Attention! Je parle des ventes. Coleus canina s'annonce déjà comme un grand succès commercial même si son efficacité comme répulsif reste à démontrer. Ses promoteurs soutiennent qu'au cours des deux années suivant son introduction en 2001 sur le marché européen, notamment en Allemagne et en France (où il est vendu sous le nom de coléus canin), les ventes ont atteint les 10 millions de plants.

Attention! Je parle des ventes. Coleus canina s'annonce déjà comme un grand succès commercial même si son efficacité comme répulsif reste à démontrer. Ses promoteurs soutiennent qu'au cours des deux années suivant son introduction en 2001 sur le marché européen, notamment en Allemagne et en France (où il est vendu sous le nom de coléus canin), les ventes ont atteint les 10 millions de plants.

En 2002, la plante faisait une première apparition sur le marché nord-américain: 800 000 plants ont alors été vendus indiquaient, en juillet dernier, les représentants de la compagnie détenant les droits de vente nord-américains lors d'une rencontre à la foire horticole de Columbus, Ohio, la plus importante du genre aux États-Unis.

En 2003, les magasins Rona l'Entrepôt en ont vendu 10 000 au cours de l'été. Les coléus se sont envolés comme des petits pains chauds.

Coleus canina serait un hybride obtenu par un amateur de jardinage australien en croisant un plectranthus, un groupe de plantes génétiquement très voisines des coléus, avec une espèce de solenostema, le vrai nom botanique des coléus.

D'abord commercialisé en Allemagne, cet hybride atteint de 30 à 45 cm de hauteur et environ 20 cm de largeur. Ses feuilles sont dodues, duveteuses, vert pâle, rien à avoir avec les coléus colorés que l'on connaît. À vrai dire, il ne paie pas de mine même quand il produit une petite inflorescence bleuâtre en forme d'épis. Mais son apparence a peu d'importance puisque c'est son supposé pouvoir répulsif qui suscite l'intérêt.

Il suffit, en effet, d'effleurer le feuillage pour percevoir une forte odeur désagréable, parfois aussi forte que celle de la mouffette. Pour cette raison, les chats et les chiens qui se frottent à Coleus canina seraient enclins à quitter les lieux pour ne plus y revenir, du moins théoriquement. Les promoteurs rencontrés à Columbus conseillaient de planter un coléus là où les visiteurs indésirables allaient se promener ou encore à chaque mètre de potager ou de plate-bande. Plus récemment, une vendeuse de Rona l'Entrepôt me disait qu'un seul spécimen dans ma plate-bande ferait l'affaire sans s'enquérir toutefois de la dimension du jardin. «Est-ce que ça marche?» ai-je demandé. «Quand les plantes arrivent sur l'étal, elles se vendent très rapidement», m'a-t-elle répondu, comme si la popularité du coléus était une garantie de son efficacité.

Le hic, c'est qu'il est impossible de dire si la plante est vraiment efficace, faute d'études scientifiques rigoureuses sur le sujet. Du moins je n'en ai pas trouvé jusqu'à maintenant. J'ai consulté des centaines de mentions dans Internet à ce sujet sans pouvoir trouver une source fiable, la plupart des sites, notamment des cliniques vétérinaires, ne font que répéter la publicité servant à la mise en marché. Quant aux témoignages, ils sont souvent très contradictoires. Certains crient au miracle alors que d'autres rapportent que le chat indésirable se roulait dans le feuillage de la plante.

Selon des représentants de sa mise en marché, une expérience menée en Angleterre aurait été couronnée de succès. Installée dans un cimetière pour partager la quiétude et le gazon des lieux, une colonie de lapins de garenne s'amusait à creuser de nombreux terriers, une activité peu compatible avec le repos éternel des défunts. Des coléus canins furent donc plantés un peu partout et les lapins quittèrent les lieux. Je n'ai malheureusement pu vérifier l'exactitude du récit. (Précisons que le lapin de garenne n'existe pas à l'état sauvage chez nous. Ne pas confondre avec notre lièvre d'Amérique et surtout le lapin à queue blanche, une plaie pour le jardin.)

Plus près de nous, quelques lecteurs m'ont fait parvenir leurs commentaires sur le fameux coléus qui, selon eux, n'a pas donné les résultats espérés. Les chats ont continué de commettre leurs méfaits ne se gênant pas pour faire leurs besoins tout près du nauséabond Coleus canina.