Les finis naturels, peintures et enduits à base de chaux ou d'argile, sont populaires en Europe, où ils ont pris un nouvel essor depuis 20 ans. Au Québec, on doit à Sylvie Plaire d'avoir ressuscité ces techniques, malgré une certaine barrière culturelle dûe au fait «qu'on construit ici plus vite qu'en France».

Depuis huit ans, Mme Plaire prend en charge des projets de finition écologique, en assiste d'autres et forme des artisans. D'abord infirmière, puis massothérapeute, passionnée de décoration, cette fille de maçon originaire de La Rochelle est tout naturellement devenue artisane en construisant son ancienne maison. Les murs de cette résidence, près de Magog, témoignent de sa créativité avec les finis écologiques, qui font des intérieurs «sains et chaleureux».

«Avec des murs et des plafonds finis à la chaux, affirme-t-elle, les conditions d'humidité s'améliorent beaucoup dans une habitation. L'enduit de chaux capte l'excès d'humidité dans l'air et le rediffuse par la suite. L'effet est remarquable dans une salle de bains, même par-dessus un mur de gypse étanche. C'en est fini de l'eau qui dégouline sur les murs et des odeurs de moisissure.»

La chaux, faite de pierre calcaire concassée, chauffée à 900 degrés C puis neutralisée avec de la vapeur d'eau, ne contient aucun COV (composé organique volatil nocif) ni allergène. Elle est antistatique, antifongique et ignifuge. Additionné de chanvre, l'enduit de chaux améliore l'acoustique. «Et les enduits naturels, ça sent bon!, ajoute Sylvie Plaire. Si on les vaporise d'une eau de linge, ils en dégagent lentement l'odeur, comme un diffuseur d'huile essentielle.»

L'enduit à la chaux, qui peut être constitué de 2 à 25 millimètres de matière sur les murs, représente également une masse thermique non négligeable, source de fraîcheur en été.

Un art délicat

Pour tenir sur un mur de gypse, l'enduit de chaux a besoin d'une «accroche mécanique», créée par un mélange de ciment-colle, de chaux et de sable. On laisse cet apprêt sécher 24 heures avant d'appliquer une première couche de nivelage avec l'enduit à la chaux proprement dit. Ce dernier, suivant l'effet désiré, peut contenir du sable, du lin, du chanvre, de la paille, des coquillages, du mica... sans oublier les pigments de couleur. Après un léger séchage, on applique la couche finale. «Et là, on surveille!, dit Sylvie Plaire. Quand l'enduit devient moins luisant, on peut le retravailler avec une variété de truelles en acier inoxydable, le tasser, le lisser, lui donner son aspect moiré final.» Dans les huit heures suivantes, on lave au savon noir. Ce dernier produit une réaction chimique, la carbonatation, qui rend le matériau hydrofuge tout en le laissant perméable à la vapeur d'eau.

«Les personnes qui font appel à moi aiment tellement l'enduit de chaux qu'elles sont prêtes à y mettre un peu plus de temps et d'efforts que pour la peinture, rapporte Mme Plaire, dont le tarif horaire est de 45$. Un exemple de coût: 1500$ pour une pièce, davantage s'il y a des défis techniques.»

Ça demande quelques années avant de bien connaître la chaux, souligne l'artisane, qui, une fois tous les deux ans, va se ressourcer en Europe, «pour apprendre l'art de la fresque, s'engager sur des chantiers participatifs, ou autre».

Mme Plaire envisage d'ouvrir un commerce en finis naturels, à Sherbrooke.

www.sylvie-plaire.ca