Il y a près de 20 ans, Gino Ramacieri cherchait à protéger l'oasis où il vivait quand il est devenu propriétaire d'un vaste territoire autour du lac Saint-Victor, près de Morin-Heights, dans les Laurentides. Au fil des acquisitions tout autour, qui lui ont permis d'étendre sa mainmise sur près de 2000 acres, il a maintenu le cap. Sa passion est devenue sa mission : préserver la beauté naturelle du site, entouré par les terres protégées de Conservation de la nature Canada et de terres de la Couronne.

Dans la première phase des Domaines Lac St-Victor, à Wentworth-Nord, les plans originaux prévoyaient la création de 400 lots. En prenant la relève, M. Ramacieri a réduit ce nombre à 50. Et dans la deuxième phase, il n'a proposé que 15 vastes terrains, alors qu'il aurait pu en offrir 60.

Aux Sommets St-Victor, la troisième phase du projet, le promoteur reste fidèle à sa philosophie. Il a donc choisi de mettre en vente 15 lots de 5 à 10 acres chacun (plutôt qu'une centaine plus petits), soumis à des normes plus élevées que celles exigées par la municipalité. Ceux-ci sont délimités par des sentiers, raccordés à un vaste réseau de randonnées pédestres et de ski de fond.

« Plusieurs règlements sont favorables à l'environnement et voient à sauvegarder la tranquillité des lieux », explique M. Ramacieri, qui travaille pour que les terres protégées tout autour le deviennent officiellement. Les demeures doivent, par exemple, être construites à 30 m d'un lac plutôt qu'à 15 m, tel que prescrit par la municipalité, précise-t-il. Les motoneiges et les véhicules tout-terrain sont interdits. Une association de propriétaires a été formée pour s'assurer du respect des règlements et de la qualité de vie, et voir à la préservation des forêts et des lacs.

Dans ce milieu enchanteur, où les terrains coûtent de 90 000 $ à 225 000 $, des maisons conçues par des architectes de renom et des habitations vertes ont vu le jour. Gino Ramacieri voulait aller plus loin. Une association avec l'entreprise québécoise Bone Structure, qui conçoit et construit des maisons à l'ossature en acier léger, lui a semblé naturelle.

« Nous sommes deux entreprises qui se rejoignent du côté environnemental, explique l'homme d'affaires, qui tient son entreprise familiale à bout de bras avec sa conjointe, Manon Gervais Ramacieri. On se connaît parce qu'une maison Bone Stucture a été construite ici il y a quelques années. Les astres se sont alignés. »

ÉNERGIE NETTE ZÉRO

Bone Structure fait moins de bruit ici qu'en Ontario, en Colombie-Britannique et surtout en Californie, où l'obligation pour toute nouvelle habitation d'atteindre une consommation énergétique nette zéro en 2020 lui ouvre grand les portes.

« On mène 56 projets de front en Californie, dont 12 à Palo Alto, le Westmount de la Silicon Valley », révèle Marc-André Bovet, président de l'entreprise.

Il trime, depuis 2005, pour bousculer les idées reçues dans l'industrie de l'habitation. Sans complexe, il a voulu révolutionner le processus de construction en assemblant des maisons comme des voitures, à la façon d'un jeu de Meccano.

Douze usines au Canada, dont sept au Québec, coupent de l'acier. Un réseau d'usines complémentaires est mis à contribution pour réaliser les diverses composantes. Chaque maison est planifiée avec précision en 3D, en fonction de ce que le site a à offrir. Aucun déchet n'est ainsi généré sur le chantier. Le soin accordé à l'enveloppe thermique, pour la rendre très étanche et ainsi réduire au maximum les besoins en chauffage et climatisation, rend par ailleurs chaque habitation prête pour la consommation énergétique nette zéro, assure M. Bovet. Restera ensuite à utiliser des énergies renouvelables, comme le soleil, pour produire autant d'énergie que ce qui est consommé.

« Notre approche n'a rien d'artisanal. Nous avons des brevets dans 42 pays et nous utilisons les bons matériaux à la bonne place. »

- Marc-André Bovet

« Au Québec, l'industrie de la construction a de la misère à vendre la notion de développement durable et d'efficacité énergétique parce que cela ne se voit pas, poursuit-il. Mais le net zéro s'en vient. Les gens vont réaliser que le bénéfice le plus important n'est pas nécessairement économique et que ce qui doit être fait pour y arriver conduit à un environnement plus sain et un plus grand confort. »

Les maisons, personnalisées, demeurent haut de gamme, reconnaît-il, coûtant un minimum de 750 000 $ pour un espace habitable de 2500 pi2. Mais considérer les prix au pied carré est trompeur, précise-t-il. Car il est question ici de fenêtres de 24 pi de hauteur, et non d'une fenêtre en PVC au-dessus d'un évier de cuisine. « On est comme le modèle S de Tesla, indique-t-il. Mais on se dirige vers le modèle 3. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Depuis près de 20 ans, Gino Ramacieri protège l'oasis où il vit, à Wentworth-Nord. Au fil des acquisitions, il a étendu sa mainmise sur près de 2000 acres et a vu à ce que son projet des Domaines Lac St-Victor se réalise, tout en préservant les forêts et les lacs.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Aux Domaines Lac St-Victor, près de Morin-Heights, diverses mesures ont été mises en place pour préserver la beauté naturelle du site, entouré par les terres protégées de Conservation de la nature Canada et de terres de la Couronne.