Afin de favoriser le développement du fongus, il utilise du gluten de maïs en poudre, un sous-produit du sirop de maïs, supplément protéinique largement utilisé dans l'alimentation animale, mais qui sert aussi à la fabrication de croustilles de maïs et coquilles de tacos. L'expérience avorte. Par contre, le chercheur constate que les parcelles de gazon traitées au gluten ont un taux de germination très faible, alors que dans les autres, le nouveau gazon pousse normalement. S'agit-il d'un nouvel herbicide?

Afin de favoriser le développement du fongus, il utilise du gluten de maïs en poudre, un sous-produit du sirop de maïs, supplément protéinique largement utilisé dans l'alimentation animale, mais qui sert aussi à la fabrication de croustilles de maïs et coquilles de tacos. L'expérience avorte. Par contre, le chercheur constate que les parcelles de gazon traitées au gluten ont un taux de germination très faible, alors que dans les autres, le nouveau gazon pousse normalement. S'agit-il d'un nouvel herbicide?

On a découvert par la suite que ce produit était composé d'au moins cinq groupes d'acides aminés qui empêchaient les graines de germer. Ceux-ci agissent sur la radicule, la première racine qui émerge d'une semence, et l'empêchent de croître. La trouvaille était si intéressante que les composantes actives du gluten furent brevetées en 1993.

Mais il fallu un bon moment avant que la réputation de cette farine jaune ne fasse son chemin. C'est que la poudre de gluten était, jusqu'à récemment, vendue uniquement par les meuneries et coopératives agricoles qui doivent l'importer des États-Unis, explique l'agronome Guy Laliberté, professeur à l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe. Et toujours comme supplément alimentaire pour les animaux, insiste-t-il. Les expériences en horticulture se faisaient presque en catimini.

Au jardin Daniel A. Seguin, juste en face de l'Institut, on utilise le gluten de maïs depuis quelques années. Les résultats sont étonnants. Dans une platebande, au cours de la première année d'utilisation, il peut réduire l'émergence des mauvaises herbes de 60%. Au bout de cinq ans, explique l'agronome, cette efficacité peut atteindre de 85 à 90%. Les résultats sont similaires sur une pelouse. Il empêche la germination du pissenlit et de la digitaire, en plus de limiter celle de plusieurs autres mauvaises herbes du gazon comme le plantain ou la renouée des oiseaux. Depuis quelques années, les villes de Toronto, d'Ottawa, d'Oshawa et plusieurs autres l'utilisent avec succès.

Le gluten de maïs est composé à 60% de protéines et 10% d'azote (le reste est constitué de matières résiduelles). C'est d'ailleurs en raison de cette teneur en azote qu'il se vendait parfois comme fertilisant. Le produit est sans danger pour le gazon et les platebandes, même si on dépasse le dosage recommandé. Aucun danger non plus pour la santé humaine si on se promène dans le gazon après l'épandage.

«Le gluten de maïs n'est pas un herbicide, précise l'agronome. Mais un antigerminatif. Il n'éliminera pas les pissenlits qui sont déjà dans le gazon ou la platebande, mais empêchera leurs graines de germer. Or, dans le cas d'une foule de mauvaises herbes, la méthode de multiplication la plus importante demeure la dissémination des semences. Il suffit donc d'éliminer manuellement ou autrement les pissenlits, les digitaires ou les plantains avant de traiter pour que les mauvaises herbes n'y poussent plus.»

Dans le gazon, il conseille de faire un terreautage et un semis aux endroits où la terre a été dénudée, à la suite de l'élimination des digitaires par exemple. Attention! Il faudra absolument que le nouveau gazon ait atteint deux ou trois centimètres avant d'utiliser le gluten. Si vous le saupoudrez sur vos semences de gazon, elles ne germeront pas, évidemment. Signalons aussi qu'après le traitement, le gazon et les plantes du jardin auront un regain d'énergie en raison de l'azote contenu dans le gluten.

Autre mise en garde: le gluten de maïs devient actif seulement si le milieu est humide. Il faut donc arroser après un épandage. Par contre, il faudra ensuite laisser sécher la surface du sol pour que l'effet soit maximal. Dans la platebande, on passe délicatement le râteau à feuilles après le traitement pour que les granules ou la poudre pénètre à environ un centimètre de profondeur dans le terreau, mais pas plus.

M. Laliberté recommande un dosage d'environ 5 kg pour 100 mètres carrés, mais cette proportion peut augmenter et même doubler au besoin. Selon son expérience, un traitement fin avril-début mai et un autre, fin août-début septembre, suffisent.

Grande question: où peut-on en acheter? Dans la meunerie ou la coopérative agricole de votre coin, si elle veut bien vous en vendre. (La Coop Excel, de Marieville, sur la Rive-Sud, vend le sac de 40 kg environ 25$.) On parle ici d'une farine jaune, qui répond au nom de gluten meal, très légère, qu'il faudra épandre par temps très calme.

Le seul produit de gluten de maïs pur vendu à des fins horticoles est le Turf Maize de Environmental Factor. Ce n'est que l'an dernier que cette firme d'Oshawa, en Ontario, a obtenu l'aval du ministère fédéral de la Santé pour vendre ses granules jaunâtres à titre d'antiger-minatif. Avant, le même produit était offert comme fertilisant de formule 10-0-0. Le prix est d'environ 20$ le sac de 9 kg.

On trouve aussi du gluten en formule mélangée sous la marque Nutrite et Vert éternel. Dans ce cas, la composition est de 8-2-4. Il vous en faudra davantage pour obtenir le même effet que le produit original. Le prix se situe autour de 37$ les 15 kg.