Dans une commune située au sud-ouest de Paris, une maison unifamiliale conçue par l'agence Lode Architecture bouscule les clichés du bungalow de banlieue. Piscine, garage, cour, chambres des enfants... Tout a été habilement repensé. Découverte des lieux pour mieux s'en inspirer.

La nouvelle maison de plain-pied de Mickael et de Géraldine n'a rien de tape-à-l'oeil. Au contraire, il n'est pas aisé de la trouver parmi les résidences de Jouy-en-Josas, une commune près de Versailles, en France. Pourquoi? D'abord, la propriété du couple est entourée de quatre habitations et, surtout, elle échappe aux pastiches de maisons bourgeoises des environs. Elle est dépourvue d'ornements, son toit est plat, ses volumes sont très simples et son style, radicalement contemporain. Sans compter que ses principaux signes extérieurs typiques, comme son grand garage, ne sont pas visibles de la rue!

«En banlieue, bien des gens privilégient les maisons hautes et à toiture en pente. À l'inverse, nous voulions que cette habitation de 230 m2 (baptisée Maison C) s'intègre à la pente naturelle du terrain et s'inscrive au paysage», souligne Jérôme Vinçon, architecte associé à l'agence parisienne Lode Architecture.

Un toit plat

«Nos voisins nous ont remerciés d'avoir fait une maison aussi basse, révèle Mickael. Personne ne nous voit et on ne bloque la vue de personne.» Le propriétaire avoue toutefois que le toit plat ne fait pas l'unanimité. «Aujourd'hui, notre maison ne serait plus réglementaire, car la mairie a changé le Plan local d'urbanisme et interdit les habitations à toiture-terrasse», observe-t-il. «Contrairement aux résidences au toit en pente dont les combles sont vides ou mal exploités, la volumétrie de la Maison C est complètement habitable», souligne pour sa part Jérôme Vinçon.

À l'abri des voisins

Bordée de voisins sur les quatre côtés, cette demeure d'un seul niveau offre, malgré l'entourage, un lieu de vie paisible. D'abord, les grandes fenêtres sont pourvues de brise-soleil à l'extérieur et de stores ou de rideaux à l'intérieur, ce qui préserve l'intimité des occupants et, en prime, évite la surchauffe en été. «Nous avons refermé la maison sur elle-même afin d'assurer une meilleure tranquillité. Mickael travaille à Paris et lorsqu'il revient chez lui, il désire se retrouver auprès de sa famille, dans la quiétude de la nature», explique l'architecte.

Une piscine à l'avant

Quel banlieusard n'a pas rêvé d'une piscine dans sa cour? Surprise! La piscine de cette maison a été construite en façade avant et se trouve de plain-pied avec l'espace «cuisine-salle à manger». Afin d'éliminer les limites entre l'intérieur et l'extérieur, les rails des baies vitrées en accordéon et des brise-soleils ont été encastrés dans le sol de granit. Perceptible des pièces communes, ainsi que de la chambre principale, la piscine n'est (étonnamment) pas apparente de la rue ni de l'entrée. La raison? Du granit habille ses parois semi-enterrées. À première vue, on jurerait donc des murets. Il suffit de gravir quelques marches pour découvrir l'eau scintillante du bassin rectangulaire dont l'intérieur est tapissé d'une sorte de faïence ou, plus précisément, d'émaux noirs, blancs et gris. «Ainsi, l'eau adopte une couleur naturelle, semblable à celle d'une rivière», affirment les propriétaires. «Exposée plein sud, l'eau de la piscine est chauffée naturellement», ajoute l'architecte. Aussi, des panneaux solaires thermiques sur le toit participent au chauffage de l'eau. Quant à la sécurité des enfants, Jérôme Vinçon rappelle que «si une piscine n'est pas clôturée d'une barrière, elle doit être dotée d'une alarme ou couverte d'un volet roulant électrique, comme c'est le cas ici.»

Un garage caché

Latéral, le garage de l'endroit ne se voit pas à l'arrivée. Il comporte trois places de stationnement, situées sous la maison, et la partie en porte-à-faux du domicile peut faire office d'abri pour deux autres voitures. Il est aussi possible de garer des véhicules à la file sur toute la longueur de l'allée, lorsque les invités sont nombreux. Bonne idée: un espace a été aménagé afin que les automobilistes puissent faire demi-tour.

Un patio pratique

À l'arrière de la maison, un patio a été aménagé entre le volume à vivre et celui réservé aux deux enfants. Multifonctionnelle, cette terrasse a été traitée comme une pièce à ciel ouvert, précise Jérôme Vinçon. Les enfants l'utilisent comme salle de jeu extérieure et la famille y prend l'apéro à l'ombre d'un févier (d'Amérique). Autre fonction: c'est par le patio que l'on accède à l'intérieur, dans le couloir qui relie l'espace de vie aux chambres. Astuce: orientée au sud, l'aile du bâtiment des enfants est blanche. Cette surface immaculée agit comme réflecteur pour illuminer la façade opposée, largement vitrée, qui donne sur le salon.

Une zone pour les enfants

Dans leur «territoire», les deux fillettes profitent chacune de leur chambre orientée au sud, donc baignée de lumière. Un salon-télé sépare les deux pièces d'intimité alors que le mur au nord accueille de nombreux rangements. On y trouve également une salle de bains, ainsi qu'un ministudio avec porte privée, idéal pour une nounou ou des invités. Quant à la chambre des parents, elle jouxte les pièces de vie, de l'autre côté. Mais cette distance entre les enfants et leurs parents n'est-elle pas trop importante? «Ça peut être stressant lorsque des enfants sont en bas âge, mais ensuite, ça devient très confortable pour tout le monde, confie Géraldine. C'est devenu leur coin, leur nid où elles s'amusent, regardent des films, reçoivent des copines. Il importe d'avoir une vraie vie de papa-maman et de mari-femme dans une maison familiale», croit celle qui travaille à proximité et qui apprécie chaque moment passé dans son «bungalow» revu et corrigé... «C'est un peu les vacances en permanence», conclut-elle.

Photo fournie par Lode Architecture

L'espace «piscine-terrasse» prolonge la salle à manger.