Originaire de Calig, un petit village espagnol situé entre Barcelone et Valence, le vénérable olivier est arrivé à son dernier domicile, solidement sanglé sur la plate-forme d'un camion, ses racines protégées par un film plastique et son tronc entouré de toile de jute.

Originaire de Calig, un petit village espagnol situé entre Barcelone et Valence, le vénérable olivier est arrivé à son dernier domicile, solidement sanglé sur la plate-forme d'un camion, ses racines protégées par un film plastique et son tronc entouré de toile de jute.

«Un soir d'octobre, en me baladant près de Tarragone, j'ai vu cet arbre au bord d'une route nationale», raconte son acquéreur Jean-Philippe Marcadé, le directeur des Jardins du monde, un parc de 7 hectares situé aux portes de Royan, à un kilomètre de l'estuaire de la Gironde.

Arraché deux ans plus tôt de son champ natal, l'arbre au feuillage gris-vert se trouvait alors chez un pépiniériste.

«J'ai immédiatement eu un coup de coeur», explique Jean-Philippe Marcadé, qui débourse alors quelque 25 000 euros (environ 40 000$ CDN) dans l'idée de faire du colosse la principale attraction du parc.

À un mètre du sol, l'olivier présente une circonférence de 7 mètres. L'arbre qui a poussé sur un sol très aride et caillouteux, a développé ses racines à l'horizontale et pris un aspect noueux.

Mais plus encore que sa taille, c'est son âge qui fascine: un olivier augmentant sa circonférence de 40 cm tous les cent ans, il est estimé à 1800 ans, voire 2000 ans.

Probablement planté sous l'empire romain, qui s'étendait alors jusqu'à la péninsule ibérique, cet arbre symbole de fécondité, de force et de victoire dans la culture hellénique et de paix pour les chrétiens a réussi à traverser indemne les soubresauts de l'Histoire.

«Un arbre comme ça, c'est très rare et très difficile à trouver», s'enthousiasme Bernard Martin, le paysagiste chargé du transport et de la réception du géant vert à Royan.

Même avec ses branches élaguées, ses racines et sa motte de terre rabotées, l'olivier millénaire frôle les 16 tonnes. Une grue télescopique, au bord de la rupture, l'a transféré du camion à la benne d'un gros tracteur.

Soulevé à nouveau, le gros arbre a ensuite été positionné dans l'un des jardins à thème du parc, à côté d'une vingtaine d'oliviers et de cyprès.

Une couche de galets puis une autre de terre calcaire et d'engrais doivent lui assurer un drainage efficace.

Pour lutter contre le stress hydrique du voyage, ses branches vont être «baignées». Du mastic sera utilisé pour cicatriser branches et racines afin de prévenir d'éventuelles maladies, explique le paysagiste qui s'apprête à vivre pendant deux ans en «symbiose» avec le vieil olivier.

Baptisé «Calig», en mémoire de son lieu de naissance, le nouvel hôte des Jardins du Monde vient détrôner le précédent doyen du parc, un bonzaï datant seulement de 1807.