Dans les faits, l'effervescence horticole atteint son paroxysme lors du long week-end de mai, à l'occasion de la Journée nationale de patriotes. C'est aussi la fête de la nature parce que c'est au cours de ce week-end que les Québécois s'adonnent probablement en plus grand nombre aux activités de plein air, le jardinage et la pêche, venant en tête de liste.

Dans les faits, l'effervescence horticole atteint son paroxysme lors du long week-end de mai, à l'occasion de la Journée nationale de patriotes. C'est aussi la fête de la nature parce que c'est au cours de ce week-end que les Québécois s'adonnent probablement en plus grand nombre aux activités de plein air, le jardinage et la pêche, venant en tête de liste.

Mais pourquoi donc attendre si longtemps avant d'envahir les plate-bandes quand le plaisir est déjà à la portée de la main?

Je vous propose aujourd'hui de mettre une croix sur la tradition et de sortir, de faire le ménage de vos plate-bandes, si ce n'est déjà fait, d'aller acheter vos plantes et de les planter. Trois bonnes semaines additionnelles de pur plaisir qui s'ajouteront à une saison toujours trop courte. «Hérésie!» direz-vous? Absolument pas.

On oublie trop souvent que les arbres, les arbustes et la plupart des vivaces peuvent être plantés dès le mois d'avril, quand le sol est dégelé. Mieux encore, pour les arbres et les arbustes, le moment est plus propice que jamais puisqu'ils seront probablement encore en dormance au moment où vous les mettrez en terre. Sans feuilles, ils se transportent plus facilement, réduisant ainsi les bris au minimum. Comme le sol est encore frais, le végétal aura plus de temps pour s'acclimater à son nouvel environnement avant les grandes chaleurs, tout en exigeant moins d'arrosage au cours des premiers jours suivant la plantation.

Autre avantage: si vous plantez vos arbres et arbustes à floraison printanière immédiatement, vous pourrez justement jouir de leur spectacle au bon moment. Si on attend à la mi-mai, plusieurs floraisons seront déjà terminées ou sur le point de l'être, notamment chez les plants conservés en serre. La situation est particulièrement fréquente chez les arbustes comme les azalées, les lilas et les pommetiers.

Plus encore, en magasinant immédiatement, vous évitez la cohue provoquée par la grande poussée de fièvre collective de jardinage, ce qui vous permettra de visiter pépinières et jardineries en toute tranquillité tout en obtenant le plus grand choix possible.

Même chose en ce qui concerne les vivaces. La grande majorité peut aussi être plantée immédiatement, à la condition que le sol soit bien drainé, une caractéristique essentielle d'une plate-bande en santé. Mais assurez-vous de vous procurer des plants qui ont déjà passé l'hiver en serre froide ou à l'extérieur. Ils seront habituellement placés dans des contenants un peu plus gros, ils coûteront parfois un peu plus cher, mais ils vous en donneront pour votre argent, comme on dit. Et ils fleuriront au cours de la saison.

Les vivaces produites en serres au cours de l'hiver sont habituellement trop tendres pour subir un grand choc thermique et devraient être mises en terre en même temps que les annuelles. D'ailleurs, la plupart vont fleurir uniquement l'année prochaine.

Si possible, évitez d'acheter des plants en fleurs, surtout lorsqu'il s'agit de plantes printanières. Sinon, vous réduirez d'autant la durée de floraison dans votre jardin. Pour sa part, l'horticulteur Michel-André Otis, du Jardin botanique de Montréal, conseille d'attendre vers la mi-mai pour transplanter les vivaces qui émergent du sol tardivement parce qu'elles exigent un sol chaud pour se mettre en action. C'est le cas notamment des platycodons, des asclépiades, des hibiscus rustiques (Hibiscus moscheutos et cultivars) ou encore des graminées ornementales comme les miscanthus.

La fin d'avril est aussi propice à la plantation de bulbes comme les lis, les crocosmies, les anémones de Caen, ou les glaïeuls, toujours en s'assurant que le sol est bien drainé. Quant aux rosiers, on peut aussi les planter immédiatement. Leur cas est cependant différent.

Comme les rosiers sont toujours en dormance et que le sol est froid, il est conseillé de les butter, soit de déposer de la terre sur le pied jusqu'à une hauteur de 15 cm, histoire de leur permettre de rester assoupis le temps que le sol se réchauffe et permette aux racines de se mettre au travail. À défaut de butter, le plant pourrait souffrir de dessiccation.

Et si le mercure tombe au-dessous de zéro au cours des prochains jours? N'ayez crainte. Vos plants sont génétiquement adaptés à la situation. Les dommages, si dommages il y a, seront superficiels et ne devraient pas entraver leur croissance normale. Il faut aussi rappeler que les données météorologiques d'Environnement Canada indiquent que dans la région de Montréal, le dernier gel survient en moyenne le 3 mai (Dorval) ou le 5 mai (Saint-Hubert) et le 23 avril en pleine ville. Bien sûr, ces statistiques sont farcies d'exceptions, mais cela ne devrait pas vous priver de jardiner. La vie est si courte.

Quant aux annuelles, nous pourrions aussi les transplanter plus tôt en mai. Cependant, plusieurs d'entre elles aiment beaucoup la chaleur. Vaut donc mieux attendre et, bien sûr, les acclimater durant quelques jours avant le grand saut dans le jardin.