Manon Gélinas et Claude Dagenais ont vécu à fond le fantasme de la «grande-maison-à-la-campagne» avant d'en construire une trois fois plus petite... sur un terrain deux fois moins grand.

Cet appel de la nature s'est produit après la vente de leur entreprise et de leur condo de Montréal, en 2000. Le couple désirait un environnement plus sain et avait un vif besoin de tranquillité. «En ville, notre chambre donnait sur une rue bruyante et j'ai le sommeil fragile», confie Manon Gélinas, 48 ans.

Ils acquièrent alors un terrain de 13 acres, à Sutton, et commencent les travaux de construction de leur demeure de 3800 pi2 (353 m2), en 2002. Inspirée de la maison de ferme, elle comportait un sous-sol aménagé, un grenier, deux bureaux, quatre salles de bains, trois grandes chambres. Sans oublier un garage, un (vrai) poulailler et deux immenses potagers. Bref, une vaste propriété idéale pour les rencontres et les partys!

Toutefois...

«Il me fallait huit heures pour tondre la pelouse avec un gros tracteur et un coupe-bordure», se souvient Claude Dagenais, photographe.

«Avec le temps, les amis et la famille ont espacé les visites», observe Manon, productrice et cofondatrice de l'agence Two Humans.

Le couple de travailleurs autonomes et sans enfant ressent alors le fardeau des travaux d'entretien. «Nous n'embauchions pas de personnel et nous sommes du genre minutieux», précise Claude, 46 ans.

«Le tiers de l'habitation était inutilisé, estime Manon. Outre les frais liés à l'entretien, il fallait investir dans la décoration des pièces», ajoute-t-elle.

Autre observation du couple: les grandes fenêtres de la demeure aux larges balcons leur donnaient l'étrange sensation d'être épiés par les curieux.

Simplicité volontaire

Au printemps 2009, Claude et Manon vendent leur maison et se promettent d'en construire une autre, dans les environs, qui sera plus petite et mieux organisée selon leurs besoins.

«On voulait réduire la sufarce habitable tout en restant à la campagne et, surtout, jouir des lieux sans être esclaves de l'entretien», soulignent-ils.

Même raisonnement pour leur nouveau terrain, qui se trouve à 8 km de l'ancien. Plus petit (5 acres), il est rocailleux et n'exige qu'un entretien minimal. Mieux: son aménagement paysager s'adapte aux lieux. Parmi les solutions privilégiées, il y a la création d'un stationnement extérieur «naturel».

Stationnement gazonné

«À la place de l'asphalte, nous avons opté pour une grille alvéolaire en PVC dans laquelle on a inséré de la terre et ensemencé un gazon résistant au piétinement», explique l'architecte paysagiste Micheline Clouard, de Vlan paysages. Autre idée: «On a poursuivi le sous-bois grâce à la mise en place d'un tapis (formé de végétaux bas) qui incitera la végétation de la forêt à s'installer sur les lieux. C'est une technique évolutive de renaturalisation qui exclut la tondeuse», précise la spécialiste.

Small is beautiful

Pour la conception de la propriété, le couple fait appel à l'architecte Pierre Thibault. Leur nouvelle maison (dite Écho) fait environ 1250pi2 (116m2), excluant le sous-sol technique, qui contient une salle mécanique et une buanderie.

«L'un des avantages de la composition de cette habitation est la présence de deux volumes distincts possédant chacun sa personnalité. Le rez-de-chaussée et l'étage transportent les occupants dans deux univers différents, explique l'architecte. Aussi, le fait d'avoir deux volumes désaxés (en porte-à-faux) donne une sensation d'ampleur, car depuis l'intérieur, il est possible de voir l'autre portion du bâtiment qui devient terrasse.»

«On s'y sent aussi beaucoup mieux, car les fenêtres, côté rue, orientées au nord, sont étroites. Notre intimité est ainsi préservée», enchaîne Manon.

À l'inverse, à l'étage, là où se trouvent les pièces de vie, la façade exposée au sud est largement fenêtrée. Véritable poste d'observation sur la nature, l'endroit émeut les occupants. «Chaque jour, je me dis, ouf! Que c'est beau. J'ai l'impression de vivre à l'extérieur au rythme des saisons et, surtout, je ne me sens jamais à l'étroit», dit-elle.

Quant à la diminution de la taille de leur habitat, les propriétaires n'y voient que des avantages. Moins de ménage, moins d'objets... «Plus tu as de l'espace, plus tu accumules», résument-ils.