Ici, c'est le 164, rue Sacré-Coeur Est, à Alma, au Lac-Saint-Jean. Les gens sont recevants dans ce coin de pays et le visiteur y a trouvé nourriture quotidienne et douces attentions. Et depuis son arrivée, il y a sept semaines, il reçoit de la visite qui vient d'un peu partout au Québec.

Ici, c'est le 164, rue Sacré-Coeur Est, à Alma, au Lac-Saint-Jean. Les gens sont recevants dans ce coin de pays et le visiteur y a trouvé nourriture quotidienne et douces attentions. Et depuis son arrivée, il y a sept semaines, il reçoit de la visite qui vient d'un peu partout au Québec.

Ce n'est pas tous les jours, en effet, que l'on peut observer un solitaire de Townsend chez nous, d'autant plus que l'oiseau est installé depuis tout ce temps au même endroit. Et si on se fie aux autres visites similaires dans le passé, il devrait passer l'hiver sur place.

C'est qu'il a élu domicile dans la cour de Martine Bourgeois. Au début, il a mangé goulûment les fruits du gros merisier tout près. Mais quand la réserve s'est tarie, le visiteur s'est fait offrir quotidiennement des bleuets du Lac-Saint-Jean cueillis l'automne dernier, de même que des cerises congelées, plat servi dans une assiette en osier. Et quand la température le permet, on lui offre des morceaux de vers de terre bien frais, ce qu'il apprécie manifestement. Un accueil exceptionnel.

D'ailleurs, il est devenu de moins en moins farouche, du moins à la vue de son hôtesse. En fin de semaine dernière, la température était glaciale à Alma et les vents très puissants, ce qui a amené le solitaire à sortir souvent de sa cachette pour chiper quelques fruits.

De la grande famille des merles et des grives, le solitaire de Townsend vit dans les Rocheuses jusqu'à une altitude de 4000 mètres, de l'Alaska jusqu'au sud du Nouveau-Mexique. Les populations nordiques quittent leur territoire au cours de l'automne pour hiverner à basse altitude à partir du sud de la Colombie-Britannique jusqu'au Mexique. C'est au cours de ces déplacements que certains individus se dirigent vers l'est du pays. Si bien qu'à chaque hiver ou presque, deux ou trois individus hivernent au Québec. Ces dernières semaines, par exemple, deux autres étaient signalés à Sept-Îles et à Beauport, près de Québec.

De la taille d'un merle d'Amérique, de couleur grise et doté d'un cercle oculaire très caractéristique, le solitaire de Townsend chante aussi mélodieusement que les grives, court au sol aussi gracieusement que le merle et chasse les insectes au vol comme les moucherolles. Il consomme aussi une grande variété de fruits. Il niche au sol et élève quatre à cinq petits par année.

De nature habituellement solitaire, l'oiseau doit son nom au célèbre Audubon qui reconnaissait ainsi le travail de l'ornithologue John K. Townsend, de Philadelphie, à qui on devait à l'époque la première capture «scientifique» d'un oiseau de cette espèce. Le solitaire... fut abattu au fusil.

Une question de nom

Q: Pouvez-vous m'expliquer pourquoi on a « rebaptisé » les hirondelles pourprées en hirondelles noires? J'ai beau chercher, je n'ai jamais vu une hirondelle noire de ma vie. - André Juneau, Saint-Placide

R: Le premier exercice pour uniformiser les noms d'oiseaux utilisés dans le monde en langue française a eu lieu en 1983. Les fauvettes, qui n'existent pas en Amérique du Nord, ont donc laissé la place aux parulines. Même situation pour les pinsons qui ont été remplacés par les bruants.

L'hirondelle pourprée a subi le même sort. Cette fois, parce qu'il s'agissait tout simplement d'une traduction de l'anglais purple martin et que le terme français ne correspondait nullement à la réalité, explique Normand David, directeur général de l'Association québécoise des groupes d'ornithologues, traducteur de nombreux ouvrages sur les oiseaux, qui siégeait alors sur la Commission internationale des noms français des oiseaux. En anglais purple signifie violet alors qu'en français, pourpre signifie rouge foncé.

Il aurait peut-être fallu utiliser le terme violette, explique-t-il. « Le hic, c'est qu'en temps normal, l'oiseau nous apparaît plutôt noir, fait valoir M. David. Ce n'est que sous un angle particulier de la lumière ou du soleil que la couleur violette de cette hirondelle devient vraiment évidente. »

Rappelons par ailleurs que c'est en 1993 que la deuxième vague de changements s'est produite et elle a donné lieu à la publication chez MultiMondes de Noms français des oiseaux du monde, un ouvrage qu'on trouve maintenant dans sa totalité sur Internet.