Régine et Marc-André prospectaient leur quartier en patins à roues alignées lorsqu'ils ont remarqué leur maison, dans l'arrondissement de Lachine, face au fleuve majestueux, cette même maison qui vient de recevoir un prix de l'Opération patrimoine architectural de Montréal 2010 pour ses travaux de restauration judicieux. «Nous voyions de temps en temps un couple âgé par la fenêtre, relate Régine. Nous avons décidé de leur écrire une belle lettre, disant notre intérêt pour leur habitation et notre projet d'avoir des enfants.»

Quelques semaines plus tard, le propriétaire les appelle. «M. Allard occupait sa demeure depuis 63 ans, raconte celle qui est maintenant l'heureuse maman de Florence, 2 ans et trois quarts, et de Louis, 1 an. «Âgé de 95 ans, il voulait la vendre à des gens qui en prendraient soin.»

Construite en 1923, la maison sert d'abord de résidence secondaire à un couple de Westmount, qui a tôt fait de fermer le balcon pour en faire une véranda. Au début des années 40, M. Allard installe de vrais murs, transformant la véranda en pièce à vivre.

Mais il faut croire que ce balcon voulait revivre! Régine et Marc-André, devenus propriétaires à l'automne 2006, décident de le restaurer et d'agrandir la maison autrement, un projet qui plaît immédiatement à leur architecte, Nicolas Blais.

Rehausser le toit

La lucarne de la façade donnait sur un petit grenier, où M. Allard avait aménagé deux chambres. Un plafond très pentu empêchait tout usage du reste de la surface. Le toit a été rehaussé et l'étage complété avec une salle de bains pour les enfants, des placards et une chambre principale dotée d'une grande salle de bains. Toutes les pièces du haut sont mansardées et garnies de lucarnes. «La géométrie du toit n'était pas évidente! indique Nicolas Blais. Car on ne voulait pas augmenter la hauteur de la maison. Et pour conserver le toit en bardeaux, il fallait maintenir une pente minimale.»

M. Blais s'est ingénié à donner «plus de fluidité» à l'enfilade des pièces au rez-de-chaussée. «La nouvelle entrée latérale, notamment, était très importante à cause du stationnement à l'arrière.»

Une poutre d'acier a été ajoutée d'est en ouest au milieu de la maison. À l'arrière, à l'angle nord-ouest, la salle de jeu adjacente à la cuisine est entièrement nouvelle. Le balcon de côté est a été prolongé, les fenêtres agrandies, l'isolation refaite, de même que l'électricité, la plomberie et, tandis qu'on y était, un nouveau câblage pour les haut-parleurs.

Humidification de qualité

Les vieux calorifères à eau chaude ont été remplacés par un système à air pulsé couplé à une thermopompe géothermique (enterrée sous le patio). Marc-André, ingénieur en mécanique du bâtiment (www.baulne.com), a ajouté une humidification de haute qualité: «Vapeur à haute pression injectée dans l'air pulsé, comme dans les installations commerciales», explique-t-il. Le gaz naturel chauffe l'eau et alimente la cuisinière ainsi que le barbecue, lequel se passe de bonbonne.

«Certains auraient donné un traitement plus moderne, un bloc avec un toit plat, dit Nicolas Blais. Nous avons préféré des rénovations discrètes, cohérentes avec le style de la maison, avec une actualisation en matière de superficie et de confort.»

Ces travaux majeurs ont coûté «autant sinon plus» que l'achat de la propriété elle-même, résume Marc-André, qui estime cependant avoir investi à hauteur de la valeur marchande actuelle de la maison.