Le Brésilien Oscar Niemeyer a révolutionné l'architecture moderne dont la futuriste Brasilia est devenue le symbole et, à 102 ans, veut continuer à «surprendre».

«Ce n'est pas l'angle qui m'attire. Ni la ligne droite, dure, inflexible. Ce qui m'attire, c'est la courbe sensuelle que l'on trouve dans le corps de la femme», aime à dire l'architecte de la nouvelle capitale brésilienne inaugurée il y a cinquante ans, le 21 avril 1960.

C'est en 1940 que Niemeyer fit la connaissance du futur président Juscelino Kubitschek, qui lui donna la «joie», selon lui, de construire Brasilia.

«On voulait faire une architecture différente, qui crée la surprise, qui suscite un plus grand intérêt. On voulait faire des immeubles qui créent une certaine stupeur parce qu'ils étaient différents», a déclaré ce pionnier de l'utilisation du béton à l'AFP.

Grâce à ses bâtiments phares de Brasilia, une ville conçue par l'urbaniste Lucio Costa, il a remporté d'innombrables prix dont le Pritzker (le Nobel d'architecture) en 1988.

Photo: AP

Le musée d'art contemporain de Niteroi, au Brésil, a été imaginé par Oscar Niemeyer

Avec plus de 600 oeuvres à son palmarès et de nombreux projets en cours au Brésil et à l'étranger, ce petit homme frêle au regard vif affirme encore que ce qu'il aimerait «le plus réaliser maintenant est sans doute le stade de football qu'(il a) dessiné très récemment et qui a une forme assez surprenante».Reconnu comme l'un des grands rénovateurs de l'architecture du XXe siècle, et surnommé «l'architecte de la sensualité», il est aussi un ardent militant communiste dans un pays marqué par les inégalités sociales.

«Avoir 102 ans est une merde et il n'y a rien à commémorer», sauf le fait que le Brésil est devenu plus «égalitaire depuis l'arrivée au pouvoir d'un ancien ouvrier», le président Luiz Inacio Lula da Silva, a déclaré Niemeyer le jour de son anniversaire.

Il a dit également à la presse brésilienne «ne pas craindre la mort» et que, en dépit de toutes les campagnes anti-tabac, il ne pensait pas arrêter de fumer. «Mes petits cigares sont une vieille habitude que je cultive avec plaisir».

Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares, né le 15 décembre 1907 à Rio, a fait la rencontre décisive du Français Le Corbusier en 1936, à Rio. Son premier grand travail sera le «Complexe de la Pampulha» (à Belo Horizonte) achevé en 1943 et «l'un de ses préférés».

Phtoo: Archives AP

La cathédrale de Brasilia, par Oscar Niemeyer

L'architecte brésilien a participé notamment à la conception du siège des Nations Unies (1952), à New York, et a dessiné le Musée d'art contemporain de Niteroi (1996), près de Rio, célèbre pour sa forme de soucoupe volante.La France, qui l'a accueilli pendant ses années d'exil alors qu'il fuyait la dictature, compte près d'une vingtaine d'oeuvres, dont le siège du Parti communiste à Paris (1965) et la Maison de la Culture du Havre (1972).

Tous les jours Niemeyer continue à travailler avec son équipe dans son atelier aux grandes baies vitrées, situé face à la plage de Copacabana.

«J'ai le même intérêt pour la vie que lorsque j'étais jeune. Ma recette, ne pas accepter la vieillesse, penser qu'on a 40 ans et agir comme si», avait-il dit à la veille des ses 100 ans aux côtés de sa nouvelle épouse de 38 ans sa cadette. Sa première union avec Annita Bildo dont il a eu une fille avait duré soixante-seize ans.

Photo: Archives AP

Le palace Itamaraty, à Brasilia, par Oscar Niemeyer