Par tradition, le long congé de la fête des Patriotes marque le coup d'envoi des travaux de jardinage. Les Montréalais étaient nombreux, samedi, à faire le plein de verdure puisque les risques de gel au sol sont en principe écartés.

Par tradition, le long congé de la fête des Patriotes marque le coup d'envoi des travaux de jardinage. Les Montréalais étaient nombreux, samedi, à faire le plein de verdure puisque les risques de gel au sol sont en principe écartés.

Depuis vendredi, la douzaine d'employés de Willy Haeck et Fils court dans tous les sens sur le sol parsemé de fleurs multicolores de son stand au Marché central. «Ça commence à bouger, on a de grosses commandes!» lance celle qui se dit la doyenne du marché, Raymonde Haeck, fidèle au poste depuis un demi-siècle. «Je n'étais même pas mariée quand j'ai commencé et j'ai élevé ma famille au marché», raconte-t-elle avec aplomb.

Durant la haute saison, de 15 à 20 camions de jardiniers et de paysagistes viennent chaque matin faire le plein de végétaux au stand de l'entreprise horticole de Saint-Rémi.

Mme Haeck admet cependant que le froid ralentit un peu les ventes cette année. «Mais on va vite rattraper le temps perdu», assure-t-elle, faisant allusion au week-end prochain, une autre période de pointe.

Par expérience, Raymonde Haeck estime que les propriétaires dépensent chacun de 300 à 500 $ par année pour fleurir l'extérieur de leur demeure.

Depuis deux ans, le Montréalais Claude Jutras loue une camionnette pour transporter ses achats. Chaque printemps, il fleurit les deux grandes terrasses de son appartement. Puisque cet aménagement lui coûte environ 1000 $ par année, il sélectionne soigneusement chaque plant. «Je prends des espèces différentes chaque année», souligne-t-il.

Les amateurs de légumes et de fines herbes se sont donné rendez-vous au stand voisin, occupé depuis des années par les représentants de la ferme Perrier, située à Saint-Michel-de-Napierville. «On attend le soleil, mais ça marche bien quand même, les gens savent que c'est le temps», estime l'employée Gisèle Hamelin.

Aux clients inquiets pour la survie de leurs tomates-cerises, poivrons, céleris et autres légumes, elle assure qu'il n'y a plus aucun risque de gel au sol.

Les vrais «maniaques» d'abord

Aux Serres Dauphinais, le propriétaire constate que seuls les irréductibles ne craignent pas que le ciel leur tombe sur la tête. «Les vrais maniaques de fleurs viennent rapidement chercher ce qu'ils veulent, les autres sont attirés par le soleil», résume Alexandre Dauphinais, propriétaire de l'entreprise de Saint-Hubert.

Comme son grand-père, ce producteur travaille d'arrache-pied pour que la petite entreprise continue de prospérer. Mais l'avenir demeure incertain pour les petits producteurs, contrairement aux gros, qui font des affaires d'or même par mauvais temps. «Il n'y a pas deux années pareilles, nous ne savons pas si nous allons être touchés par la température ou par une rupture de stock si le temps est trop beau», explique M. Dauphinais.

Outre les marchés extérieurs, les pépinières sont aussi envahies par les jardiniers en herbe et professionnels en cette période de l'année. «C'est très fort, on s'attend à recevoir la visite de 1500 clients aujourd'hui samedi», estime Daniel Cléroux, propriétaire de Jardins Cléroux et Frères.

Durant ces fins de semaines animées, l'entreprise familiale de Pierrefonds porte bien son nom. «C'est la période de l'année où les beaux-frères et les belles-soeurs viennent se greffer à l'équipe», explique M. Cléroux.

Quant à la Pépinière Jasmin, une autre entreprise familiale, elle a été prise d'assaut par plus d'un millier de personnes. «Ça n'arrête pas!» remarque Stéphanie Jasmin, une des 60 employés réquisitionnés pour la fin de semaine.