Au coeur du Plateau-Mont-Royal, la propriétaire d'un studio d'artiste profite de l'été dans une cour-oasis ornée de bois de grange récupéré. Pratique, celle-ci se transforme aisément en abri d'auto et un grand balcon ombrage l'endroit. Mieux, le garde-corps est judicieusement percé d'une lucarne pour Ti-pou, yorkshire-terrier des lieux.
«Mon atelier se trouve au rez-de-chaussée et j'habite à l'étage, explique Luce Meunier, artiste et styliste. Je voulais beaucoup de lumière naturelle pour travailler et me sentir à l'aise, malgré la superficie de mon logement de 414 pi2 seulement. L'installation de grandes fenêtres, d'un balcon et l'aménagement de ma cour, qui a pratiquement la même surface que celle de mon appartement, me donnent une agréable sensation d'espace et, surtout, je ne me sens pas à l'étroit!»
Pendant toute la durée de la construction de cette habitation contemporaine (située sur le terrain d'un bâtiment à étage délabré qui a été démoli) et de l'élaboration de la cour, plusieurs bonnes idées ont été exploitées par les architectes du Studio MMA Atelier d'architecture, ainsi que par deux artisans: Christian Larocque et Sébastien Gagnon.
Un balcon en guise d'extension
Exposé au sud-ouest, le balcon d'une surface de 12,6 m2 (136 pi2) «agrandit» radicalement, en été, l'espace de vie de l'appartement. Il permet aussi d'obtenir un magnifique point de vue sur l'environnement, dont des arbres matures. Réalisé par Sébastien Gagnon, le garde-corps (saisissant) est composé d'acier inoxydable perforé, un matériau durable qui ne se déforme pas. Autre qualité: «Il offre une certaine transparence tout en préservant l'intimité des occupants», précise Rob Miners, architecte associé au Studio MMA.
Pitou à la fenêtre
Scruter les passants et leur toutou à travers un garde-corps troué peut, à la longue, devenir inconfortable... Grâce à la bienveillance de sa maîtresse et à l'habileté de Sébastien Gagnon, Ti-pou, 15 ans, a une vue imprenable sur le voisinage à l'aide d'une petite fenêtre positionnée à la bonne hauteur, dans la balustrade. Au sol, une moulure d'acier est utilisée comme surface d'appui entre le plancher de mélèze du balcon et le garde-corps. Ti-pou peut y poser ses pattes avant en toute sécurité.
Une cour, plusieurs fonctions
Le balcon de l'habitation ne sert pas qu'à prendre des repas à l'extérieur. «Il agit comme pare-soleil l'été afin d'ombrager la cour, explique Rob Miners. Il tient également lieu d'abri d'auto et il protège de la neige ou de la pluie ceux et celles qui s'apprêtent à franchir la porte d'entrée.»
De la grange à la ville
Christian Larocque est un créateur d'ambiances qui redonne vie au vieux bois de grange. Il l'utilise principalement pour réaliser des clôtures et, surtout, il sait réorganiser les planches - qui affichent les traces et les couleurs du passé - en un inimitable patchwork. Le résultat? La clôture mitoyenne, l'écran d'intimité et la porte coulissante de Luce Meunier ont des airs de tableau abstrait.
Recycler une haie
Féru de récup, Christian Larocque n'hésite pas à recycler des... végétaux abandonnés! C'est le cas d'une haie coupée par son propriétaire. «J'ai récupéré les cèdres et je les ai taillés en bûchettes», dit-il. Ces dernières ont été plantées et servent de structure de platebande et aussi à retenir le dénivelé de terrain avec le voisin de Luce Meunier, qui est surélevé. Quant au banc, situé à proximité, il a été confectionné avec un ancien poteau de corde à linge. «C'était le poteau de cèdre du voisin que j'ai transformé en billots de 18 pouces de haut», explique l'artisan. Ces pièces de bois composent la base du banc de jardin, qui fait aussi office de «muret» de soutènement.
Deux portes, une entrée
Une porte coulissante de 3,5 m (11 pi 5 po) de largeur, côté rue, permet d'accéder à la cour et d'y garer une voiture. «Mais je craignais qu'une telle porte ne soit trop lourde à ouvrir au quotidien, se souvient la propriétaire. Avec Sébastien [Gagnon], nous avons créé une petite porte dans la grande. Ce qui a été un bon choix, car je n'utilise souvent que celle-là et, surtout, elle m'évite d'enjamber la structure d'acier.»
Brouiller les limites
Outre le bois de grange, un autre matériau rehausse et «réchauffe» la brique et l'acier ondulé du parement de la maison: les poutres en bois du plafond du rez-de-chaussée qui se prolongent dehors, sous le balcon. «Cette structure en porte-à-faux visible de partout atténue les frontières entre l'intérieur et l'extérieur et dégage la cour de colonnes encombrantes», fait remarquer l'architecte.