L'idée est aussi amusante qu'ingénieuse: transporter une habitation préfabriquée dans des conteneurs maritimes récupérés, lesquels serviront ensuite de structure pour le bâtiment. Denis St-Jean, promoteur-constructeur de plus de 25 ans d'expérience, veut ainsi réunir en un même concept conscience écologique, qualité, coût abordable et rapidité d'exécution.

La maison prototype, que Denis St-Jean habite avec sa compagne et son petit garçon, est spacieuse, moderne et d'une grande efficacité énergétique.

«Une fois la construction terminée, rien ne laisse deviner la présence de conteneurs, fait observer le constructeur. Mais on bénéficie des grandes qualités de ce matériau récupéré. Non seulement sa rigidité et sa force en font un bon élément de structure, mais aussi elles permettent de pousser plus loin la finition en usine, et de livrer tout installés les éléments lourds, dispendieux ou complexes.»

L'entrepreneur qualifie son concept de «maison hybride»: d'une part, des modules d'acier - les conteneurs -, et d'autre part, des panneaux de bois préfabriqués.

Pour la maison des St-Jean, on a aménagé en usine trois conteneurs, chacun procurant une surface de 40 pieds sur 8. Le conteneur du rez-de-chaussée loge les pièces suivantes: la cuisine, avec ses électroménagers et ses armoires, une salle de bains complète, un escalier et un vestibule contenant l'entrée électrique.

Un deuxième conteneur, à être déposé sur le premier, a reçu deux autres salles de bain, deux placards de type walk-in, un second escalier et la salle de lavage.

Le troisième conteneur, correspondant au troisième niveau et donnant accès à la terrasse, a été doté de l'échangeur d'air, du réservoir à eau chaude et du bassin échangeur de chaleur. Ce dernier a pour fonction de récupérer et de gérer l'énergie captée par les modules solaires thermiques.

Le jour du grand déménagement des conteneurs, un quatrième module transportait les murs préfabriqués. Une fois vidé de son contenu, il a été isolé et enfoui sous terre, comme réservoir d'eau, en dessous de la véranda et des galeries. Ce bassin d'eau sert d'accumulateur thermique pour les surplus de chaleur solaire.

Chantier simplifié

La préfabrication avancée en usine simplifie les étapes de chantier. Pour la maison hybride, on a d'abord coulé les murs de fondation dans des coffrages isolants. Une fois les panneaux isolants intérieurs enlevés, ce béton constitue une imposante masse thermique.

Deux semaines après le coulage du béton, en moins d'une journée, les trois conteneurs ont été empilés l'un sur l'autre à la grue, et le quatrième placé dans le sol excavé. Au cours des jours suivants, le plombier, l'électricien et le mécanicien en ventilation ont raccordé les différents circuits d'un conteneur à l'autre.

Une seconde journée de grue a permis d'assembler les grands panneaux préfabriqués des murs, ainsi que la toiture.

Les murs d'acier des conteneurs ont été isolés par l'extérieur avec les panneaux de bois préfabriqués, isolés à la cellulose. Une innovation «St-Jean»: on a laissé un espace entre cette deuxième coquille et le mur-conteneur. L'air tempéré peut ainsi remonter du sous-sol et réchauffer la cellulose, une autre masse thermique.

Du côté sud, les murs des conteneurs un et deux ont été percés d'ouvertures et renforcés pour ouvrir sur les grands espaces fenestrés: le séjour et le bureau au rez-de-chaussée, ainsi que trois chambres à coucher au premier étage. Les conteneurs renforcés font office de poutres centrales dans la maison, supportant les planchers des étages et la toiture-terrasse.

Chauffage

Une petite fournaise électrique a suffi, l'hiver dernier, à chauffer les planchers radiants. En consultant sa facture d'électricité pour la période du 15 janvier au 15 mars, M. St-Jean a calculé que la maison a consommé 12 kilowattheures par jour pour le chauffage uniquement, soit moins de 7$ par jour, pour 4000 pieds carrés. On verra l'hiver prochain jusqu'à quel point les équipements solaires prendront la relève. «Est-ce qu'on va être autonomes jusqu'en janvier ou jusqu'à Pâques? s'interroge-t-il. Mais déjà, juste avec l'électricité, cette maison ne coûte pas cher à chauffer.»

Denis St-Jean est entouré d'une équipe multidisciplinaire en grande partie familiale: ses quatre enfants sont respectivement ingénieur en mécanique, ingénieur en électricité, designer (son unique fille) et spécialisé en commerce. Il s'est également adjoint les services de Tatiana Botnaru, une technicienne en architecture qui a contribué au dessin de la maison.

L'objectif de l'équipe est de livrer des maisons à environ 150$ le pied carré, comme prix de base. «Si un client arrive avec ses propres plans, nous pouvons les réaliser d'une façon très écologique, à un coût compétitif», conclut M. St-Jean.

www.stjeanetfils.com

Photo Valérian Mazataud, collaboration spéciale

Paz, dame de la maison, cultive un jardin en bacs, disposés en deux grands carrés sur la terrasse, qui fait 40 pieds sur 20.