Plusieurs scientifiques estimaient l'espèce disparue depuis la dernière observation faite dans les marais de la Louisiane, en 1944. Une sous-espèce presque identique avait aussi été localisée à Cuba dans les années 50 et deux autres observations crédibles, en 1986 et 1987, avaient été signalées. Mais après plusieurs expéditions, la dernière ayant eu lieu il y a cinq ans à peine, le petit groupe d'oiseaux cubains est maintenant considéré comme disparu.

Plusieurs scientifiques estimaient l'espèce disparue depuis la dernière observation faite dans les marais de la Louisiane, en 1944. Une sous-espèce presque identique avait aussi été localisée à Cuba dans les années 50 et deux autres observations crédibles, en 1986 et 1987, avaient été signalées. Mais après plusieurs expéditions, la dernière ayant eu lieu il y a cinq ans à peine, le petit groupe d'oiseaux cubains est maintenant considéré comme disparu.

Au cours des années, des pics à bec ivoire ont erronément été signalés dans le sud des États-Unis. Il s'agissait, en réalité, de grands pics. La dernière mention, en Louisiane, avait d'ailleurs donné lieu à un grand battage médiatique. En 2002, le célèbre laboratoire d'ornithologie de l'Université de Cornell, dans l'État de New York, avait alors installé durant trois mois une douzaine de micros sophistiqués dans un coin de forêt louisianaise, mais sans pouvoir détecter la présence du fameux pic.

Espèce presque mythique, on rapporte qu'il y a une trentaine d'années la Caroline du Sud avait décidé de protéger près de 4000 hectares de forêt parce qu'on avait cru y entendre l'oiseau, un territoire qui fait d'ailleurs toujours l'objet de la protection gouvernementale. Plus récemment, la Louisiane avait décrété un moratoire de deux ans sur la coupe de bois dans le territoire où les micros de l'université étaient installés.

C'est le 11 février 2004, au cours d'une tournée en kayak sur la rivière Cache, dans l'Arkansas, que l'ornithologue amateur Gene Sparkling observe ce qui lui semble un pic à bec ivoire. Il publie de sa découverte sur Internet. Une quinzaine de jours plus tard, deux experts universitaires se joignent à lui pour retracer l'oiseau. Le pic est au rendez-vous. Les scientifiques n'en reviennent pas. Plusieurs autres excursions seront ensuite menées jusqu'en février dernier. Résultat: une vidéo de courte durée où on distingue le pic, une quinzaine d'observations directes et plusieurs enregistrements de tambourinage.

La disparition progressive du pic à bec ivoire est en grande partie attribuable à l'abattage des grandes forêts matures et, dans une moindre mesure, à la chasse illégale et aux collectionneurs professionnels. D'une longueur d'environ 50 centimètres, le pic à bec ivoire se distingue de son cousin, le grand pic, par l'extrémité blanche des plumes secondaires de ses ailes qui forment une grande tache sur le dos, son menton noir et son cri caractéristique. Comme son nom l'indique, son bec est de couleur jaunâtre ou ivoire. Le mâle est doté d'une grande huppe rouge spectaculaire, laquelle est noire chez la femelle.

Pour sa part, le grand pic a le menton blanc, le bec et le dos noirs. La huppe est rouge autant chez le mâle que chez la femelle.

Le pic à bec ivoire se nourrit principalement d'insectes qu'il trouve sous l'écorce des vieux arbres, mais aussi de fruits et de noix. Il niche dans une cavité qu'il a lui-même creusée, un trou atteignant souvent 20 centimètres de hauteur sur 10 de largeur. Il se reproduit de janvier à mai et pond habituellement de un à trois oeufs. Sa longévité est d'environ 35 ans.

Biologiste responsable des espèces en péril au Service canadien de la faune (Environnement Canada), Michel Robert, indique que cette découverte est extrêmement surprenante et encourageante. «L'oiseau était recherché depuis des décennies et une foule de rapports scientifiques avaient conclu que l'espèce était éteinte. La nouvelle est d'autant plus étonnante que le sud des États-Unis est très populeux, qu'on y trouve beaucoup d'observateurs d'oiseaux et que les bayous du Sud sont relativement faciles d'accès, notamment en canot. Et puis, s'il y a un pic à bec ivoire, il y en a probablement d'autres.» À peine 2 % du territoire propice au pic a été exploré jusqu'à maintenant.

Pour sa part, Michel Gosselin, responsable de la collection d'oiseaux au Musée canadien de la nature à Ottawa, incite à la prudence. Si la découverte d'un spécimen est très réjouissante, cela ne veut pas dire pour autant que l'espèce est sauvée. Si les effectifs sont trop faibles, dit-il, et rien n'indique le contraire, on peut craindre pour l'avenir. «Dans ce cas, il devient presque impossible, en raison de la nature même de l'oiseau, de procéder à diverses mesures de réadaptation, dont des élevages en laboratoire pour tenter d'augmenter la population, comme cela s'est fait avec la grue blanche et le condor des Andes.» Dans ce dernier cas, l'avenir de l'espèce reste encore très incertain. Quant à la grue, on en comptait 16 en 1941, alors que les effectifs varient aujourd'hui entre 150 et 250.

______________________

Pour en savoir davantage sur la découverte du pic à bec ivoire: https://birds.cornell.edu/ivory.