marie Champeau et Monique Dufour ont ainsi transformé leur entrepôt en une surface de plancher aussi grande que celle à laquelle leurs clients étaient habitués, à l'avant.

Cet agrandissement n'a été possible qu'au prix de l'achat de toute la bâtisse de la rue Saint-Anselme, dans le quartier Saint-Roch, que Mâ partageait avec une vitrerie et un nettoyeur. Anne-Marie Champeau et Monique Dufour ont ainsi transformé leur entrepôt en une surface de plancher aussi grande que celle à laquelle leurs clients étaient habitués, à l'avant.

Banc en teck dessouché.

Les meubles d'Indonésie, du Viêtnam et des Philippines y sont encore à l'honneur, mais ils ont gagné en sobriété. «À travers les matériaux, les tissus et les lignes, je me dirige de plus en plus vers le design contemporain», explique Anne-Marie Champeau.

À Bali, par exemple, elle a découvert un modèle de canapés et de fauteuils développé par un artisan local pour un acheteur italien. Elle s'est empressée d'en commander plusieurs pour sa propre boutique, certaine que l'Italien n'en saurait rien. L'armature est en acajou, un bois dur aussi commun là-bas que notre érable ici. Ses pattes de métal et sa forme carrée très simple lui donnent un cachet contemporain, alors que le rotin naturel apporte une touche d'exotisme.

À l'instar des gens de Québec, Mme Champeau aime le bois. Elle fréquente l'Asie depuis de nombreuses années. Elle connaît de nombreux artisans, avec lesquels elle fait affaire directement. Elle se sent maintenant assez à l'aise pour leur demander d'apporter des modifications aux meubles et aux accessoires qu'elle achète.

Dans un conteneur arrivé d'Indonésie la semaine dernière, se trouvaient des meubles sculpturaux fabriqués avec des racines de teck désouchées. C'est à sa demande que l'ébéniste indonésien a ajouté un plateau de verre rond qui a métamorphosé un morceau de bois biscornu en table de salle à manger. Une souche est devenue un banc, une autre, une table à café.

Table d'appoint en teck couleur chocolat.

Le climat québécois fait la vie dure aux meubles de bois exotique. Anne-Marie Champeau le sait. Elle achète donc en prenant toutes les précautions possibles. «Je garantis tout ce que je vends», affirme-t-elle. Et si, par malheur, un meuble arrive endommagé, ses propres ébénistes le répareront dans l'atelier adjacent à la boutique. Il leur arrive de retoucher des finitions ou de donner à des meubles de bois brut la finition désirée par l'acheteur.

Les meubles qu'Anne-Marie Champeau acquiert lors de ses virées en Asie, mettent des semaines à aboutir rue Saint-Anselme. Ils arrivent par bateau à Vancouver, ils prennent ensuite le train pour Montréal, puis le camion pour Québec. Quand le gros véhicule se pointe en face des immenses portes de garage de la boutique, c'est Noël pour les employés de Mâ.

Le récent conteneur a largué des tonnes de curiosités asiatiques: des sandales, des coussins au tissu iridescent, des paniers en feuilles de bananier tressées qui ressemblent à du cuir, des bancs aux lignes très pures en sono (un bois rare rayé naturellement), des vases de Bali en argile peinte, des lampes d'Indonésie en cuir ou en suède avec insertions de bambou. Et ce n'est que le premier de la flotte printanière de conteneurs...